Publié le 15.07.2019

Signature de la convention de dévolution de l'université de Bordeaux : discours de Frédérique Vidal

Frédérique Vidal s'est exprimée le lundi 15 juillet à l'occasion de signature de la décision de transfert du patrimoine de l'Université de Bordeaux, qui se matérialise aujourd'hui par la convention de dévolution.

Discours de Frédérique Vidal à Bordeaux

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le Président, cher Manuel Tunon de Lara,
Monsieur le maire de Pessac, cher Franck Raynal,
Monsieur le maire de Talence, cher Emmanuel Sallaberry,
Monsieur le maire de Gradignan, cher Michel Labardin,
Monsieur le vice-président du conseil régional, cher Gérard Blanchard,
Mesdames et messieurs les élus, Monsieur le recteur, Monsieur le sous-préfet, Mesdames et messieurs, chers collègues, chers amis,


En ce territoire girondin, au cœur même de votre université qui rayonne non pas seulement dans l'Aquitaine mais dans la France entière et en Europe, vous me permettrez de citer l'un de vos plus éminents philosophes. « C'est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble », ce qui était une évidence pour Michel de Montaigne au 16e siècle est devenu un projet stratégique pour votre université. Vous avez su élaborer dans un même mouvement, un même geste un projet d'établissement visionnaire appuyé par une programmation immobilière ambitieuse.
Née il y a tout juste cinq ans d'un geste fondateur qui a réuni trois universités en une, l'université de Bordeaux , n'a cessé depuis sa naissance en 2014 de déployer son énergie bâtisseuse pour faire de cette fusion, au-delà d'un acte administratif, une réalité humaine, scientifique, pédagogique, et le socle d'une université d'excellence ancrée dans son territoire et tournée vers le monde.


En quelques années, vous avez collectivement su construire une université d'excellence dans tous les domaines, une université intensive en recherche couronnée par l'IDEX, une université audacieuse capable de faire valoir son talent dans 26 appels à manifestation d'intérêt du P.I.A..


La signature dans quelques instants de la convention qui permettra à l'Etat de transférer la pleine propriété à l'université de son campus vient parachever cette marche vers un supplément d'autonomie et toujours plus d'excellence que vous avez su entreprendre avec vos équipes, cher Manuel Tunon de Lara. L'université de Bordeaux sera dans quelques minutes ici chez elle, dans ses murs. C'est naturellement une grande journée pour l'université et pour votre territoire. A cet égard, je suis particulièrement heureuse de partager avec vous ces instants majeurs dans l'Histoire de votre établissement.

Chacun mesure à quel point la convention de dévolution que nous signons aujourd'hui est tout à fait exceptionnelle.


Cette dévolution représente l'une des plus grandes surface foncière jamais dévolue par l'Etat à une université à ce jour : nous parlons de 208 bâtiments et d'un peu plus de 450 000 m² de surface de plancher. Dans quelques minutes, l'université de Bordeaux sera plus riche d'un actif patrimonial de près de 377 millions d'euros. Un actif au service de vos étudiants, du rayonnement de vos équipes et de la vie de votre territoire.


Rarement l'Etat est allé aussi loin dans la dévolution. Surtout pour un établissement si jeune et si récent.


La réussite de cette entreprise immobilière, nous la devons évidemment à vos équipes cher Manuel Tunon de Lara. Vous avez su porter vos équipes au niveau élevé d'exigence qui vous a été demandé pour prendre en main les rênes de la totalité de votre politique immobilière.


Avec Bordeaux, vous avez su faire la démonstration que la dévolution était une voie ouverte à toutes les universités, quelle que soit leur signature, quelles que soient leurs dimensions. A travers ce geste, à travers votre réussite, vous me permettrez d'adresser un message plus général à l'endroit de toutes les autres universités. La dévolution leur est ouverte. Elles peuvent s'y engager.


Mon engagement en tant que ministre, c'est bien évidemment de les accompagner dans cette démarche.


C'est également de leur rappeler chaque fois que nécessaire qu'elles ont tout le talent nécessaire pour, à leur tour, se porter à ce niveau d'exigence et d'autonomie.


Si la dévolution signe naturellement la réussite d'une équipe et d'une gouvernance éprouvée, elle demeure une œuvre collective. La réussite de Bordeaux, nous la devons également aux services de l'Etat et à tous les territoires qui irriguent votre université.
Je songe ainsi à la région Aquitaine et à son Président, Alain Rousset dont l'engagement en faveur du développement de la recherche et de l'enseignement supérieur n'est plus à prouver.


