Publié le 21.02.2019

Les vols habités français

Thomas Pesquet est le dixième spationaute de nationalité française à être allé dans l’espace. Il succède par ordre d’accès à l’espace à Jean-Loup Chretien, Patrick Baudry, Michel Tognini, Jean-Pierre Haigneré, Jean-François Clervoy, Jean-Jacques Favier, Claudie Haigneré, Léopold Eyharts et Philippe Perrin. C’est Jean Pierre Haigneré qui a séjourné le plus longtemps dans l’espace avec une durée cumulée de 209 jours devant Thomas Pesquet 196 jours.

T. Pesquet ISS

Les 10 spationautes français

Le premier vol français a lieu grâce à la coopération franco-soviétique : Jean-Loup Chrétien décolle à bord du Soyouz, le 24 juin 1982, pour rejoindre la station Saliout 7. Patrick Baudry, quant à lui, effectue le premier vol franco-américain du 17 au 24 juin 1985 sur la navette Discovery. A partir de 1998, les astronautes français du CNES rejoignent progressivement le corps d'astronautes européens créé à l'ESA pour optimiser l'organisation des missions européennes. En 1999, c'est en tant qu'astronaute de l'ESA que Jean-Pierre Haigneré effectue la dernière mission longue durée (6 mois) à bord de la station Mir avant que celle-ci ne soit détruite. En 2001, Claudie Haigneré qui a déjà volé en 1996, devient la première Européenne à pénétrer à bord de la Station spatiale internationale (ISS), station en orbite basse (350 à 400 km d'altitude) occupée en permanence depuis 2000 par un équipage de 3 à 6 astronautes, desservie uniquement par les vaisseaux russes Soyouz depuis 2011 avec l'arrêt du programme américain de navettes et dont l'exploitation est prévue au moins jusqu'à 2024.


Thomas Pesquet est le premier et le seul à ce jour astronaute français directement sélectionné dans le corps des astronautes européens. Il a volé de décembre 2016 à juin 2017 pour la mission Proxima, 8 ans après le dernier vol français effectué par Léopold Eyharts. Il y a notamment conduit sept expériences françaises permettant : l'amélioration des analyses de potabilité de l'eau, le contrôle à distance d'une sonde d'échographe, le recueil de données médicales, physiologiques et personnelles de l'astronaute, l'étude par des groupes d'élèves des effets de la gravité, l'analyse du comportement des fluides en micropesanteur, la caractérisation de surfaces intelligentes réagissant à l'approche de bactéries, le suivi des modifications des fonctions visio-motrices grâce à la réalité virtuelle.

Ambassadeurs de l'espace et des vols habités, les astronautes sont des témoins de la fragilité du système Terre. Ils participent à de nombreuses activités pour partager leur expérience unique avec le public, mettre en valeur la science en général, notamment auprès du jeune public, et attirer les étudiants vers des carrières scientifiques et techniques.

 

spationautes français

Jean-Loup Chretien, Patrick Baudry, Michel Tognini, Jean-Pierre Haigneré, Jean-François Clervoy, Jean-Jacques Favier, Léopold Eyharts, Claudie Haigneré, Philippe Perrin et Thomas Pesquet

Le CADMOS et le MEDES

  • Le CADMOS (Centre d'Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales) a été créé par le CNES au Centre spatial de Toulouse en 1993. A l'origine axée sur la station orbitale Mir et la navette spatiale américaine, sa mission a permis la préparation, la réalisation et le suivi opérationnel de plusieurs missions habitées de 1993 à 2001 associés à plus d'une centaine d'expériences dans tous les domaines scientifiques. Sa mission actuelle est de préparer, organiser et assurer l'exécution de missions scientifiques devant être réalisées en micropesanteur (ISS, capsule récupérable, fusée-sonde ou Airbus Zéro-G de Novespace). Objectifs de ces expériences : faire avancer la connaissance du corps humain, la physique et la biologie, notamment en tant que responsable des expériences de physiologie de l'ESA et en coopérations multilatérales (Russie, Etats-Unis...).
  • Créé en 1989, l'institut de médecine et de physiologie spatiale (MEDES) associe le CNES, les Hôpitaux de Toulouse et plusieurs Universités (Clermont-Ferrand, Bordeaux 3, Saint-Étienne, Toulouse 3, Tours et Angers). L'institut travaille étroitement avec le CADMOS et le centre européen des astronautes et s'investit dans les missions spatiales habitées (suivi médical des astronautes), dans la recherche clinique (effets de l'impesanteur) et ses applications à la santé et dans la télémédecine. La clinique spatiale du MEDES est installée au CHU de Toulouse-Rangueil.

