Publié le 02.05.2018

Point d'étape sur Parcoursup : discours de Frédérique Vidal

Frédérique Vidal s'est exprimée, vendredi 13 avril, à l'occasion d'un déplacement à l'université de Cergy-Pontoise. La ministre est revenue sur l'avancement du Plan Etudiants et sur la mise en œuvre de la nouvelle procédure d'accès à l'enseignement supérieur.

Déplacement de Frédérique Vidal à l'université de Cergy-Pontoise

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI 



Mesdames et Messieurs, 

Il y a quelques jours maintenant, les 810 000 jeunes inscrits sur Parcoursup achevaient de confirmer leurs vœux sur la plateforme. C'était donc le bon moment pour faire avec vous un point d'étape sur l'avancement du Plan Etudiants et de la mise en œuvre de la nouvelle procédure d'accès à l'enseignement supérieur. 

Ce point d'étape, j'ai tenu à le faire ici, à Cergy, dans une université qui a fait de l'innovation pédagogique et de l'accompagnement des étudiants le cœur même de son projet et de son identité. Elle l'a fait depuis longtemps déjà. Ce n'est pas la seule, et nombreuses sont les universités qui se sont saisies à bras le corps de leur mission d'accueil, de formation et d'accompagnement de la jeunesse dans toute sa diversité. 

Les enseignants-chercheurs et l'ensemble des personnels des établissements n'ont pas attendu le Plan Etudiants pour innover chaque jour sur le plan pédagogique. Et tant mieux, car comme professeur et comme ancienne présidente d'université, je suis bien placée pour savoir que les démarches imposées d'en haut ne rencontrent que rarement le succès. 

L'ambition du Plan Etudiants, ce n'est pas de dire aux enseignants-chercheurs et aux personnels ce qu'ils doivent faire. Ils le savent parfaitement et c'est pour cela qu'ils ont bien souvent choisi cette carrière-là, avec tout ce qu'elle implique de grandeurs et parfois de servitudes. L'ambition du Plan Etudiants, c'est de donner un cadre à ces initiatives, c'est de leur permettre de s'épanouir et de changer de dimension. 

Avec à l'horizon un seul objectif : accueillir et faire réussir l'ensemble des étudiants qui entrent dans notre enseignement supérieur. Chacun de nous le sait, la massification s'est faite à l'université, mais la démocratisation n'est pas encore achevée, loin s'en faut. De nouveaux étudiants sont arrivés dans nos amphithéâtres et nos salles de T.D.. Ils n'ont plus même le profil. Ils ne viennent pas tous du même milieu. Ils n'ont pas tous les mêmes parcours. C'est un fait. 

Face à ce constat, plusieurs choix étaient possibles. Celui de ne rien changer, tout d'abord. Mais comment l'imaginer, quand 40% des étudiants seulement obtiennent leur Licence en 3 ou en 4 ans ? A mes yeux, ce n'était pas envisageable, pour une raison très simple : si ce n'est pas nous, les enseignants-chercheurs et les enseignants, qui allons vers les étudiants pour leur proposer de nouvelles manières d'étudier et de réussir, alors il se passera ce qui se passe toujours. Ce sont les étudiants capables de se couler dans le moule qui réussiront. Et les autres devront se débrouiller, en se réorientant au fil de l'eau. La conséquence, nous la connaissons : ce sont toujours les étudiants issus des milieux les moins favorisés qui, à la fin, ne pourront pas se payer le luxe d'une série de réorientations. 

En ouvrant la concertation sur la réforme du premier cycle, en juillet dernier, je le disais à l'ensemble des partenaires sociaux rassemblés autour d'une même table : le défi que nous devons relever, ce n'est pas seulement de supprimer le tirage au sort, c'est aussi et surtout d'accueillir et de faire réussir les étudiants qui, aujourd'hui, sont les victimes du système. Et je pense notamment aux bacheliers professionnels et technologiques, qui accèdent à l'université, souvent par défaut, et qui n'y bénéficient bien souvent pas de l'accompagnement dont nombre d'entre eux ont besoin. 

Mon ambition, ce n'est pas seulement d'ouvrir les portes de l'université à tous les bacheliers, quelle que soit leur origine, quelle que soit leur filière ou leur lieu de résidence. C'est d'aller plus loin et de permettre à ces bacheliers de réussir. Sur un sujet aussi important, on ne peut pas se contenter de mots : les portes de l'université doivent être largement ouvertes. Mais si nous accueillons tous les bacheliers, alors nous devons nous donner les moyens de faire réussir tous les bacheliers. La sélection par l'échec, avec des amphithéâtres qui se vident en l'espace de quelques mois, je ne l'accepte pas. Elle nous use tous : elle use les étudiants, qui comprennent vite que telle ou telle formation n'est pas faite et que l'institution ne s'est pas organisée pour les accueillir. Elle use les enseignants-chercheurs et les enseignants, qui donnent le meilleur d'eux-mêmes pour accompagner ces étudiants, mais qui se heurtent aux limites d'un système qui fait cela avec les moyens du bord, en marge du système. 

