Publié le 13.10.2025

Décryptez l'intelligence artificielle à la Cité des sciences et de l'industrie

Présentée jusqu’au 30 novembre 2025, l’exposition Intelligence artificielle propose au grand public de plonger au cœur de cette révolution technologique. L’exposition invite le public à comprendre les mécanismes de l’intelligence artificielle et à réfléchir à la place qu’elle occupe dans nos vies.

Immersion au cœur de l’IA 

Conçue par le Quai des Savoirs de Toulouse et coproduite avec Universcience, l’exposition pose désormais ses bagages à Paris jusqu’au 30 novembre à la Cité des sciences et de l’industrie. L’exposition Intelligence artificielle invite le public à plonger dans l’univers fascinant de l’IA. À travers des expériences ludiques, des manipulations et des dispositifs multimédias, les visiteurs découvrent comment une IA analyse des données, reconnaît un visage, etc... Loin d’un simple exposé technique, l’exposition met aussi en lumière les questions éthiques, sociales et philosophiques que soulève cette révolution numérique : peut-on faire confiance à une machine ? Quels biais influencent ses décisions ? Quels sont les impacts de l’IA ? 

Pouvez-vous nous présenter l’exposition ? 

Raphaël Chanay : Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est omniprésente dans les débats : elle est à la fois source d’espoirs mais aussi de craintes. L’exposition Intelligence artificielle invite les visiteurs à s’interroger sur cette dualité : le recours à cette technologie ouvre des possibilités infinies, mais la manière dont nous construisons les algorithmes et les bases de données qu’ils exploitent, bouleverse en profondeur nos cadres de référence.

Regards croisés sur l’IA

Nous sommes allés à la rencontre de Raphaël Chanay, directeur des expositions à Universcience et de Jean-Gabriel Ganascia, professeur en informatique, chercheur en IA (Sorbonne Université), membre senior de l’Institut Universitaire de France et membre du comité scientifique de l’exposition. 

Comment a été pensée l’exposition ? 

R. C. : Cette exposition se veut accessible à partir de 10 ans et au-delà. Elle propose un parcours juxtaposant des dispositifs interactifs expliquant le fonctionnement de l’IA avec des interviews d’experts et des œuvres artistiques qui questionnent notre relation avec cette technologie. À travers une scénographie immersive, elle plonge les visiteurs dans un univers abstrait, inspiré des pavages mathématiques, qui joue sur la dualité des formes et des couleurs : tout en noir et blanc, faisant écho à cette dualité inhérente aux questionnements soulevés par l’intelligence artificielle : humain / robot ; digital / organique ; présent / futur.

Crédits :
A Robin-EPPDCSI

Quels sont les objectifs que vous espérez atteindre avec cette exposition ? 

R. C. : L’exposition a pour objectif de rappeler les grands principes derrière la technologie de l’IA et de présenter de façon claire l’actualité des recherches et les développements scientifiques dans ce domaine. 

Elle vise aussi à interroger la notion de responsabilité, celle des ingénieurs et techniciens qui l’entraînent, mais aussi celle de la société dans son ensemble, du citoyen à l’entrepreneur ou au législateur. 

Raphaël Chanay, directeur des expositions à Universcience

Cette exposition permet-elle aux visiteurs de développer un esprit critique au sujet de l’IA ? 

 R. C.  : À travers l’idée de dualité, l’exposition cherche à pousser les visiteurs à se questionner sur leur propre rapport à cette technologie, jeunes ou moins jeunes, utilisateurs ou non-utilisateurs. En montrant l’importance de mieux la comprendre, elle invite les visiteurs à faire travailler leur esprit critique sur l’impact de l’IA sur leur vie de tous les jours. Elle décrit ces aspects positifs par exemple dans le secteur de la santé mais aussi ses limites comme son impact environnemental de plus en plus important ou le problème des biais qu’elle engendre.

D’après vous quelles sont les limites de l’IA ? Et les risques ? 

J. G. G : L’IA reproduit des facultés mentales telles que la perception, le raisonnement, la mémoire, l’apprentissage etc. On ne sait pas assigner de limites à ces simulations ; il n’est pas certain qu’il y en ait. En revanche, elle ne vise pas à reproduire un sujet intégral doué de volonté, d’émotion ou de désir. 

Les risques ne viennent pas de là, mais de la place qu’on accorde aux machines et surtout des individus qui nous manipulent à travers elles. 

Jean-Gabriel Ganascia, professeur en informatique et chercheur en IA

Les risques ne viennent pas de là, mais de la place qu’on accorde aux machines et surtout des individus qui nous manipulent à travers elles.

Quelles sont, selon vous, les prochaines étapes de la recherche en IA ? Est-ce que l’IA a atteint son plein potentiel ? L’IA est-elle un atout pour la recherche ?

 J. G. G : Les réseaux de neurones formels ont permis de faire d’immenses progrès. Grâce à eux, les machines stockent d’innombrables motifs caractéristiques de situations  singulières qu’ils réutilisent dans des situations semblables. Ça permet de reconnaître des images, de générer des vidéos ou des textes mais pas de raisonner. Dans le futur, il faudra coupler la simulation du raisonnement à ces approches.

Diriez-vous que l’IA va finir par remplacer l’humain ? Ou au contraire est-ce que l’IA va nous accompagner au quotidien ? Avez-vous un exemple de transformation marquante ?

J. G. G : Si l’IA remplaçait l’humain, nous nous retrouverions dans un monde fait uniquement de machines, sans humain, ce qui est absurde. L’IA ne se substitue pas à nous ; elle nous accompagne dans beaucoup d’activités quotidiennes, et ce de plus en plus, parfois sans que nous le sachions. Elle automatise un bon nombre de tâches fastidieuses. Et, certains métiers en sont affectés, par exemple celui de traducteur.

L’IA est-elle réellement intelligente ? 

J. G. G : L’intelligence de l’IA recouvre l’ensemble des facultés mentales de perception, de mémoire, de raisonnement, etc. L’IA vise à mieux comprendre ces facultés en les reproduisant sur des ordinateurs. Et, une fois reproduites, ces simulations sont intégrées à des dispositifs qui rendent d’innombrables services, mais ne sont pas intelligents en ceci qu’ils ne sont pas nécessairement doués d’ingéniosité.

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Crédits :
Adobe Firefly AI / MESR

Image générée par intelligence artificielle