Dans le domaine des vols habités, les sollicitations des équipes françaises pour des coopérations soit à caractère scientifiques, soit à caractère technologiques sont extrêmement nombreuses et variées. Au-delà des pays impliqués dans les programmes de l'ESA, les coopérations concernent les USA (ISS, Declic...), la Russie (ISS, Cardiomed, MTB...), le Japon (ISS, science de la combustion, vols paraboliques), la Chine (Cardiospace), les EAU (clinique spatiale, bedrests) et l'Inde qui veut désormais devenir la quatrième nation à envoyer en autonome des hommes dans l'espace (sciences de la vie, médecine spatiale, radiations).

Les infrastructures eurpéennes pour les vols habités

 L'ESA s'engage en 1995 à participer à l'I.S.S.. Elle a développé dans ce cadre le laboratoire de recherche attaché de manière permanente à la station Columbus et le vaisseau cargo automatisé A.T.V. (Automated Transfer Vehicle) lancé par Ariane 5. Cinq A.T.V., contrôlés depuis le Centre spatial de Toulouse du CNES, ont été lancés de 2008 à 2014 pour ravitailler l'ISS.

Désormais, l'ESA s'implique dans le module de service ESM (European Service Module) qui exploite les technologies du module de service de l'A.T.V.. Ce module doit fournir la propulsion, l'alimentation, la régulation thermique et des réserves d'eau et d'air nécessaires aux missions du vaisseau habité Orion de la NASA. Un premier vol habité d'Orion autour de la Lune est prévu en 2022, puis la construction d'un poste avancé en orbite lunaire à partir de 2023, le LOP-G (Lunar Orbital Platform - Gateway), doit servir de hub pour des missions de surface lunaires ou pour la préparation de voyages vers Mars ou l'espace lointain.

A l'échéance de quelques dizaines d'années, un premier vol habité vers Mars constitue le nouveau défi du vol habité, extrêmement difficile, ambitieux et onéreux mais pas totalement irréaliste. La complexité peut, par exemple, être illustrée par la nécessité de devoir rester dans l'espace en autonomie pour une période proche de 3 ans sans possibilité d'interruption du voyage. Pour relever ce défi, une approche de validation incrémentale est prévue allant des capacités existantes en orbite basse terrestre, accessibles en quelques heures, à de nouvelles installations accessibles en quelques jours en orbite et sur la surface lunaire.

Pour l'orbite basse, les prochains vols habités doivent permettre d'augmenter la capacité d'autonomie humaine et de renforcer les capacités opérationnelles et de support au développement d'expériences. Pour l'orbite lunaire, deux modules européens (Module de service ESPRIT et module d'habitation international I-HAB) sont envisagés pour le LOP-G pour permettre à terme la désignation d'un astronaute français pour un vol vers l'orbite lunaire et le LOP-G. En parallèle, la poursuite de participations en coopération à des missions scientifiques et technologiques robotiques, notamment avec retour d'échantillons lunaires puis martiens, permet de préparer ces futures missions habitées.

Préparer les voyages vers Mars

  • 2022 : un premier vol habité d'Orion (vaisseau de la NASA) autour de la Lune est prévu.
  • A partir de 2023 : construction d'un poste avancé en orbite lunaire, le LOP-G (Lunar Orbital Platform - Gateway), devant servir de hub pour des missions de surface lunaires ou pour la préparation de voyages vers Mars ou l'espace lointain.