Publié le 13.02.2019

Signature de la 2e charte du handicap de la Conférence des grandes écoles

Frédérique Vidal s'est exprimée lors de la signature de la deuxième charte du handicap de la Conférence des grandes écoles avec Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées, lundi 11 février 2019.

Signature 2e charte handicap

Seul le prononcé fait foi.

Je suis très heureuse d’être avec vous aujourd’hui pour cette après-midi de réflexion - et d’action - qui marque l’engagement de la C.G.E. en faveur d’une société plus juste, plus ouverte, plus fraternelle, autant de valeurs qui sont chères à UniLaSalle et qui sont au cœur des missions de l’enseignement supérieur.

Plus de justice, plus d’ouverture, plus de fraternité, c’est tout simplement plus de République, et c’est bien elle qui grandit lorsqu’on facilite l’inclusion des personnes en situation de handicap dans notre société. Respecter le pacte républicain, c’est accorder à tous les mêmes droits, les mêmes chances, de se réaliser, de s’émanciper, de vivre en harmonie avec les autres et avec leurs différences. Au-delà de la pathologie, au-delà de l’altération des sens ou de la motricité, le handicap, c’est aussi ce qu’en fait la société : un obstacle, un facteur d’exclusion, une étiquette réductrice, quand elle pourrait en faire une différence féconde, une richesse, une opportunité de voir le monde autrement ou tout simplement, une caractéristique qui ne saurait tout dire, tout résumer d’une personne.

C’est cette deuxième voie que le Gouvernement a résolument choisi de promouvoir à travers la politique globale menée par Sophie Cluzel. Et si je suis aujourd’hui à ses côtés, c’est que l’enseignement supérieur et la recherche ont un rôle singulier à jouer pour tenir cette promesse républicaine et aider les personnes en situation de handicap à trouver leur place dans notre société et à regarder l’avenir avec confiance.

En effet, c’est l’enseignement supérieur qui fournit à la jeunesse le meilleur argument à l’appui de cette confiance : la compétence. Accéder aux formations du supérieur, c’est développer ses talents et ses atouts, pour pouvoir ensuite être pleinement acteur de sa vie professionnelle, gagner en autonomie dans sa vie personnelle, et participer, comme tous les citoyens, au projet et au progrès de la nation.

Mais pour envisager l’avenir avec sérénité, avoir confiance en soi ne suffit pas, il faut aussi se fier aux autres.

Or, intégrer la communauté étudiante et plus largement, la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est avoir l’opportunité de développer des liens qui, parfois –souvent - durent toute la vie ; c’est faire l’expérience de la solidarité et de l’entraide.

L’inclusion est une bataille qui se livre à toutes les échelles, celle de nos politiques publiques et de nos organisations, tout comme celle, élémentaire, des duos entre personnes valides et handicapées, le programme Duodays en est le parfait exemple.

Mais je crois aussi beaucoup à l’échelle du campus, parce que c’est celle d’une société à taille humaine : les universités et les grandes écoles sont des laboratoires du vivre-ensemble, où se croisent les générations, les nationalités, les cultures, les projets. Là, plus qu’ailleurs peut-être parce qu’on y produit de la connaissance et que la connaissance se nourrit de diversité, on apprend combien la différence est créatrice. 

Or force est de constater que les jeunes en situation de handicap hésitent à franchir le pas de l’enseignement supérieur, soit parce qu’ils pensent que ce n’est pas pour eux, soit parce qu’ils sont découragés par la complexité de la démarche. Quels que soient les obstacles, qu’ils relèvent de l’autocensure, d’un défaut d’information ou d’accompagnement, nous avons le devoir de les lever : nous ne pouvons pas tolérer qu’une partie de notre jeunesse se prive d’opportunités de réussir et qu’inversement notre pays se prive de leur potentiel. C’est pourquoi nous avons entrepris, depuis 18 mois, de revisiter l’ensemble du parcours des jeunes en situation de handicap dans l’enseignement supérieur afin de le rendre plus fluide, plus simple et plus riche en perspectives.

Le passage entre l’enseignement secondaire et le supérieur est une étape importante dans la vie de tous les bacheliers, mais plus encore pour les jeunes en situation de handicap, qui trop souvent doivent rebattre toutes les cartes chaque fois qu’ils changent d’environnement.

La clé d’une transition réussie tient en 3 mots : accompagnement, information et continuité.

L’accompagnement, c’est ce que nous avons mis en œuvre dès l’an dernier en permettant à chaque jeune en situation de handicap de voir sa candidature réexaminée par une Commission d’accès à l’enseignement supérieur. Cette année, nous améliorons considérablement leur accès à l’information, en poursuivant la mise aux normes de Parcoursup et de son numéro vert, en intégrant dans ses 14000 fiches "formation" le contact du référent handicap et en facilitant la navigation entre HandiU, parcoursup et etudiant.gouv. Les candidats, quant à eux, resteront totalement libres de mentionner ou de ne pas mentionner leur handicap, tout comme ils seront libres d’utiliser ou de ne pas utiliser le nouvel outil que nous mettons à leur disposition cette année pour préparer leur entrée dans l’enseignement supérieur : une fiche de liaison qui explicite les aménagements dont ils ont bénéficié dans le secondaire.

