Le rapport sur l’intelligence artificielle (IA) rédigé par le mathématicien et député Cédric Villani, a été rendu public mercredi 28 mars 2018. Parmi les nombreuses pistes proposées : créer un réseau d’Instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle, mettre en place un supercalculateur conçu spécifiquement pour les applications d’IA, ou encore rendre plus attractives les carrières dans la recherche publique afin d’éviter la fuite des cerveaux vers les géants américains.
Cédric Villani, lauréat 2010 de la médaille Fields – la plus haute distinction mondiale en mathématiques –, mène depuis septembre dernier une large réflexion sur l'intelligence artificielle (IA) qui a conduit à la remise, mercredi 28 mars 2018, d’un rapport détaillé sur le sujet.
Il s'agit de renforcer la place mondiale de la recherche française en IA en créant, à l'intérieur d'une sélection d'établissements publics d'enseignement et de recherche, des Instituts interdisciplinaires d'intelligence artificielle réunissant chercheurs, ingénieurs et étudiants. Ils devront être concus comme des "zones franches de l'IA" : allégement des formalités administratives, compléments de salaire, aides pour l'amélioration de la qualité de vie.
Il faudra également attirer des partenaires privés porteurs de solutions nouvelles en IA en leur permettant de former leurs ingénieurs, de recruter des ingénieurs de haut niveau, de réaliser ou consolider des avancées technologiques.
Les instituts de recherche en IA doivent pouvoir disposer d'outils de calcul qui leur qui leur permettent de rivaliser avec les moyens des grands acteurs privés.
Le rapport propose donc la mise en place d'un supercalculateur conçu spécifiquement pour les applications d'IA, dédié aux chercheurs et à leurs partenaires économiques dans le cadre de projets communs.
Le rapport propose de revaloriser les carrières d'enseignants-chercheurs et de chercheurs, en particulier en début de carrière, sous peine de voir se poursuivre la captation de nos meilleurs cerveaux par les géants de l'IA et de se tarir définitivement le flux de jeunes prêts à s'investir dans l'enseignement supérieur et la recherche académique.
Il fixe également pour objectif de multiplier par trois le nombre de personnes formées en IA d'ici à 3 ans, avec des actions spécifiques visant à féminiser les formations en mathématiques et en informatique (40% de femmes dans les filières du numérique).
Il évoque la possibilité de créer de nouveaux cursus et de nouvelles formations à l'IA : programmes croisés, doubles cursus (droit-IA par exemple)s, formations de haut niveau en IA (doctorat, master) ou à des niveaux intermédiaires (bac+2 et bac+3). Et propose des bourses de master ou de thèse fléchées IA...
La France compte parmi les 4 premiers pays au monde pour la production mondiale d’articles sur l’intelligence artificielle, avec la Chine, les Etats-Unis, et le Royaume-Uni, grâce à son excellence en mathématiques, en STIC et en SHS.
268 équipes de recherche
5 300 chercheurs
81 écoles d’ingénieurs et 38 universités délivrant 138 cours liés à l’IA.
18 diplômes de mastères spécialisés en IA
80 ETI et PME et plus de 270 start-ups spécialisées dans l’IA, avec un rythme de création soutenu : plus de 30% par an depuis 2010.
400 M€ par an de financement public pour la recherche en IA