Publié le 20.11.2017

Discours de Frédérique Vidal à l'occasion de la 4e édition du prix PEPITE

Frédérique Vidal s'est exprimée à l'occasion de la remise des prix PEPITE-Tremplin pour l'Entrepreneuriat Étudiant, mercredi 15 novembre 2017, à la Cité internationale universitaire de Paris.

Prix PEPITE 2017 : discours de Frédérique Vidal

Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour cette grande fête de l'entrepreneuriat étudiant qu'est la remise du Prix PEPITE.

En mettant à l'honneur les 53 projets de création d'entreprises innovantes distingués cette année, ce que nous célébrons, c'est la formidable inventivité de la jeunesse française. "La difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre". Cette phrase de Beaumarchais révèle l'essence-même de l'esprit d'entreprise : l'audace. L'audace est le fil conducteur qui guide tout entrepreneur à chaque étape de la création d'une start-up. C'est aussi une qualité que l'on prête à la jeunesse, ce temps des possibles où tout s'accélère. C'est pourquoi le terme d'étudiant-entrepreneur résonne comme une opportunité. L'opportunité de conjuguer énergie, enthousiasme, imagination, savoir, découverte. Et de les voir prendre corps dans l'entreprise, cette force de transformation sociale, elle-même créatrice, d'emploi, de services, de valeur.

Je tiens donc à féliciter très chaleureusement les 3 Grands Prix et l'ensemble des lauréats PEPITE réunis aujourd'hui pour avoir osé ! Osé imaginer, osé prendre des risques, osé faire ! Votre audace et votre créativité sont l'espoir de notre pays car elles contiennent une promesse : celle d'un avenir synonyme de progrès, de vitalité culturelle et économique, de solidarité. Mais si la société place de telles espérances en vous, il lui appartient en retour de vous donner les moyens de les réaliser. La création d'entreprise ne peut pas être un chemin solitaire. Si elle n'est pas encouragée, accompagnée, si elle ne trouve aucun écho, l'audace risque de s'éteindre. Les prix PEPITE sont la preuve d'une mobilisation collective en faveur de l'entrepreneuriat étudiant et je tiens à remercier tous ceux qui concourent à leur réussite : le jury, son président Fred Potter, P.D.G. de Netatmo, Jean-Pierre Boissin, coordonnateur national du plan PEPITE, nos partenaires, la Caisse des dépôts et PEPITE France, ainsi que les équipes des 29 PEPITE réparties sur tout le territoire.

La France, pays de l'entrepreneuriat

La France porte une ambition : celle de devenir le pays des start-up et de l'entrepreneuriat, de devenir cette "start-up nation". La vitalité économique de notre pays repose sur le dynamisme de nos entreprises. Et la santé de notre économie, ne l'oublions pas, est aussi celle de notre société. Créer de la richesse, créer de l'emploi, c'est permettre à chaque citoyen de trouver sa place et de se sentir lié au destin national.

En juin dernier s'est tenu le grand rendez-vous de l'Innovation qu'est le salon Viva Tech et je souhaite à tous nos lauréats d'y prendre part bientôt. À cette occasion, le Président de la République a appelé de ses vœux la création d'un entreprenariat des Lumières, en réinventant nos modèles et nos valeurs. Quel genre d'entrepreneurs auraient donc été les Encyclopédistes ? L'esprit des Lumières repose sur une aspiration à la connaissance universelle d'une part et sur une vie intellectuelle foisonnante d'autre part. L'entreprenariat des Lumières, c'est celui qui se nourrit de savoirs éclectiques et d'idées qui se confrontent. Or la révolution numérique a transformé l'échelle de la production et de la circulation du savoir. L'ère digitale donne une toute autre dimension à cet entrepreneuriat éclairé, en lui permettant de s'appuyer sur des données illimitées et sur des réseaux mondiaux. Voilà un premier constat : au 21e siècle, la création d'entreprise doit se nourrir d'échanges et de savoirs croisés, dont le volume est démultiplié par la transition numérique.