Il n’y a dans cette procédure d’orientation rien d’imposé, rien de systématique, rien de contraint. Elle a été construite en étroite collaboration avec les associations, elle est souple, réfléchie, pesée, fondée sur le respect des personnes, et c’est essentiel parce que nous – l’Etat, l’administration, la société tout entière – avons à regagner la confiance des personnes en situation de handicap et la première étape de cette reconquête, c’est de reconnaître leur libre arbitre et de leur offrir toutes les garanties contre les discriminations dont elles pourraient être victimes.

Et pour oser sauter le pas et s’engager dans des études supérieures, les jeunes en situation de handicap ont besoin d’être certains qu’ils seront accompagnés au-delà de la phase d’orientation, au sein des universités et des écoles. Là aussi nous avons fait bouger les lignes : d’ici la fin de l’année toutes les universités françaises auront adopté un schéma directeur handicap, qui fait du handicap un volet à part entière de leur politique de site. 

Il permettra notamment de mieux coordonner les actions du référent handicap, des services de santé universitaire et des dispositifs handicap, et l’on sait combien la coordination est le talon d’Achille de nos politiques publiques en la matière. Un nouvel acteur est venu compléter cet écosystème solidaire : le volontaire en service civique. Les jeunes en service civique sont un appui précieux pour penser l’accompagnement des étudiants handicapés bien au-delà du parcours de formation : nous savons – et la loi ORE en a pleinement pris acte – que la réussite étudiante ne se joue pas uniquement dans les amphis et les salles de T.D., mais dans tous les aspects de la vie quotidienne. C’est pourquoi nous tâcherons de mieux répondre aux besoins des étudiants handicapés en matière de transport, d’aide à domicile, de logement : notre objectif est notamment de rendre l’ensemble du parc locatif CROUS, soit 180 000 logements, parfaitement accessible aux étudiants à mobilité réduite avant la fin de l’année. C’est un geste fort, un geste indispensable.

Mieux accompagner les étudiants handicapés vers la réussite, améliorer leur santé et leur bien-être, cela passe aussi par des réponses scientifiques et technologiques. C’est pourquoi j’ai souhaité que les appels à projet de l’A.N.R. reflètent davantage cette priorité du quinquennat, et que la recherche joue un rôle moteur dans les plans "Maladies rares" et "Autisme". Toutes les disciplines doivent se mobiliser autour de l’enjeu du handicap, et tout particulièrement les sciences humaines et sociales, tant il questionne nos représentations et notre capacité collective à faire avec la différence, non pas à la tolérer, mais à agir avec elle, à imaginer avec elle, à inventer avec elle, et c’est la raison pour laquelle un réseau thématique pluridisciplinaire "S.H.S. en santé" est en passe d’être créé sous l’égide du C.N.R.S..

C’est un bel édifice que nous avons à construire là, celui d’une humanité enrichie par sa diversité. Chacun doit y apporter sa pierre, et c’est ce que fait aujourd’hui la C.G.E. en signant une 2e Charte handicap.

En renforçant le continuum entre l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur et la vie professionnelle, en confortant le rôle du référent handicap, en pariant sur la force d’intégration de la vie étudiante et du sport, elle participe pleinement de la dynamique inclusive que le ministère souhaite impulser et encourager. Elle prolonge par ailleurs l’engagement de longue date de la C.G.E. qui s’est déjà mobilisée sur de nombreux fronts, notamment celui de l’aménagement des concours ou du soutien aux politiques d’ouverture des associations étudiantes.

Les étudiants en situation de handicap optent préférentiellement pour l’université : or ce choix n’est pas guidé uniquement par l’offre de formation, mais aussi par un réflexe d’autocensure. Il est donc essentiel que les grandes écoles ouvrent les bras à cette jeunesse et c’est ce message de bienvenue que porte aujourd’hui cette charte, lorsqu’elle engage les écoles à aller au-devant des lycéens par le biais du tutorat, à les accompagner tout au long de leur parcours, de leur entrée à l’école jusqu’à leur premier emploi, à leur donner toutes les armes pour réussir, dont celle, incontournable aujourd’hui, de l’expérience à l’étranger. Je me réjouis que la C.G.E. et Mission Handicap Assurance coopèrent pour leur offrir cette opportunité. La mobilité internationale des étudiants en situation de handicap est en effet un sujet sur lequel je souhaite que nous avancions rapidement, parce qu’il y a dans ces séjours une promesse d’autonomie que l’enseignement supérieur doit être en capacité d’offrir à ceux qui en ont le plus besoin.

La société inclusive n’est ni une utopie, ni un vœu, ni un slogan : c’est un choix. Et c’est ce choix que je soutiens en accompagnant, comme aujourd’hui, les initiatives des établissements d’enseignement supérieur en faveur de l’accueil des étudiants handicapés. Nombreux sont les défis à relever pour assumer pleinement ce choix mais je sais pouvoir compter sur l’engagement, la solidarité, la créativité de l’ensemble de la communauté du savoir qui trouve là une magnifique occasion de réaffirmer sa vocation d’universalité.

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