Je songe également à l'ensemble des élus locaux, à l'ensemble des maires de la métropole de Bordeaux et au département de la Gironde.


Préparer la dévolution, c'est un travail de longue haleine conduit pendant plus de deux ans et cela en étroite collaboration avec les services domaines au niveau territorial comme au sein de la Direction de l'Immobilier de l'Etat. Je tiens ainsi tout particulièrement à saluer l'engagement très fort de Gérald Darmanin à mes côtés pour soutenir le développement de la politique immobilière des universités et pour soutenir la dévolution de Bordeaux. La décision de transfert signée par le ministère de l'action et des comptes publics ainsi que mon ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation en témoigne.

Vous me permettrez par ailleurs de remercier et saluer chaleureusement les services du M.E.S.R.I. qui se sont engagés à faire réussir Bordeaux tant au niveau de l'I.G.A.E.N.R.que de la D.G.E.S.I.P.


Monsieur le recteur, j'ai une pensée toute particulière pour vos services et naturellement pour votre engagement personnel au service de l'université de Bordeaux.

L'accession de Bordeaux à la dévolution, c'est également un signal fort envoyé par l'Etat, une preuve de sa confiance dans la capacité des universités à prendre en main leur destin, et une preuve de sa volonté de leur donner toutes les cartes pour réaliser leurs ambitions.


Dans cette partie, le patrimoine est un atout maître. En effet, le patrimoine, ce n'est ni une charge ni un passif, c'est un levier de développement, c'est l'avenir d'une université inscrit dans ses murs et son foncier.


La dévolution de patrimoine n'est pas un transfert de charge, mais bien un transfert de valeurs, au sens le plus large du terme.


Avoir une stratégie immobilière, ce n'est pas seulement gérer des dépenses et des recettes, ce n'est pas seulement vendre, louer, acheter, c'est faire de l'université un lieu de création de valeurs, scientifiques, économiques, humaines, citoyennes.


C'est toute la stratégie de l'établissement qui peut s'exprimer dans sa politique patrimoniale : développer un éco-campus, un campus numérique ou un campus d'innovation, c'est afficher sa signature, c'est démontrer que l'université est un terrain d'expérimentation, de solutions écologiques, technologiques, sociétales, qui peuvent profiter à l'ensemble de la société.


C'est s'affirmer comme un acteur à part entière de la vie locale, un partenaire de premier plan, une source d'inspiration, une force de proposition pour son territoire, un espace de liberté et c'est bien là le cœur de notre mission universitaire.


C'est parce que le patrimoine porte en germe toutes ces promesses de développement et tous ces enjeux stratégiques que j'ai souhaité amplifier et finaliser dès mon arrivée au MESRI cette 2ème vague de dévolution, dont Bordeaux est aujourd'hui l'une des premières bénéficiaires.


C'est une étape clé dans la marche des universités vers l'autonomie entamée il y a 12 ans avec la loi « liberté et responsabilité des universités ».


C'est un long chemin, que j'ai souhaité accompagner avec de nouveaux outils, comme le dialogue de gestion rénové et l'ordonnance sur les regroupements, mais c'est assurément un chemin d'avenir.


C'est pourquoi je souhaite voir bien d'autres établissements s'y engager. A condition, bien sûr, qu'ils soient prêts pour cette responsabilité.

Car l'autonomie c'est une respiration vitale, mais c'est une respiration qui se conquiert. Cette autonomie, Bordeaux est allée la chercher et la conduite de l'opération Campus ici même en est la preuve bien vivante.


Nous parlons d'une opération conduite depuis 11 ans, de 40 projets immobiliers et de près de 400 millions d'euros d'investissements.


Conduire une telle ambition jusqu'à maturité, jusqu'à la réalité matérielle d'un campus qui se transforme, qui attire davantage d'étudiants, qui attire davantage de chercheurs, permettant ce faisant de se projeter dans l'avenir, c'est le gage d'un établissement qui est en pleine maitrise de son devenir.


Evidemment, le bâtiment H dont j'ai pu visiter le chantier avant de vous rejoindre illustre cette ambition et cette vision de l'avenir de l'université de Bordeaux. Ce chantier est un pont jeté entre le passé et l'avenir de votre université. S'agissant du passé, le futur bâtiment respectera dans son alignement l'héritage de l'architecte Louis Sainsaulieu qui a laissé son empreinte dans le patrimoine universitaire bordelais.


