Publié le 01.12.2025

Alka Patel, chercheuse américaine accueillie à Aix-Marseille Université

Alka Patel fait partie des premières scientifiques accueillies en France, au sein d'Aix-Marseille Université, dans le cadre du programme d'accueil des chercheurs américains, Safe Place For Science. Portrait.

C'était vraiment la première opportunité de penser que peut-être je peux travailler, je peux enseigner, je peux avoir une autre équipe de recherche en France.
Je m'appelle Alka Patel, je fais de la recherche sur l'architecture et l'histoire de l'architecture en Asie du sud, c'est-à-dire le sous-continent indien, mais cela va de l'Afghanistan jusqu'au Bangladesh et aussi au Sri Lanka. C'est une chose que je savais depuis longtemps, qu'il y a des problèmes pour la recherche, surtout pour voyager. Par exemple, c'était pratiquement impossible de voyager à Cuba et aussi en Iran, et on imagine que c'était vraiment un obstacle important.
La recherche est vraiment faite dans un autre esprit ici en France, c'est plus collectif. Pour les projets, ici, toujours, on pense en termes d'équipe, et j'apprécie l'esprit de communauté. Cela fait longtemps que je n'avais pas beaucoup de lumière, je veux dire, et je n'avais pas beaucoup d'optimisme aux États-Unis.
Pour moi, le plus intéressant, ce sont les connexions entre les traditions architecturales, à travers les régions de l'Eurasie, c'est-à-dire le monde iranien, et bien sûr, avec l'Inde. Et il faut aller dans les régions avec les restes architecturaux pour documenter, étudier, mais c'était toujours difficile, et pour tous les chercheurs qui travaillent sur le monde islamique, par exemple, c'est pratiquement impossible. Il y a un contraste entre le monde scientifique aux États-Unis et en France. Je dirais qu'actuellement, c'est aussi pour ouvrir les horizons pour mes étudiants qui ont fini très récemment leur doctorat, et pour eux, ça ouvre des opportunités. Maintenant, ils regardent sérieusement les post-doctorats et les autres choses ici en Europe, et surtout en France. Bien sûr, pour ma carrière, c'est une opportunité de fortifier les liens avec les collègues ici en France. Et si je vois des horizons plus amples, c'est positif.

Historienne de l'architecture et de l'art, Alka Patel est professeure émérite à l’Université de Californie. Dans le cadre du programme d'accueil des scientifiques américains empêchés de la fondation Amidex, Safe Place For Science, elle a rejoint le Laboratoire d'Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (LA3M), commun à l'Université d'Aix-Marseille et au CNRS. Elle y assure la coordination du projet de recherche Indo-persian-Continuum

Sa recherche porte sur la sphère culturelle indienne et ses liens avec l’Iran et l’Asie centrale. Comme tous les chercheurs qui étudient le monde islamique, elle a été confrontée très tôt à l'incapacité de voyager en Iran ou en Afghanistan pour des raisons géopolitiques. Ces conditions de travail ont rendu complexe la recherche sur le terrain ou l'étude des documents, l'obligeant à se rendre dans ces régions par ses propres moyens et dans l'illégalité.

Avant l'opportunité offerte par Aix-Marseille Université, Alka Patel avait déjà noué des liens avec des collègues chercheurs français, à Paris et dans le sud de la France. Elle a notamment bénéficié d'une bourse de recherche lors d'une résidence à l’INHA en 2023.

Ce contrat au sein du laboratoire d'Aix-Marseille Université lui permet de constituer sa propre équipe et de poursuivre un travail pluridisciplinaire.