Publié le 15.05.2011

Sciences de l'Homme et de la Société (S.H.S.) : l'étude de l'homme en société

Intégrées depuis le début des années 1980 sous cette dénomination au système français de recherche, les Sciences de l'Homme et de la Société y occupent désormais une place pleinement reconnue, au titre notamment de leur capacité à contribuer, à la fois par elles-mêmes et en collaboration avec les sciences dites "dures", au progrès de la recherche relative aux problèmes majeurs de notre époque.

Les Sciences de l'Homme et de la Société étudient l'homme en société dans divers contextes historiques et géographiques. Elles l'étudient dans ses déterminismes biologiques et ses mécanismes cognitifs, mais également dans la variété des formes d'organisation sociale et des productions culturelles, artistiques et religieuses qui le caractérisent à des époques diverses.

 

Les priorités des S.H.S.

Les S.H.S. françaises sont diverses et leurs agendas sectoriels nombreux. Néanmoins deux priorités émergent :

  • l'accroissement de leur potentiel explicatif dans le domaine de la dynamique des mécanismes individuels et sociaux de l'adaptation au changement;
  • l'élaboration d'instruments généraux appropriés pour l'étude, à la fois systématique et comparative des formes historiques de la production culturelle, et notamment textuelle.

Ces priorités scientifiques d'ensemble en déterminent d'autres, touchant aux dispositifs et aux infrastructures de la recherche dans le domaine S.H.S. :

  • la constitution de vastes bases de données fiables et actualisées dans le domaine des sciences sociales;
  • la construction de bibliothèques et d'iconothèques numérisées dans des formats appropriés;
  • la mise au point, en partenariat européen, de plateformes éditoriales inter-opérables.
  • la pérennisation du dispositif distribué que constituent, au plan national, le réseau des Maisons des Sciences de l'Homme et celui des Instituts d’Études Avancées, et au plan international, le réseau des Écoles Françaises à l’Étranger et celui des IFRE et des UMIFRE du CNRS.

On attend de ces dispositions qu'elles mettent les S.H.S. françaises en position de répondre aux objectifs d'ensemble qui leur sont aujourd'hui assignés, à savoir l'accroissement de leur audience mondiale, le renforcement de leur insertion dans la recherche européenne et le développement de leur potentiel spécifique de contribution aux grandes priorités définies par la Stratégie Nationale de Recherche et d'Innovation

 

Les S.H.S., un secteur en pleine effervescence

Au cœur des S.H.S., les formes mêmes de l'érudition traditionnelle ont été renouvelées par une alliance inédite entre les Humanités et l'informatique, et la constitution et l'exploitation de vastes "silos textuels" remettent au premier plan la catégorie du document, donnant à la philologie et aux pratiques de l'interprétation un nouveau visage. 

Dans un registre voisin, le progrès des techniques de datation, l'irruption des méthodes de reconstitution 3D des sites préhistoriques et le développement de procédés non invasifs d'analyse matérielle des œuvres d'art ont renouvelé les modes de la recherche en archéologie, en histoire de l'art, et de façon plus générale dans les sciences du patrimoine.

On trouve une évolution comparable du côté de la géographie, qui fait aujourd'hui un usage intensif des vastes bases de données géo-localisées que la télédétection rend accessibles, et où l'usage de modèles et de simulations informatiques est désormais de règle dans l'étude des migrations et des villes.

La science économique cherche à accroître le réalisme de ses modélisations et s'ouvre maintenant à de nouveaux domaines, aux confins de la psychologie, de l'anthropologie et des sciences politiques. La linguistique connaît elle-même de vastes changements, à la fois par l'ampleur et la variété des corpus qu'elle analyse (le domaine des langues "en danger" y fait désormais l'objet d'un programme systématique) et par sa connexion accrue avec les sciences cognitives, domaine où elle a joué un rôle moteur.