S'agissant de l'avenir, je tiens tout d'abord à souligner l'engagement environnemental majeur défendu de longue date par l'université de Bordeaux que l'on retrouvera sur ce site.


Il respectera la végétation existante et permettra de conserver de nombreux arbres remarquables. Cette préoccupation environnementale sera saluée par deux labels, celui de la haute qualité environnementale naturellement, mais également celui du bâtiment biosourcé.


Si la livraison du bâtiment H l'année prochaine mettra un point final à la deuxième tranche de l'opération campus Bordeaux, ce projet ouvrira la voie à de plus amples transformations à venir au sein du campus Montaigne-Montesquieu.


Ces transformations immobilières témoignent du travail à l'œuvre au sein même des équipes. La réalisation du bâtiment H s'inscrit dans une volonté d'améliorer les conditions d'accueil et de travail de vos chercheurs en sciences humaines et sociales, notamment en économie, en droit et en science-politique.


Ce bâtiment regroupera plus de 300 personnes, essentiellement des doctorants et des enseignants-chercheurs issus de vos laboratoires d'économie le GRETHA et le LAREFI.


Mieux accueillir ses chercheurs, donner à ses étudiants le goût de la recherche, le goût de la science et cette envie de toujours rechercher davantage, c'est toujours la plus belle des entreprise pour préparer l'avenir de son université.


Je sais naturellement cher Manuel Tunon de Lara que cette question est majeure à vos yeux et que vous y consacrez beaucoup d'énergie au sein des groupes de travail qui nourriront la réflexion sur la prochaine loi de programmation pluriannuelle pour la recherche.


Enfin, je salue à travers les réalisations de l'opération campus l'engagement constant et sans faille des collectivités territoriales à votre côté.


La région comme les communes et le département ont toujours su être des partenaires attentifs et exigeants de l'université contribuant à son excellence aujourd'hui reconnue de tous. A cet égard, la région ne s'y est pas trompée et cofinance, à part égale avec l'Etat, la construction du bâtiment H.

Je pense en effet pouvoir dire qu'il y a peu d'endroit en France où l'université joue un rôle territorial plus déterminant qu'ici à Bordeaux.


L'université de Bordeaux est sans contexte l'un des poumons de la gironde et du quart sud-ouest de la France. Vos étudiants représentent un peu plus de 10% de la population de l'agglomération bordelaise.


Cette empreinte étudiante est remarquable et contribue à l'expansion et à une plus grande prospérité pour votre territoire.


Au-delà des statistiques, ce qui importe, c'est qu'une université, ce n'est pas une agrégation d'individus. C'est une communauté.


Or une communauté plus solidaire, c'est une communauté qui réussit mieux. Vous le savez, c'est une conviction qui m'est chevillée au cœur - et je sais que beaucoup parmi vous la partagent - le véritable pouvoir d'émancipation, la meilleure façon d'être armé dans un monde en mutation constante, la réelle égalité des chances, c'est à l'université qu'elle se joue.


Elle se joue dans les écoles, elle se joue dans les entreprises mais c'est plus que jamais dans le creuset universitaire que vos étudiants peuvent prendre la pleine mesure des outils que vous mettez à leur disposition tant à travers la qualité reconnue de vos formations que de l'excellence de votre recherche.

La poursuite de l'opération campus et de votre ambition immobilière dans le cadre qui vous sera désormais ouvert par la dévolution vous donneront tous les outils pour mettre votre vision d'une université intensive en recherche au service du développement économique et social de votre territoire.


Ainsi, cher Manuel Tunon de Lara, vous nous avez permis de faire la démonstration que c'est en construisant autour d'un projet fédérateur que l'on pouvait donner du sens aux attentes de nos communautés et de nos concitoyens.


Vous avez permis à l'Etat de jouer pleinement son rôle, celui d'un accompagnateur, d'un facilitateur, d'un appui à votre vision et à celles de vos partenaires locaux. L'Etat vous a fait une pleine et entière confiance que vous avez su changer en une impérieuse responsabilité de réussir. Votre vision, c'est un gage d'optimisme et de confiance pour nous tous.


Je suis particulièrement heureuse que cette audace de rêver en grand partagée par l'ensemble de la communauté de l'université de Bordeaux, soit aujourd'hui reconnue. Et c'est un réel plaisir cher Manuel Tunon de Lara de pouvoir aujourd'hui vous en remettre officiellement les clés !


Je vous remercie.

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