Au cours des derniers mois, j'ai vu et entendu circuler bien des informations. Certains critiquent la réforme en cours parce qu'elle empêcherait d'accéder à l'université des bacheliers qui n'auraient pas, aux yeux de certains, le profil pour entrer en Licence. Et j'ai vu ici et là fleurir les récits de bacheliers qui n'étaient pas "scolaires", pour ainsi dire, durant leurs années de lycée et qui se sont révélés à l'université.

A tous ceux qui craignent sincèrement de voir disparaître cette possibilité de se révéler, d'aller plus loin, de faire ce que l'on n'était pas programmé pour faire, je veux dire une chose : mon objectif, c'est de faire en sorte que ces parcours ne soient plus exceptionnels, qu'ils puissent devenir normaux et que nous donnions la chance, à chacun de nos jeunes, d'inverser le cours des choses, de sortir des chemins tout tracés et de construire son avenir sans se le faire dicter par quiconque. 

Et c'est pour cela, Mesdames et Messieurs, que je n'ai jamais imaginé m'engager sur la voie de la sélection. Cela aurait été une absurdité, un non-sens. L'université ne peut pas, ne doit pas être refermée sur elle-même. Elle ne peut pas être un privilège ouvert à une classe, à une catégorie sociale ou à ceux dont le profil correspond aux attentes habituelles. 

Avec le Plan Etudiants, nous avons cherché à sortir du face à face stérile entre le statu quo absolu et son cortège d'inégalités d'une part et le fantasme de la sélection, c'est-à-dire du repli sur soi et de la reproduction sociale.

Le Plan Etudiants, ce n'est pas une réforme idéologique, c'est une transformation pédagogique. Je laisse le débat idéologique à d'autres – ceux-là même qui aujourd'hui essaient d'introduire la violence dans nos campus.

Face à l'échec en Licence, face aux inégalités sociales qui existent encore dans l'accès et la réussite dans l'enseignement supérieur, la seule, la vraie réponse ne peut qu'être pédagogique, comme toujours.

Le Plan Etudiants, je veux le redire, a été construit dans la concertation. Il a été construit par des enseignants-chercheurs, des enseignants et des chercheurs. Il a été construit dans la discussion permanente avec la principale organisation étudiante. Il est soutenu par des organisations syndicales représentant les personnels. C'est pour cela qu'il a reçu l'avis favorable du CNESER, ce qui, vous le savez, n'est pas un fait courant pour une réforme aussi profonde. 

Et c'est aussi pour cela que les personnels, aujourd'hui, s'en saisissent effectivement pour mieux accueillir les étudiants, comme ici, à Cergy. Et c'est pour cette raison que j'ai souhaité aujourd'hui prendre un moment avec vous pour faire le bilan de cette première étape de Parcoursup. Parce que cette réforme, c'est à l'épreuve des faits qu'elle devra être jugée. 

Quels sont les faits ? Certains affirmaient que la plateforme ne serait pas prête dans les temps et qu'elle ne fonctionnerait pas. Eh bien, les faits, c'est que la plateforme a ouvert en temps et en heure, qu'elle a accueilli des centaines de milliers de futurs étudiants, sans rencontrer aucun problème technique significatif. 

Et si j'en crois les bacheliers et leurs familles que j'ai rencontrés au cours des derniers mois ou que j'ai entendus dans les médias, il y a une vraie satisfaction vis-à-vis de la plateforme elle-même, de son ergonomie et des informations nouvelles qui y sont disponibles. Bien sûr, tout n'est pas parfait, nous allons continuer à travailler et organiser un vrai retour d'expérience pour l'année prochaine. 

Mais à l'épreuve des faits, chacun a pu voir le progrès réel que constitue une plateforme qui n'est pas seulement destinée à l'inscription, mais qui rassemble toutes les informations dont nos jeunes ont besoin pour réfléchir à leur avenir, mûrir leurs projets et se renseigner sur la réalité des formations avant de faire leur choix. 

