Publié le 21.03.2019

Pose de la première pierre de la Maison des étudiants de la francophonie : discours de Frédérique Vidal

A l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie mercredi 20 mars 2019, Frédérique Vidal s'est exprimée lors de la cérémonie de pose de la première pierre de la Maison des étudiants francophones à la Cité internationale universitaire de Paris, en présence de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

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SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

Je suis très heureuse d’être avec vous, aux côtés de Jean-Baptiste Lemoyne, en cette journée internationale de la francophonie.

La francophonie, c’est "cette maison pas comme les autres, où il y a plus de locataires que de propriétaires" comme l’a dit Tahar Ben Jelloun. Voilà qu’aujourd’hui elle trouve elle-même un toit au sein de la cité internationale universitaire de Paris.

Il y a un an jour pour jour le Président de la République annonçait à l’Académie française la fondation d’une Maison des étudiants de la francophonie : aujourd’hui poser cette première pierre, c’est l’occasion de rappeler la nouvelle vision de la francophonie du Président de la République.

Réinventer la francophonie, c’est d’abord en faire un sésame pour la jeunesse, un accès à la réussite, à la mobilité et à l’émancipation. Naître et grandir dans l’espace francophone au 21ème siècle doit être synonyme d’opportunités : de se former, de gagner en connaissances, en compétences, en expériences, en bref, d’élargir son horizon. Car être francophone c’est habiter un territoire plus vaste que son pays, celui de la langue française, une langue riche de ses 300 millions de locuteurs, une langue capable de dire leur quotidien et leurs espoirs sur les 5 continents, une langue pleine de promesses.

Les poètes, les écrivains, les paroliers ont fait de la langue française la langue du rêve, de la beauté, de la culture. Elle doit aujourd’hui devenir, pour chacun de ses locuteurs, la langue de tous les possibles, celle qui leur permettra d’apprendre, de trouver un emploi, de faire des affaires. Et si elle peut devenir cette langue de solutions, c’est précisément parce qu’elle est d’abord et depuis toujours une langue de fiction, une langue de création, capable d’inventer l’avenir, de l’imaginer et de le faire advenir, d’exprimer des idées neuves, de penser autrement, de développer des savoirs et des innovations. Si elle peut devenir cette langue utile, ce n’est donc pas en tournant le dos à sa part de rêve mais en la revendiquant pleinement.

C’est à cette condition que la langue française sera une chance pour la jeunesse des 84 nations de la francophonie et la maison que nous inaugurons aujourd’hui en est la preuve. Entre ses murs, la langue française se fait gage de progrès et d’échanges. Ses 300 studios permettront aux étudiants issus du monde francophone de faire l’expérience de la mobilité et d’accéder aux meilleurs établissements d’enseignement supérieur et de recherche franciliens, à leur environnement scientifique de pointe, à leurs formations d’excellence, dont je m’attache à renforcer la personnalisation et la professionnalisation, avec l’ensemble de la communauté française d’enseignement supérieur et de recherche. Ces mobilités sont également une chance pour la France : tous les projets et toutes les ambitions que cette maison abritera, toutes les rencontres qu’elle facilitera, portent en germe des relations durables et des collaborations futures, qu’elles soient scientifiques, universitaires ou économiques.

Car, bien avant que la loi ORE ne l’inscrive dans le droit, la C.I.U.P. a compris que la réussite ne se fabrique pas seulement dans les amphis et les salles de T.D., mais dans tous les lieux de la vie étudiante, les bibliothèques, les espaces de co-working, les restaurants, les terrains de sport, les salles de spectacles.  Au-delà, elle a développé une véritable culture de l’accueil des étudiants et chercheurs étrangers, qu’elle accompagne dans leurs démarches administratives à chaque rentrée depuis plus de 15 ans grâce à son Welcome desk, en partenariat avec le CROUS de Paris.

La C.I.U.P. est donc une vraie source d’inspiration pour la nouvelle politique d’accueil des étudiants internationaux qui permettra non seulement d’intensifier les échanges au sein de l’espace francophone, mais aussi d’élargir le cercle de la francophonie à la jeunesse non francophone. La dynamique est enclenchée : plus de 70 établissements se sont déjà portés candidats au label "Bienvenue en France" et le soutien promis par le Gouvernement se traduira dans les jours qui viennent par deux séries d’actions concrètes. D’une part, chaque université recevra la notification des moyens qui l’aideront à mettre en place un guichet unique centralisant les services dédiés aux étudiants internationaux, ce qui représente pour l’Etat un effort global de 5 millions d’euros. D’autre part, un appel à projet également doté de 5 millions d’euros sera ouvert afin de financer les meilleures initiatives en faveur du doublement des cours de FLE, de la généralisation des programmes de parrainage et du renforcement de l’offre en anglais parce que ce détour est parfois nécessaire pour accéder à la langue française.

Car,  défendre le plurilinguisme à l’échelle du monde, comme l’a rappelé le Président de la République à l’Académie Française ou à Erevan, c’est donner plus de chances à la langue française d’exister dans les échanges internationaux, de venir contrebalancer l’hégémonie de l’anglais. C’est une bataille qu’il nous faut conduire, d’abord, au plan européen. La France a donné le ton en se fixant comme objectif de former ses étudiants à la pratique de deux langues européennes d’ici 2024. Elle ouvre ainsi une voie en faveur du plurilinguisme dans laquelle d’autres pays pourraient s’engager, d’autant plus que cette ambition résonne avec un projet majeur : celui des universités européennes, qui ont vocation à forger une véritable identité européenne dans la diversité linguistique, à cultiver l’idée que la langue européenne, c’est la traduction, comme l’a dit si justement Umberto Eco.

La France est européenne, la France est francophone, et je crois que notre pays tient là, dans sa capacité à conjuguer son identité francophone et son identité européenne, la clé de son avenir et de sa place dans le monde.

La cité monde de la C.I.U.P., qui accueille des étudiants européens, des étudiants étrangers et bientôt, davantage d’étudiants francophones, est à n’en pas douter l’un des espaces privilégiés de cette articulation.

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