Par ailleurs, poser la question de l'entrepreneuriat des Lumières revient à se demander : comment se décline l'action au pays des idées ? L'esprit français se caractérise par son anticonformisme et son obstination à sortir des sentiers battus. Voilà des atouts indéniables pour innover. L'exigence intellectuelle est à n'en pas douter une arme précieuse dans la conduite d'un projet, à condition de ne pas devenir paralysante et d'autoriser un droit à l'erreur. Notre tendance à valoriser l'abstraction et à négliger l'empirisme, à faire de la perfection conceptuelle un préalable à la réalisation concrète, peuvent devenir autant de freins à l'esprit d'entreprise dès lors qu'ils conduisent à privilégier le "penser" au détriment du "faire". Notre tradition intellectuelle est une tradition d'excellence qu'il nous faut préserver. Mais elle doit aussi laisser plus de place à l'expérimentation, à la progression par essai-erreur, et ne pas considérer l'échec comme un point final à l'action, mais comme une étape vers la réussite.

Construire une autre relation au risque en valorisant l'expérimentation. Croiser les savoirs en favorisant les échanges : voilà posées les bases de la culture entrepreneuriale du 21e siècle. Et le foyer de ce renouveau culturel ce sont nos universités et nos écoles. Nos campus doivent se concevoir comme des espaces de liberté, d'expérimentation, de dialogue. Ils doivent devenir de véritables campus d'innovation. Les études supérieures incarnent ce moment privilégié où l'envie de refaire le monde croise la science dans toute son excellence.

Favoriser l'entrepreneuriat-étudiant, c'est d'abord encourager une culture de l'échange et du travail collaboratif. Dès le début de son histoire, la création d'entreprise est une aventure humaine et collective. Je suis certaine que vous tous, chers lauréats, pourriez en témoigner. L'entreprise c'est d'abord une idée innovante, et cette idée n'éclot pas uniquement dans le secret de la pensée individuelle. Elle naît souvent d'une rencontre, d'un échange. Elle s'insinue ensuite dans les conversations, fait son chemin dans d'autres esprits. Si l'innovation se nourrit de savoirs et d'excellence, elle n'est pas pour autant une pure abstraction. Elle ne tombe pas tout droit du ciel des idées. Je suis convaincue qu'elle naît plutôt aux interfaces et aux carrefours ; dans la rencontre des individualités et le choc des cultures ; et ce sont ces échanges qui donnent à l'innovation toute son épaisseur, une épaisseur humaine.

Notre priorité, c'est donc de multiplier les connexions et les surfaces de contact puisqu'elles sont fertiles en idées neuves. Nous aiderons à transformer les campus en écosystèmes complets d'innovation rassemblant sur un même site les laboratoires, les universités et les écoles, les entreprises. Le site est résolument la bonne échelle pour soutenir l'innovation : assez grand pour accueillir ses acteurs majeurs, assez resserré pour leur permettre de se connaître et de construire un projet ensemble.

Cette culture de l'échange est fondamentale pour permettre l'émergence de l'innovation, mais elle doit aussi accompagner le futur entrepreneur durant tout son parcours. Le travail en équipe, le sens du collectif, c'est aussi cela l'esprit d'entreprise. Et notre système éducatif, qui promeut encore largement la réussite individuelle, peut lui faire obstacle s'il ne valorise pas davantage la culture collaborative. L'Enseignement supérieur a pris ce virage, notamment en valorisant davantage le travail en groupe, et en multipliant les espaces de coworking, mais il faut aller plus loin encore. Car l'esprit d'équipe qui animera l'étudiant, c'est le même que celui qui conduira l'entrepreneur à se sentir solidaire de ses salariés, à se sentir concerné par l'impact de son activité sur la santé économique, sociale et environnementale de son pays.

L'entrepreneuriat : une culture de l'échange

Favoriser l'entrepreneuriat-étudiant, c'est aussi encourager l'expérience.

