Publié le 19.02.2019

La France et l'espace

Depuis plus d’un demi siècle la France occupe une place essentielle dans l’odyssée spatiale de l’humanité.

Ensemble de lancement ELA 3 du centre spatial guyanais
  • Le lien qu'entretient la France avec l'espace est le fruit d'une longue et riche histoire. La preuve : elle a fêté en 2011 les 50 ans de son agence spatiale, le CNES, qui s'affirmait dès l'origine, en 1961, comme le fruit de la volonté du Général de Gaulle de doter notre pays d'outils autonomes d'accès à l'orbite.

    Très vite, après le lancement du Spoutnik soviétique et la réplique américaine qui suivit, les dirigeants français comprirent l'importance des enjeux à venir dans ce nouveau secteur :

    • Pour l'observation de la Terre, la météo, les télécommunications, la défense et la sécurité.
    • Pour la science et l'étude in situ du Système solaire et l'Univers.
    • Pour la recherche et le développement, avec la nécessité de réaliser un lanceur et des satellites, et de maîtriser l'ensemble des technologies spatiales, ce qu'aujourd'hui, seule en Europe, la France est capable de faire.

    L'espace facteur d'autonomie, d'indépendance, de services disponibles pour l’État et les citoyens ; mais aussi l'espace, vitrine de savoir-faire, de qualité industrielle, de démonstration ultime de maîtrise des technologies.

  • La place de la France est une place de choix dans le paysage des puissances spatiales. Ses partenaires sont nombreux : 

    Le premier d'entre eux, c'est bien sûr l'Agence spatiale européenne, au sein de laquelle la France contribue à tous les grands programmes européens (Ariane 5, Soyouz en Guyane, Vega, Galileo,...). La France est le premier contributeur à l'ESA avec 30% du budget de l'Agence. Le CNES participe aussi aux côtés de l'ESA à la Station spatiale internationale (laboratoire Columbus, cargo A.T.V.) et à l'exploration du système solaire. Dans le cadre de l'Union européenne, la France participe au programme GMES pour l'environnement et la sécurité.

    Par ailleurs, elle collabore notamment avec :

    • les Etats-Unis
    • la Russie
    • le Japon
    • l'Inde
    • la Chine
    • le Brésil
    • et la plupart des autres agences des pays européens
  • Depuis sa création en 1961, le CNES, en tant qu'agence française de l'espace, est l'établissement public chargé de proposer et de conduire la mise en ½uvre de la politique spatiale de la France. Le CNES est à l'origine de grands projets spatiaux, même si ce n'est pas lui qui fabrique les lanceurs et les satellites.
    Dans le cas des lanceurs, après avoir conçu la filière Ariane, le CNES agit aujourd'hui comme autorité de conception de qualification pour le compte de l'Etat français, qui est l'Etat de lancement. Il joue aussi le rôle d'assistant au maître d'ouvrage, l'Agence Spatiale Européenne, pour les nouveaux développements.
    Dans le cas des satellites, on trouve tous les niveaux d'intervention, depuis celui du maître d'ouvrage jusqu'à celui de maître d'½uvre d'instruments scientifiques très pointus.

    Dans tous les cas, ce travail est réalisé en collaboration étroite avec les partenaires que sont les laboratoires scientifiques et les industriels.

    En résumé, le CNES invente les systèmes spatiaux de demain répondant aux besoins publics ou institutionnels, il participe à l'émergence de nouvelles technologies au service de tous dans les domaines suivants : l'accès à l'espace, les applications de l'espace pour le grand public, le développement durable, la recherche scientifique et technologique, les activités liées à la défense. Grâce à sa maîtrise de l'ensemble des techniques spatiales, il garantit à la France et à l'Europe l'accès autonome à l'espace, il est une force de proposition pour les maintenir dans le peloton de tête des puissances spatiales mondiales.

  • Pour une raison simple : l'indépendance.

    Un pays comme la France, pour accéder à l'espace en toute autonomie, pour envoyer des satellites et des charges sur orbite, et les exploiter sans dépendre de quiconque, se doit de posséder son propre lanceur. Sa propre fusée. Aujourd'hui, c'est Ariane 5. La politique d'indépendance nationale, portée à la fin des années cinquante par le général de Gaulle, permis à notre pays de construire une activité spatiale autonome. Pour la défense, la recherche scientifique, et les applications issues de la révolution des satellites : météo, télécommunications, géolocalisation, etc....

    Ensuite, l'espace – secteur hautement stratégique – est aussi un domaine de compétences, scientifiques et technologiques avancé. Lancer une fusée c'est maîtriser des puissances, des pressions, des chaleurs, des contraintes mécaniques et électriques à la limite des savoir-faire. C'est développer une expérience unique, dans la Recherche et le Développement, dans l'organisation industrielle, dans le contrôle qualité et l'économie de grands projets, qui place nos industries au meilleur rang mondial.
    Enfin, une fusée est un véhicule exceptionnel, dont la qualité, lorsqu'elle est reconnue, assurent un prestige aux pays qui la fabriquent et assurent à ses exploitants des ressources nécessaires à son maintien futur. Ainsi, Arianespace qui commercialise Ariane 5, Soyouz et bientôt le lanceur Véga, est aujourd'hui la première société au monde en matière de lancement de satellites civils. Cette reconnaissance de compétences est aussi un atout économique de poids pour préparer l'avenir du transport spatial.

  • Depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La France, comme ses alliés, s'est intéressée à la technologie des missiles : les fameuses fusées V2 développée sur la base de Peenemünde par les équipes de Wernher von Braun.

    En mai 1946, le Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques, installé à Vernon dans l'Eure, est chargé de mettre au point les premiers moteurs fusées. Ces développements, qui aboutiront au lancement de fusées sondes, dont la fameuse Véronique (1952), intéressent à la fois les scientifiques et les militaires en charge de la force de frappe française.

    En 1959, le Comité de Recherches Spatiales (CRS) est chargé de coordonner les activités spatiales françaises. L'industrie aérospatiale crée alors la Société pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques (la SEREB) dont les réalisations militaires (le programme Pierres précieuses) aboutiront à la fusée Diamant-A, le premier lanceur spatial français, qui mettra en orbite le satellite Astérix, le 26 novembre 1965, depuis le champ de tir d'Hammaguir, en Algérie.

    Restait alors à coordonner et animer l'ensemble. Le Général de Gaulle décida alors la création du Centre national d'études spatiales (CNES), le 19 décembre 1961. Sa première priorité a été le développement de lanceurs spatiaux autonomes dont le plus beau fruit naquit sous le nom... d'Ariane.

En tant que nation indépendante, au sein de l’Europe et en partenariat avec les grandes puissances spatiales, notre pays relève de nombreux défis dans ce secteur.