Publié le 27.04.2020

Des examens télésurveillés, pour qui, pourquoi, comment ?

Dans le contexte de la pandémie actuelle, la question de l'organisation des examens en ligne est incontournable. Plusieurs modalités sont possibles dont les examens télésurveillés ne sont qu'une des possibilités. Les membres de la FIED s'engagent pour partager leur expertise et mettre à disposition du plus grand nombre leurs expériences.

Paroles d’acteurs du Sup

Des examens en ligne, quel format ?

À côté du classique contrôle sur table, il existe une grande variété de modalités d'évaluation dont la plupart sont transposables à distance. La typologie des modes d'évaluation croise plusieurs critères.

  1. Le type d'épreuve : on distingue la production de document, l'épreuve orale et les questionnaires automatisés de type quiz. Ils ne sont pas exclusifs les uns des autres et sont parfois combinés.
  2. L'accès aux documents : traditionnellement interdits dans le contrôle sur table, il peut être assoupli en autorisant de préparer une synthèse ou en donnant accès à la totalité des documents de cours, voire faire une recherche documentaire.
  3. Les conditions de réalisation : le travail demandé, ainsi que les modalités d'évaluation, peuvent également varier selon qu'il doit être fait individuellement ou non.
  4. Les contraintes temporelles : ces contraintes fixent à la fois la période et le délai impartis pour réaliser le travail (de quelques heures à plusieurs jours), mais aussi la synchronisation ou non des épreuves (tous les étudiants passent ou non l'examen en même temps).

De ces différents critères dépendent ce qui va être évalué et l'importance du travail d'évaluation. Les collègues d'Unidistance et de l'Université de Lausanne ont synthétisé dans un Vademecum une typologie des évaluations avec :

  • l'alignement de celles-ci avec les niveaux d'évaluation issus de la "taxonomie de BLOOM" (1956) ;
  • plusieurs exemples de mise en œuvre dans le contexte de la distance.

Cette synthèse constitue une bonne base pour la réflexion sur vos besoins d'évaluation à distance.

Le problème de la triche

C'est une question récurrente lors de l'organisation des examens et la réalisation de ceux-ci à distance rend cette question encore plus critique. La triche n'est cependant pas spécifique aux évaluations à distance. Les examens en présentiel n'en sont pas exempts, même si la surveillance tend à la limiter. Il s'agit de s'assurer que :

  • l'étudiant est bien la personne qui compose ;
  • son travail est bien le sien ;
  • qu'il a eu accès aux seuls documents autorisés.

Les principales formes de triche à distance consistent à demander de l'aide à un tiers pour composer et faire le travail de manière collaborative. Pour chacun de ces problèmes, des contre-mesures sont possibles.

La première consiste à modifier en profondeur les modalités d'examens pour rendre plus difficiles, voire inutiles les cas de triche, en proposant des sujets qui demandent davantage de recul critique et de créativité. De nombreux exemples sont présentés dans le Vademecum d'Unidistance et de l'Université de Lausanne. L'UNESS, l'Université Numérique et la FIED ont réalisé un arbre de décision qui permet de sélectionner la modalité adaptée aux contraintes et au niveau de risque de triche accepté.

La deuxième est de s'appuyer sur des dispositifs techniques permettant de reconstituer à distance les conditions d'un contrôle de connaissances en salle. La plus simple consiste à organiser une surveillance par visioconférence, mais elle n'offre pas de garanties très poussées contre les antisèches ; elle est surtout adaptée aux examens oraux. Il est aussi possible de recourir à des dispositifs de télésurveillance. Plusieurs niveaux de contrôles sont possibles en fonction de ce qu'on veut obtenir.

Les examens télésurveillés dans le contexte de la crise sanitaire

La mise en œuvre d'examen télésurveillé ne peut pas s'improviser et doit être préparé en amont. Quatre étapes sont à prévoir :

  • l'analyse du besoin ;
  • la préparation des examens proprement dit. Pour les directions d'établissement, cette phase permettra de caler les questions juridiques et celles du RPGD (voir la fiche de la DGESIP) ;
  • le travail technique et organisationnel et la formation des surveillants et étudiants du côté des équipes pédagogiques et administratives ;
  • pendant l'examen lui-même, il faudra prévoir une équipe d'appui pour palier aux problèmes éventuels.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter la documentation réalisée dans le cadre du projet Erasmus + OP4RE, notamment l'IO3 pour la mise en œuvre.

Auteur(s)

Jean-Marc Meunier
  • Maître de conférences
  • Président de la Fédération Interuniversitaire de l'enseignement à distance
Université Paris 8 - Vincennes - Saint-Denis