Rapport de l'IGESR

N° 85

|Avril 2021

La situation à l'IEP de Grenoble en mars 2021

Ce rapport d'inspection générale fait suite aux accusations portées anonymement, par voie d'affiches placardées sur le mur de l'établissement, contre deux enseignants nommément désignés de l'Institut d'études politiques de Grenoble le 4 mars 2021, et aussitôt relayées sur les réseaux sociaux.

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Rapport IGESR 2021-085 - PDF | 1.7 Mo

Présentation

La mission s'est attachée à clarifier l'enchaînement des faits qui ont conduit à cet événement et à identifier les responsabilités des différents acteurs. Elle formule onze recommandations dans différents champs d'action, relatives, d'une part, à la sanction des manquements les plus graves et, d'autre part, à des mesures plus structurelles de nature à permettre à l'IEP de mieux gérer, voire de prévenir d'autres crises à l'avenir.

Table des matières

SYNTHÈSE
Récapitulatif des recommandations de la mission
Introduction
1. La situation constatée à l’IEP le 4 mars est l’aboutissement d’une crise commencée début décembre 2020, qui naît d’une controverse entre deux enseignants et tourne à un règlement de comptes orchestré par une organisation étudiante
1.1. Analepse et arrêt sur image : une controverse entre deux enseignants sur un sujet sensible devient un conflit impactant l’ensemble de l’établissement
1.1.1. Au commencement, une controverse dégénère, de maladresses en sur-réactions et dans le contexte du confinement résultant de la crise sanitaire, en un conflit interpersonnel entre trois enseignants
1.1.2. Le « communiqué » du directoire du laboratoire Pacte daté du 7 décembre 2020 transforme le conflit interpersonnel en un conflit concernant tous les enseignants de l’IEP
1.2. Après la crise de début décembre, le conflit se poursuit et l’organisation étudiante « Union syndicale Sciences Po Grenoble » l’utilise pour mener à bien ses propres projets, qui sont mis en lumière fin février
1.2.1. Fin décembre, la direction de l’IEP poursuit la gestion d’un conflit qu’elle pense toujours interpersonnel
1.2.2. L’Union syndicale saisit l’occasion qui lui est donnée de mener à bien ses propres projets, mis en lumière par le procédé inacceptable de « l’appel à témoignages » anonymes du 22 février
1.3. Les tensions accumulées éclatent aux yeux de tous le 4 mars 2021 dans les accusations publiques nominatives placardées sur les murs de l’IEP
1.3.1. Les jours suivant le CEVIE du 26 février, le conflit semble prendre une autre tournure
1.3.2. Le déroulement des faits fait apparaître, dans les conditions particulières du confinement lié à la crise sanitaire, une conjonction de maladresses, manquements et fautes de la part des différents acteurs qui ont permis le développement d’un conflit dont les élus étudiants de l’US ont tiré parti pour tenter d’obtenir l’exclusion de l’IEP des deux enseignants qui ne partagent pas leurs opinions politiques
1.3.3. La mise en œuvre des procédures d’alerte en amont et les mesures prises, après le 4 mars, pour protéger la liberté et la sécurité des enseignants pris à partie
2. La situation de crise que connaît actuellement l’IEP met en évidence des fragilités de l’établissement, dont les effets se sont accrus dans la période récente, favorisant la transformation d’un conflit interpersonnel en crise ouverte ébranlant l’ensemble de l’Institut
2.1. Un établissement qui demeure fragile malgré des efforts de redressement très significatifs qui ont porté leurs fruits depuis 2015
2.1.1. L’IEP de Grenoble : une institution bien établie par son histoire et sa notoriété mais qui sort à peine d’une période de grave crise financière et de gouvernance
2.1.2. L’effort de redressement mené par la direction de l’IEP après 2015 a porté ses fruits sans être en mesure de supprimer les causes structurelles des faiblesses de l’IEP
2.2. Une direction insuffisamment expérimentée et aguerrie, à la posture incertaine et hésitante, qui commet des maladresses susceptibles de favoriser la transformation de conflits limités en situations critiques
2.2.1. Une direction récente qui s’est mise en place dans des conditions peu propices à son affermissement
2.2.2. Une situation qui ne s’est pas améliorée fin 2020, une nouvelle étape de la crise sanitaire mettant fin à l’espoir d’un retour à une situation normale
2.3. Un poids particulier des étudiants qui s’inscrit dans une tradition établie mais qui, face à une direction fragile, peut conduire à des dérives graves
2.3.1. Un poids institutionnel réel des représentants des étudiants au sein de l’IEP et une activité associative florissante, mais peu cadrée et peu tournée vers l’extérieur
2.3.2. Des dérives récentes ayant fortement dégradé le climat au sein de l’IEP auxquelles la direction n’a pas su apporter de réponse
3. Au-delà des mesures immédiates qu’appelle la situation ayant conduit à la survenance de l’événement inadmissible du 4 mars 2021, l’IEP doit revoir son organisation administrative et pédagogique pour créer les conditions lui permettant de mieux résister aux crises
3.1. Des mesures fermes doivent être prises sans tarder par l’IEP pour sanctionner les fautes les plus graves dont l’enchaînement a conduit à la situation constatée le 4 mars
3.2. Un travail collectif doit être conduit avec l’ensemble de l’équipe pédagogique pour définir des valeurs communes et des règles de fonctionnement partagées
3.3. L’IEP doit s’attacher à combler des manques criants en matière de formation de ses étudiants dans le domaine des usages et des risques des communications numériques
3.4. Renforcer le mode de management de l’établissement et améliorer son organisation pour permettre un pilotage plus efficace
Conclusion