Les S.H.S. sont donc aujourd'hui caractérisées par une grande effervescence, situation qui est en elle-même prometteuse à condition que les mutations décrites soient réfléchies et accompagnées. Le risque de brouillage et de balkanisation du domaine doit être surmonté en proposant une cartographie actualisée et lisible, où les données de la production de la recherche S.H.S. sont agrégées autour de problématiques et de grands enjeux sociaux. La DGRI a conduit ce travail en collaboration avec d'autres instances (AERES, CNRS, DGESIP, OST, SIES).

Voir la nouvelle des S.H.S. qui rapproche la carte française des S.H.S. de celle de nos partenaires européens.

 

Développer les Humanités numériques et les nouvelles formes de la recherche patrimoniale

L'évolution décrite nécessite que soient créées ou consolidées les infrastructures de recherche appropriées. Une attention particulière a été apportée au développement des "Humanités numériques" et aux nouvelles formes de la recherche patrimoniale.

Ainsi, la plateforme ADONIS, qui a le statut de Très Grand Équipement, s'articule désormais à l'infrastructure européenne DARIAH, coordonnée par la France et l'Allemagne et dont le siège sera établi à Paris.

Par ailleurs, d'autres infrastructures de recherche S.H.S. ont été inscrites sur la feuille de route française, relatives aux vastes bases de données nécessaires pour accompagner le tournant empirique de la sociologie française. Elles constituent, prises ensemble, l'infrastructure PROGEDO, à laquelle se rattache notamment la cohorte ELFE, lancée au début d'avril 2011 et qui va permettre à la France de combler son retard par rapport aux États-Unis d'Amérique et au Royaume-Uni dans le domaine des études longitudinales

Ces éléments confèrent aux S.H.S. un potentiel contributif considérable dans les grandes priorités de la Stratégie nationale de recherche et d'innovation 

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Non seulement parce qu'elles figurent au titre de ces priorités, mais parce qu'elles sont capables de faire progresser la recherche et l'innovation dans les autres grandes thématiques affichées au plan national, comme celles qui ont trait à l'urgence environnementale, à la santé, à l'alimentation et au bien-être, ou à l'information et la communication. Le déploiement de ce potentiel suppose un travail interdisciplinaire réel: non pas une sociabilité académique diffuse, mais la collaboration effective de communautés de recherche aux référentiels méthodologiques distincts participant ensemble à la poursuite d'objectifs scientifiques bien définis.

Dans ce contexte, la DGRI s'est efforcée de parvenir à un décloisonnement du système français de recherche en S.H.S., en suscitant et en accompagnant la création de l'Alliance

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qui réunit les universités et de grands établissements comme le CNRS et qui assure également la continuité entre les organismes dédiés à la recherche fondamentale et ceux qui mettent la recherche finalisée au cœur de leur dispositif.

La direction générale pour la recherche et l'innovation du ministère (DGRI) s'est conformée aux préconisations contenues dans le premier

(CDHSS). 

La DGRI a également mis en place des groupes de travail inter-sectoriels au sein de son service scientifique. Ces groupes, joints à ceux qui organisés entre ATHENA et la DGRI, travaillent aux priorités qui sont désormais celles des S.H.S. françaises, en particulier.

L'économie en France

La qualité  de la recherche française en économie est internationalement reconnue. L'une de ses caractéristiques actuelles réside dans le fait que, sous une forme ou sous une autre, les laboratoires majeurs du domaine (Toulouse School of Economics, Paris School of Economics, Groupement de Recherche en Economie Quantitative d'Aix Marseille notamment) ont entrepris d'ouvrir la science économique à des disciplines et à des référentiels méthodologiques voisins, comme la psychologie cognitive, les sciences politiques ou le droit. Il en résulte un accroissement notable de l'adéquation empirique et du potentiel explicatif qui met la discipline en position de contribuer plus efficacement à des problématiques majeures du moment, comme celle du comportement face au risque ou celle de la rationalité de la décision publique.