Ils ont pu d'autant plus facilement le faire que, dans les lycées, les enseignants et les personnels spécialisés se sont mobilisés pour les accompagner. Là aussi, beaucoup de choses ont été dites. La réalité, c'est que nos professeurs, avec la conscience professionnelle qui est la leur, se sont saisis pleinement de cette mission et ont été aux côtés de leurs élèves. Le deuxième professeur principal mis en place par Jean-Michel Blanquer a produit ses effets, les deux semaines de l'orientation ont permis de mettre en place de nouveaux temps forts. Alors bien sûr, là aussi, il y aura sans doute des améliorations à apporter, des réglages à faire, mais l'essentiel est là : les lycéens ont été accompagnés, par leurs familles bien sûr, mais également par un corps enseignant qui s'est largement mobilisé. 

De même, la mise en place des fiches Avenir s'est faite. L'exercice était nouveau, il a pu générer des interrogations, parfois des inquiétudes, même s'il s'appuyait sur les pratiques, installées depuis longtemps, dans certaines formations.  Ce que l'on constate aujourd'hui, lorsque l'on regarde les statistiques disponibles, c'est que les conseils de classe ont eu à cœur de faire ce travail avec beaucoup de sérieux et de rigueur. Les avis sont complets et la gradation a été utilisée à plein. 

Les professeurs – mais qui pouvait en douter ? – ont pris très au sérieux cette tâche, afin de partager leur analyse avec leurs collègues du supérieur. Et ceux-ci, en retour, sont nombreux à dire que la fiche Avenir constitue à leurs yeux l'un des éléments centraux pour réaliser l'analyse pédagogique des vœux.

Si j'insiste sur ces différents éléments de constat, c'est que le calendrier de la réforme est exigeant. Je sais que beaucoup est ainsi demandé aux enseignants du secondaire comme à leurs collègues du supérieur. Je veux le redire ce matin : ce calendrier, nous ne l'avons pas choisi. Il est le fruit des décisions du Conseil d'Etat et de la CNIL et sauf à maintenir en l'état une procédure A.P.B. devenue totalement illégale, il nous fallait collectivement changer profondément le système en l'espace d'une année. 

Je le sais, nous demandons beaucoup aux enseignants-chercheurs et aux enseignants. Et en retour, ils ont beaucoup donné, dans l'intérêt de leurs élèves. Je veux ce matin prendre un moment pour les en remercier et exprimer toute ma reconnaissance. Eux aussi ne le font pas par choix idéologique. Ils le font dans l'intérêt de leurs élèves, parce que c'est leur mission. Cela est vrai dans le secondaire comme dans le supérieur. Là aussi, en l'espace de quelques mois, les équipes pédagogiques se sont saisies du sujet. Tout n'est pas simple, certaines démarches sont nouvelles – je pense par exemple à la construction des attendus, à l'échelle nationale comme dans leur déclinaison formation par formation, partout sur le territoire. Là aussi, un travail considérable a été réalisé en peu de temps. Et j'organiserai, le moment venu, avec l'ensemble des acteurs, le retour d'expérience nécessaire qui nous permettra d'améliorer encore les choses. 

Une transformation aussi profonde qu'une réforme de l'accès à l'enseignement supérieur demande du temps. Tout ne sera pas réglé ou achevé dès la première année. Mais l'objectif, qui est partagé, je le vois tous les jours, avec l'immense majorité de la communauté universitaire, c'est d'avoir vraiment amélioré la situation des nouveaux étudiants dans l'enseignement supérieur à la rentrée prochaine.

Car c'est pour eux que nous travaillons. Ils viennent de saisir et de confirmer leurs vœux sur Parcoursup. Combien sont-ils et qui sont-ils ? 

Première information : ils sont 810 000 à s'être inscrits sur Parcoursup cette année et à y avoir confirmé leurs vœux. C'est un peu plus que l'année dernière. L'envie d'enseignement supérieur est une évidence et elle se confirme avec Parcoursup. 

C'est vrai pour les bacheliers issus de chacune des voies existant dans l'enseignement secondaire, qu'il s'agisse des bacheliers généraux, technologiques ou professionnels. Il n'y a donc pas eu d'effet d'autocensure, au contraire. 

Deuxième information : les candidats ont largement exprimé leurs vœux, avec 7,7 vœux en moyenne pour chacun d'eux. C'est le signe d'un système qui a bien fonctionné, puisque les candidats ont à la fois diversifié leurs vœux et n'ont bien souvent pas choisi d'utiliser les 10 vœux qui leur étaient proposés. 

Ces vœux nous permettent d'avoir, pour la première fois, une image fidèle des souhaits des lycéens. Vous le savez, avec Parcoursup, nous avons souhaité mettre un terme aux différentes contraintes qui pesaient sur les choix des futurs étudiants : il n'y a plus de pastilles vertes, il n'y a plus de "règle des six vœux" en Ile-de-France et il n'y a plus de hiérarchisation des vœux, ce qui forçait les candidats à arrêter leur choix très tôt dans l'année. 

