Du 7 au 10 juin, le service de coopération et d’action culturelle Amérique centrale (SCAC AMC), l'Université du Costa Rica (UCR) et l’Université Nationale du Costa Rica (UNA) ont organisé un colloque académique et scientifique "Océans et Sociétés : vers un réseau de coopération franco-centraméricain". Une quarantaine de chercheurs de France et d’Amérique centrale sont intervenus durant ce colloque sur trois thématiques prioritaires : gouvernance et gestion marine et côtière ; pollution marine et côtière - impacts ; variabilité climatique et événements extrêmes. Au total six conférences suivies de tables rondes ont été organisées ainsi qu’une la projection du documentaire Océans de Jacques Perrin et une visite de terrain à Puntarenas organisée par l’UNA.
Toutes les vidéos sont disponibles sur la page du CIMAR. L’ensemble de ces échanges va permettre de déposer un projet FSPI Océan (financement ministère de l’Europe et des Affaires étrangères) pour accompagner la création d’un réseau scientifique entre la France et l’Amérique centrale sur ces thématiques.
Journée d’ouverture – 7 juin
Elle a débuté par les mots de bienvenue d'Alvaro Morales, directeur du Centre de Recherche en Sciences de la Mer et Limnologie (CIMAR) de l'UCR, de Paulo Pais, conseiller régional de coopération et d'action culturelle pour l'Amérique centrale, et de Gabriela Pino, du vice-rectorat de recherche de l'UNA.
Conférence sur le thème des microplastiques
Karol Ulate, chercheuse du Laboratoire d'Etudes Marines et Côtières de l'UNA (LEMCO) a présenté ses projets de recherche sur l'omniprésence des microplastiques, tant en mer que sur terre, et le lien entre ces pollutions. Une table ronde a ensuite suivi réunissant Marie-Yasmine Dechraoui-Bottein de l'Université Côte d'Azur (UCA), Edgar Dusacre (à distance) de l'université de Bordeaux et issu du double-diplôme entre l'Université La Rochelle et l'UCR, Karla Paz de l'Université San Carlos de Guatemala (USAC) et Oscar Amaya de l'Université El Salvador. Chacun a pu présenter les projets de son université, et plus globalement de son pays, en matière de lutte contre la pollution induite par les microplastiques. Il a également été question de l'impact sanitaire des microplastiques, encore assez méconnu à ce stade.
Conférence sur "La connectivité marine, élément clé dans la gouvernance marine et la gestion côtière"
Edgardo Díaz Ferguson, directeur exécutif et coordinateur scientifique de la station scientifique AIP Coiba, au Panama a présenté le travail de l'AIP Coiba, pionnière en la matière au Panama. Une table ronde a ensuite réuni Camille Mazé, CNRS, Université La Rochelle, Benoit Dérijard de l'UCA, Johanna Segovia de l'Université Francisco Gavidia et Erick Villagran de l'USAC. Ils ont pu échanger sur les enjeux de la gouvernance marine et côtière dans leurs pays respectifs, la création et la gestion d'aires marines protégées, l'intégration des communautés locales ainsi que l'importance du concept de socio-écosystème.
La journée s'est terminée par une intervention de François Colas (à distance) de l'IRD, en binôme avec Edouard Kraffe de l'Université de Bretagne Occidentale (UBO). Ils ont détaillé leur projet de recherche sur la dynamique des phénomènes extrêmes dans le Pacifique Tropical Oriental et ses répercussions sur les réponses physio-écologiques des ressources côtières. Ils ont également présenté leurs observatoires low-cost particulièrement innovants déployés auprès des communautés côtières dans le cadre de ce projet. Eric Alfaro de l'UCR, Gisselle Esther Guerra de l'Université Technologique du Panama (UTP), Mauro Vargas de l’UNA et Abdelfettah Siffedine de l’IRD ont par la suite rejoint la table-ronde et présenté leurs travaux dans ce domaine. La discussion a également porté sur les besoins en formation tant en Amérique centrale qu’en France pour s’adapter aux enjeux actuels et locaux.
Journée mondiale des Océans – 8 juin
Dans le cadre de la Journée mondiale des océans, des interventions institutionnelles ont été organisées. Mauro Vargas et Sergio Cambronero, chercheurs à l'UNA, ont réalisé une présentation de l'Institut International de l'Océan (IOI). Sergio Cambronero est intervenu en direct du navire de recherche "Octopus Odyssey", une expédition océanographique internationale coordonnée par le Schmidt Ocean Institute.
La matinée s'est conclue par des présentations croisées entre la France et l'Amérique centrale.
- Alain Lagrange, expert conseiller en sciences marines et sciences polaires du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a dressé un panorama des activités de recherche marines françaises.