L'esprit d'entreprise consiste à essayer, et essayer encore, à échouer parfois pour mieux rebondir et explorer de nouvelles pistes. L'Enseignement supérieur doit impérativement s'entendre comme un espace d'expérimentation, qui laisse plus de place à l'approche empirique. C'est tout le sens du dispositif PEPITE. Permettre aux étudiants de s'essayer à la création d'entreprise, de tester leur projet et leur vocation, et d'apprivoiser la prise de risque dans un cadre bienveillant et galvanisant. Cette promotion de l'expérimentation se traduit par un statut, à la fois protecteur et incitatif, le statut d'étudiant-entrepreneur.

Enfin, on ne peut encourager l'expérimentation sans reconnaître sa valeur. C'est pourquoi l'aménagement du temps et la reconnaissance du projet d'entreprise comme une composante à part entière du parcours de formation sont des aspects essentiels du dispositif qui méritent d'être développés encore davantage.

Pour résumer, l'essence du dispositif PEPITE tient en un mot : accompagner. Et la promesse du prix PEPITE, c'est de poursuivre cet accompagnement le plus loin possible, pour que vos projets se concrétisent ; pour que l'audace qui vous a mené jusqu'ici ce soir continue d'inspirer votre action. Mais cet accompagnement n'a de sens que parce que, vous, la nouvelle génération, êtes prêts à vous lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Ce désir-là, il vous appartient. Tout le reste, je l'ai dit, est collectif, mais cette aspiration-là est vôtre. Nous pouvons susciter l'envie d'entreprendre, l'encourager, la développer, mais pas la décréter. Et j'en viens donc à cette dimension essentielle, qui fait de l'enseignement supérieur l'espace-temps idéal de la création d'entreprise : vous, la jeunesse.

Car tous les dispositifs sont des coquilles vides sans vous, sans votre énergie, sans votre créativité ! La vocation de la communauté de l'enseignement supérieur et de la recherche, c'est de soutenir votre goût d'entreprendre afin qu'il vous mène à la réussite. Pourquoi la jeunesse est-elle un moment privilégié pour créer son entreprise ? Car vous êtes en prise avec les évolutions culturelles et technologiques du monde, parce que vous participez à leur diffusion, à leur développement et à leur création. Il est plus facile de bâtir le monde de demain lorsqu'on en a déjà franchi le seuil.

Or, ce que révèle cette 4e édition du prix PEPITE, c'est que le goût d'entreprendre ne cesse de se développer parmi les étudiants et les jeunes diplômés. 626 candidatures au prix PEPITE ont été déposées auprès des PEPITE en 2017 soit 7% de plus que l'an dernier. Au terme de l'examen du jury national, ce sont 53 projets qui sont distingués, dont 3 Grands Prix : 53 projets aujourd'hui, ce sont 53 start-up demain, et pourquoi pas 53 licornes à venir ! Car c'est la dimension du rêve qui doit vous porter. La récompense que vous recevez aujourd'hui est une marque de reconnaissance, de votre travail, de votre ténacité ; mais c'est aussi et surtout une marque de confiance : nous croyons en votre potentiel, nous croyons en l'avenir de vos entreprises et nous leur souhaitons tout le succès possible ! Car ce succès irriguera la société dans son ensemble.

En effet, en parcourant le détail de vos projets, on est frappé de constater à quel point ils sont en prise avec les grands défis sociétaux du 21e siècle. Les 3 Grands Prix en sont une parfaite illustration. Samesame permet aux personnes atteintes d'aphasie de continuer à communiquer. Elle participe au maintien du lien social. Batiphoenix s'empare d'une problématique environnementale en facilitant le réemploi des matériaux de construction. Enfin, TicTacTrip, premier comparateur de prix à développer l'intermodalité, répond à un impératif de mobilité. Communiquer, recycler, se déplacer. Autant d'enjeux majeurs pour l'avenir de notre pays.

L'audace, et vous en êtes la preuve, a un immense pouvoir : celui de passer de l'imagination au réel, de transformer des rêves d'action en entreprises, de convertir des idées en emploi et en valeur. Et c'est notre rôle de vous donner toutes les raisons de croire, en votre projet, en votre avenir, en vous.

Toutes mes félicitations !

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