Publié le 08.11.2017

Remise du rapport Réformer le premier cycle de l'enseignement supérieur et améliorer la réussite des étudiants: discours de Frédérique Vidal

Frédérique Vidal s'est exprimée lors de la remise du Rapport restituant les travaux de la consultation sur la réforme du premier cycle de l’enseignement supérieur par Daniel Filâtre, recteur de l'académie de Versailles et rapporteur général, jeudi 19 octobre 2017.

Concertation - remise du rapport

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

Le 17 juillet dernier, nous étions rassemblés, dans cette même salle, pour lancer la concertation sur l’accueil et la réussite des étudiants en premier cycle. Depuis, nous n’avons cessé d’échanger et de travailler ensemble. Nous l’avons fait dans le cadre de réunions bilatérales, puis au sein de 11 groupes de travail qui vous ont réunis, afin de partager nos analyses et de faire, dans le dialogue, des propositions de solution.

Cette méthode, fondée sur la concertation et le dialogue, je la revendique pleinement. Pour une raison simple : ce qui se joue, au travers de la question de l’accès et de la réussite des étudiants, c’est une part déterminante de l’avenir du pays.

Notre ambition, car je crois pouvoir dire qu’elle est partagée, c’est de rendre accessible l'enseignement supérieur au plus grand nombre, c’est de permettre aux générations qui viennent d’accéder à des niveaux de formation plus élevés, c’est d’armer nos jeunes pour qu’ils puissent, demain, construire leur parcours, leur vie et leur histoire. C’est la clef de tout progrès, individuel et collectif. La meilleure assurance face aux changements et aux ruptures technologiques, économiques et politiques, ce sont le savoir et la formation.

La crise que nous avons connue, à l’été, autour d’A.P.B. et du tirage au sort, est venue, s'il en était besoin, nous ouvrir collectivement les yeux sur l’absurdité du système que nous avons laissé s’installer. Cette crise n’était pas due à un dysfonctionnement technique. Elle a révélé une forme de manquement politique et un refus de regarder la réalité telle qu’elle est. Cette réalité, je vous remercie donc très sincèrement d’avoir tous accepté de la regarder en face en participant à ces échanges, qui ont démarré avant que la CNIL et la Cour des Comptes ne viennent nous interpeller sur le sujet et ne rendent leurs avis.

Le tirage au sort, c’est en effet la négation même d’une logique de progrès et de réussite individuelle et c’est un non-sens social. On ne peut pas, on ne peut plus s’en remettre au hasard pour répartir des places et accueillir les étudiants. Et je sais que nous sommes tous en accord sur ce point : nous devons remettre du sens et de l’humain dans l’accompagnement des étudiants vers la réussite.

Une autre réalité s’est imposée : celle de l’inégalité des chances qui existe entre les voies générales, technologiques et professionnelles du baccalauréat. Nous avons aussi le devoir d’y répondre et d’y apporter des solutions.

Enfin, nul ne peut ignorer non plus que l’échec ou la réorientation ne sont pas aussi facilement supportables par tous. Certains peuvent le supporter financièrement plus facilement que d’autres. Certains peuvent le supporter psychologiquement plus facilement que d’autres.

Et cela veut dire, en réalité, poser globalement la question de l’accès et de la réussite en premier cycle.

Bien sûr, les modalités sont centrales. Mais notre attention ne peut être tout entière focalisée sur les quelques mois de la procédure d’affectation et se relâcher lorsque, quelques semaines après la rentrée, amphithéâtres et salles de cours se vident et que les places si disputées se trouvent désormais trop souvent abandonnées.

Nous ne pouvons plus nous satisfaire du taux d’abandon en B.T.S. et du faible pourcentage de réussite en Licence en 3 ans. Nous ne pouvons plus nous satisfaire de cela ni pour nos jeunes, ni pour notre enseignement supérieur. Et nous le savons tous : la preuve, c'est qu'un peu partout en France, dans les universités, dans les écoles, dans les lycées, des équipes pédagogiques se sont saisies de ce sujet et s’engagent pour la réussite des étudiants.