- Lenin Corales du Centre Agronomique Tropical de Recherche et d'Enseignement (CATIE), et Carlos Murillo de l'UNA et l'UCR, ont présenté respectivement les forces, les enjeux et les besoins en Amérique centrale. Ces présentations ont été réalisées à l'échelle régionale et pays par pays, mettant en évidence les efforts d'articulation des pays pour une meilleure gouvernance marine, se traduisant par des projets et des outils concrets qui dépassent parfois les limites de l'Amérique centrale.
L'après-midi a été consacré à la thématique de la gouvernance et de la gestion marine et côtière.
- Annie Cudennec de l'UBO a présenté les enjeux juridiques de la gouvernance des océans lors d'une première conférence.
- Jean-Christophe Martin de l'UCA a abordé le droit international et la gouvernance du littoral en utilisant le modèle de gestion intégrée des zones côtières en Méditerranée lors d'une seconde conférence magistrale.
S’en est suivie une table ronde avec la participation de Denis Duclos, directeur des relations européennes et internationales du Muséum National d'Histoire Naturelle, Oscar Juárez de l'UNA, Christophe Mocquet de l'UCA, Vanessa Merlo de l'Universidad Autónoma Nacional de Honduras (UNAH), et Fabio Buitrago (à distance), écologue marin nicaraguayen actuellement en poste à Boston University.
Journée du 9 juin : sessions parallèles
Trois sessions parallèles ont été organisées.
Le travail des ONG
L'Office Français de la Biodiversité a organisé un échange à distance entre des ONG françaises et costariciennes. L'objectif était de favoriser leur connaissance mutuelle et d'envisager des collaborations avec les acteurs académiques et scientifiques. La rencontre, qui a débuté avec l'ouverture par le conseiller régional Paulo Pais, Jenny Asch (coordinatrice du programme marin du Système National des Aires de Conservation du Costa Rica - SINAC) et Cyrille Barnerias (directeur des relations européennes et internationales de l'OFB), s'est avérée riche et fructueuse. Certaines ONG envisagent désormais de proposer conjointement des side events pour les rencontres de 2024 au Costa Rica et 2025 en France.
- Pour le Costa Rica, les ONG participantes étaient Sustainable Ocean Alliance Costa Rica, la plateforme Océan Climat, Marviva, la Fondation de la Mer et Conservation International Costa Rica.
- Pour la France, les participants incluaient Réserves Naturelles de France, la Fondation One Sea, la Fondation Tara et Nausicaa.
Conférences
Parallèlement, Béatrice Thomas-Tual de l'UBO et Cécile Sabourault de l'UCA ont présenté les stratégies internationales de leurs universités. À la suite de cette présentation, Vianney Pichereau (1er vice-président en charge de la mer à l'UBO) a pris la parole pour introduire les deux conférences magistrales de la matinée.
- Gustavo Barrantes de l'UNA a présenté son travail sur l'élévation du niveau de la mer, les événements extrêmes de houle et l'érosion sur les côtes caribéennes costariciennes. Il a ensuite animé un échange entre Silvia Chacón de l'UNA, Juan José Alvarado de l'UCR et lui-même.
- La deuxième conférence, intitulée "Polluants émergents et espèces non-indigènes : comment les détecter de façon précoce et anticiper les risques", a été assurée par Eric Röttinger de l'UCA. Il a présenté les projets du laboratoire ECOSEAS sur la pollution sonore en mer, l'impact de la pollution marine sur le développement des poissons, les blooms d'algues toxiques et la détection d'espèces invasives. Il a également évoqué les travaux de l'Institute for Research on Cancer & Aging (IRCAN, CNRS-INSERM) liés à la mer, notamment un projet de recherche sur le renouvellement cellulaire des cnidaires en vue de développer des applications humaines dans le domaine de la réponse au stress. Une table-ronde a suivi la conférence, réunissant Andrea Suarez de l'UNA, Nancy Ariza de l'Institut Technologique du Costa Rica (TEC), Eddy Gomez de l'UCR et Marie-Yasmine Dechraoui-Bottein de l'UCA.
Réflexion sur la mise en place d’un FSPI Océan
La troisième session parallèle a été ouverte après les présentations des stratégies internationales de l'Université de Bretagne occidentale et de l’Université Côte d’Azur, elle avait pour objet également de réunir l’ensemble des parties dans le but de poser les premières bases d'un FSPI Océan qui sera soumis pour les années 2024-2025 afin d’accompagner la création d’un réseau scientifique entre la France et l’Amérique centrale.
Pour terminer ces présentations et débats fructueux Alvaro Morales, directeur du CIMAR, a présenté une synthèse de ces trois journées riches en échanges et prometteuses pour de futures coopérations.