Beaucoup de lycéens et de familles le disent, cette liberté retrouvée est une vraie chance : c'est un vrai outil contre l'autocensure. Avec A.P.B., il fallait être très sûr de soi, par exemple, pour faire un vœu dans une filière sélective et la placer en vœu 1. Le résultat mécanique, c'était que les candidats faisaient les vœux qu'ils s'imaginaient pouvoir obtenir. Parcoursup permet d'oser – d'oser mettre un vœu pour voir, d'oser candidater dans une formation que, pour tout un ensemble de raison, un lycéen n'est pas prêt à assumer en mars ou en avril, mais dont il a vraiment envie. 

Ces vœux, ils nous donnent donc une image fidèle des souhaits des candidats. Que nous montrent-ils ? D'abord, ils confirment l'attractivité des filières sélectives, qui représentent 68% des vœux. Nous le savons, les C.P.G.E., mais aussi les filières technologiques sont et restent très demandées par les futurs étudiants. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement s'est engagé à développer l'offre de formation en B.T.S. et D.U.T.

Ce constat, il faut néanmoins le nuancer : si les filières non-sélectives représentent 32 % des vœux en 2018, c'est, je le disais à l'instant, que nous avons supprimé l'obligation de candidater dans au moins une filière non sélective – ces fameuses pastilles vertes qui ont laissé de très mauvais souvenirs aux bacheliers et à leurs familles. Cela veut donc dire, mécaniquement, que de nombreux vœux faits en Licence l'année dernière ne correspondaient, en réalité, à aucun projet ou à aucune envie. Ces "vœux contraints" disparaissent avec Parcoursup. Et c'est une excellente chose. 

J'en viens maintenant aux Licences les plus demandées. Là aussi, il y a des constantes et des évolutions. 

La constante, c'est l'attractivité des formations en droit, psychologie, S.T.A.P.S. et PACES. En psychologie et en PACES, le nombre de candidats progresse légèrement – de l'ordre de 2%. En S.T.A.P.S., la hausse se poursuit, avec un nombre de candidats en hausse de 17%. En droit, enfin, le nombre de candidats est en nette décroissance – de l'ordre de 18%. Cela s'explique sans doute par le statut particulier des études juridiques et l'on peut faire l'hypothèse qu'il s'agissait là de la filière universitaire que les candidats choisissaient lorsqu'on leur demandait d'en choisir au moins une.

Un mot pour souligner, car c'est indispensable, que le passage d'A.P.B. à Parcoursup rend difficile toute forme de comparaison entre 2017 et 2018. Elles ne peuvent être faites que de manière très macroscopique et avec beaucoup de prudence : la disparition de la hiérarchisation des vœux et des différentes contraintes déjà évoquées ne permet plus de rapprocher les données, puisque le vœu 1 absolu, qui servait de référence générale au système, est une notion caduque. 

De même, la notion de tension a profondément changé de sens. Avec A.P.B., la tension se constatait sur la base des vœux et n'évoluait pas. Cette notion n'a plus de sens avec Parcoursup, puisque le décalage entre le nombre de candidats et de places ne se constate qu'en fin de procédure, une fois toutes les places pourvues. Il n'est même pas possible de la chiffrer à l'heure actuelle : au 22 mai, en effet, ce qui compte, ce n'est pas le décalage entre le nombre de candidats et le nombre de places, mais l'éventuel décalage entre la capacité d'appel et le nombre de candidats. 

Vous le savez, les équipes pédagogiques sont aujourd'hui au travail pour définir leurs capacités d'appel, afin de tenir compte du fait que l'ensemble des candidats appelés ne confirmeront pas nécessairement cette proposition. Quoi qu'il en soit, ce que nous voyons aujourd'hui, c'est que les données disponibles sur les vœux confirment le choix que nous avons fait de concentrer les 13 millions d'euros dégagés pour la création de places sur les filières les plus attractives en 2017. Vous le savez, ce sont 19 000 places en plus qui ont ainsi été d'ores et déjà financées : c'est considérable et cela traduit, là aussi, l'engagement des universités dans la transformation de notre enseignement supérieur. 

Car cette réforme, je l'ai dit, elle a un sens très clair : c'est une réforme d'ouverture, une réforme destinée à augmenter le nombre d'étudiants accueillis dans l'enseignement supérieur et le nombre de diplômés. Loin de la rétraction dont rêvent certains, c'est une réforme d'expansion, qui ouvre plus largement encore les portes de l'enseignement supérieur, dans toute sa diversité. 