Je veux les en remercier aujourd’hui et leur dire, en notre nom à tous, ma reconnaissance. Ce sont les éclaireurs de la transformation du premier cycle et je sais que les différents groupes de travail ont été très attentifs à ces initiatives, qui ont nourri leur réflexion.

Je serai aussi particulièrement attentive aux conclusions du groupe de travail sur la vie étudiante, sachant l’impact de la précarité et du mal-être sur la réussite. Aussi, quelles que soient les mesures envisagées pour accompagner la réussite, sachez qu'elles prendront aussi en compte ces aspects essentiels.

La question de l’accueil et de la réussite des étudiants en premier cycle nous engage donc tous. C’est un défi pour notre enseignement supérieur et plus généralement pour la société. C’est la raison pour laquelle je vous remercie d’avoir partagé constats et analyses et contribué à imaginer, sans dogmatisme, les solutions.

Dans quelques instants, Daniel Filâtre aura l’occasion de le montrer, en présentant son rapport général qui est riche du travail des 11 groupes auxquels vous avez participé.

La participation de chacun d’entre vous à chacun de ces groupes a appelé, je le sais, une mobilisation forte de votre part et de celle de vos organisations. C’est votre présence active et régulière au sein des 11 groupes qui a rendu la réflexion aussi riche. Bien sûr, les débats ont pu parfois être vifs, le consensus ne sera peut-être atteint sur chaque question. Mais chacun a pu faire entendre sa voix, son analyse et c’est sur cette base que les rapporteurs, d’abord, puis le rapporteur général, ensuite, ont pu construire la vision d’ensemble qui va nous être présentée aujourd’hui.

Ce rapport général, n’a bien sûr pas vocation à trancher l’ensemble des questions et à proposer une solution "clef en main". Il est là pour dresser un état des lieux, pour présenter une réflexion issue de l’ensemble des acteurs de notre enseignement supérieur, pour ouvrir des voies et tracer des pistes de solutions. Certaines seront consensuelles. Je m’appuierai sur elles. D’autres ne seront pas partagées par tous. Nous aurons donc à approfondir et à trancher. Ce sera mon rôle et ma responsabilité, dans le dialogue et dans l’écoute.

Un mot, enfin, pour remercier, en mon nom propre et en votre nom à tous, je le sais, l’ensemble des rapporteurs qui ont travaillé avec vous. J'ai souhaité qu'ils soient présents aujourd’hui. Vous avez été nombreux à me dire que vous aviez trouvé en eux des interlocuteurs efficaces, ouverts et bienveillants. Merci à vous tous donc, chers rapporteurs, d’avoir pris de votre temps, d’avoir contribué à vivifier les discussions, de les avoir rendues aussi imaginatives et créatives que possible et, enfin, d’avoir assuré, avec sérénité, la conduite de ces travaux.

Je veux également remercier l’ensemble des services qui se sont mobilisés pour mettre à disposition leur expertise propre. Je pense d’abord tout particulièrement à la D.G.E.S.I.P. qui s’est pleinement consacrée à cette mission sans ménager son temps et son énergie. Un grand merci à vous, cher Frédéric Forest, et à toutes vos équipes. Mais je pense également bien sûr à la DGESCO, merci cher Jean-Marc Huart, et à la direction des sports.

Mesdames et messieurs, la concertation ne s’arrête pas aujourd’hui. Elle entre à présent dans sa dernière phase. Dans les jours qui viennent, nous aurons occasion l’échanger sur les conclusions du rapport général, puis il reviendra au Gouvernement, sur la base de ces trois mois de dialogue et de réflexion partagée, de prendre ses responsabilités. Avec un objectif : celui de supprimer la sélection par le tirage au sort dès la rentrée 2018 et de mettre en place un accès au premier cycle rénové.

Encore une fois, je remercie chacune et chacun d’entre vous et je cède à présent la parole à Daniel Filâtre auquel j’adresse mes plus sincères remerciements pour s’être engagé dans ce chantier avec l’expertise et la passion qui le caractérisent.

Je vous remercie.