Je pense notamment aux B.T.S. et aux D.U.T., dont l'attractivité ne se dément pas, loin s'en faut. Les vœux et les candidats y sont en très forte croissance : on dénombre ainsi près de 26% de candidats en plus à l'entrée en I.U.T. et 15,5% en BTS. C'est vrai pour l'ensemble des bacheliers. 

Et c'est pourquoi je tiens à rappeler la conviction qui est celle du Gouvernement : nous devons faciliter la poursuite d'études en I.U.T. et en B.T.S. des bacheliers à destination desquels ces formations avaient été initialement conçues, les bacheliers technologiques et les bacheliers professionnels. 

Vous le savez, ils représentaient l'année dernière l'immense majorité des candidats sans proposition – et un certain nombre d'entre eux finissent par s'inscrire à l'université faute d'avoir obtenu une place en B.T.S. ou en D.U.T.. Ces choix par défaut sont synonymes d'échec. Nous voulons que les bacheliers technologiques et professionnels puissent rejoindre une Licence s'ils le souhaitent ; mais nous voulons aussi qu'ils puissent s'inscrire en B.T.S. ou en D.U.T. lorsque c'est leur projet. 

C'est la raison pour laquelle, dans les prochaines semaines, je serai amenée à fixer, avec les recteurs et dans le dialogue avec les présidents et les directeurs d'établissement, les pourcentages minimaux de bacheliers technologiques accueillis en D.U.T. et de bacheliers professionnels accueillis en B.T.S.. 

Nous aurons l'occasion d'y revenir ensemble dans les prochaines semaines, mais je veux y insister : ces pourcentages minimaux devront être ambitieux. Ils existent depuis plusieurs années, ils ont produit des effets à la marge, mais ils n'ont jamais été mis en œuvre de manière organisée et systématique. 

Avec la loi "ORE" et avec Parcoursup, cela ne sera plus le cas : ce nouvel outil nous permettra de garantir à une large partie des bacheliers technologiques et professionnels une poursuite d'études, s'ils le souhaitent, dans ces filières. Nous le ferons bien sûr dans le respect du nécessaire équilibre pédagogique de la constitution des classes et des formations, mais nous le ferons avec exigence et volontarisme. C'est une des clefs si nous voulons favoriser l'accession du plus grand nombre à un diplôme d'enseignement supérieur. 

Et c'est dans le même esprit que sera mis en œuvre le pourcentage minimal de boursiers – y compris dans les formations sélectives. Là aussi, c'est une véritable avancée dans le sens de l'ouverture sociale de l'ensemble de nos formations. Nous nous appuierons, dans le dialogue, sur les candidatures qui ont été formulées afin de fixer un pourcentage qui garantisse une ouverture sociale effective. Nous sommes actuellement au travail sur ces sujets, afin de donner toute sa portée sociale à la réforme. 

Car il s'agit bien d'une réforme sociale : la création de 19 000 places, le pourcentage de places réservées aux boursiers, mais aussi les parcours personnalisés proposés avec les "OUI SI" en témoignent. A toutes les étapes, nous serons aux côtés des étudiants – et notamment des plus fragiles ou de ceux qui sont issus des milieux les moins favorisés. 

Nous devons en effet tenir deux engagements en même temps : nous réaffirmons le droit pour tout bachelier d'accéder à l'enseignement supérieur. La loi est très claire sur ce point : le baccalauréat est et demeure le seul passeport pour le supérieur. Cette égalité de principe est fondamentale : c'est un repère républicain, l'une de nos valeurs essentielles. Mais dans le même temps, nous devons aussi donner plus à ceux qui ont besoin de plus : tous les bacheliers sont égaux, mais tous ne sont pas identiques et nous devons mieux accompagner ceux qui en ont besoin. 

C'est tout le sens des "OUI SI" : je n'y reviens pas en détail, nous avons largement évoqué ces dispositifs cet après-midi. Je veux juste dire combien ils sont importants à mes yeux : l'objectif, c'est de renforcer l'accompagnement pédagogique et de mieux personnaliser les parcours. Parce que c'est ainsi – et ainsi seulement – que nous pourrons relever le défi de la lutte de l'échec en licence, qui est aussi le défi de l'ouverture sociale de notre enseignement supérieur.

Ce défi, je suis déterminée à le relever – et à le faire avec l'ensemble de la communauté universitaire. Vous pouvez compter pour moi pour aborder cette nouvelle étape avec la même énergie et la même conviction, qui sont indispensables si nous voulons ensemble faire bouger les lignes. 

Je vous remercie.