Publié le 12.05.2025

Discours de Philippe Baptiste à Bpi France

Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a prononcé un discours le mercredi 12 mars à Bpi France.

 

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

LA SOUVERAINETE DE ET PAR LA REHERCHE

Mesdames, Messieurs, en vos grades et qualités

Je suis très heureux de vous retrouver aujourd’hui à l’occasion des 6 ans du plan Deeptech.

Cet anniversaire nous donne l’opportunité de célébrer ce qui a déjà été accompli ces dernières années, depuis le lancement du plan.

Je veux donc commencer par vous adresser à toutes et à tous mes sincères félicitations pour le chemin parcouru !

Le paysage de la Deeptech n’a rien à voir avec ce qu’il était en 2019.

Rien qu’un chiffre, que vous avez déjà entendu sans doute mais qui est frappant : le nombre d’entreprises Deeptech créées chaque année a été multiplié par deux.

Il y a aussi quelque chose de moins tangible, mais d’aussi important à mes yeux : l’état d’esprit à l’égard de la Deeptech a changé.

Des chercheurs aux entrepreneurs, des laboratoires aux usines, la conscience d’un continuum a pris de la vigueur.

C’est pourquoi participer à cet événement était pour moi une évidence : l’importance de la Deeptech est désormais incontournable.

Pour notre économie, pour notre écosystème de transfert, mais aussi pour notre souveraineté.

Oui, pas moins !

Et c’est la raison pour laquelle aujourd’hui, nous regardons avec une certaine fierté les six dernières années, et avec une grande ambition les années qui nous attendent.

Comme ministre chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, j’ai mis cette question de notre souveraineté au cœur de mon ambition.

A l’échelle de la France et de l’Europe, en tant pays, en tant que sociétés, en tant qu’économies.  

Ma conviction est que cette souveraineté dépend éminemment de l’autonomie de notre recherche.

De notre capacité à développer une recherche forte, indépendante.  

Vous savez comme moi que la recherche permet le retournement des hiérarchies établies, entre les entreprises, entre les pays.

Elle permet de poser les fondements des technologies de rupture.

Elle permet d’améliorer notre compétitivité, au service de notre économie.

Nous n’avons donc pas le choix d’investir ou pas dans la recherche.

Le moment que nous vivons, au niveau international, nous oblige à regarder nos vulnérabilités en la matière sans faux semblant.

Le président de la République a eu des mots très clairs, ces dernières semaines, à ce sujet.

Nous ne pouvons plus nous contenter d’une vassalisation heureuse, nous devons œuvrer en faveur de la souveraineté, de la recherche, par la recherche.

Au niveau européen, ce sujet est aussi revenu au cœur de notre effort collectif, dans la continuité du rapport Draghi.

A aucun niveau, nous ne pouvons faire l’économie d’un investissement massif en faveur de la recherche.

L’INNOVATION COMMENCE DANS LES LABOS

La recherche libre est essentielle.

La recherche fondamentale est nécessaire.

Elles sont nécessaires car elles nourrissent notre connaissance.

Elles sont incontournables car les ruptures technologiques les plus brillantes naissent dans l’obscurité des laboratoires.

Par exemple, l’intelligence artificielle a fait irruption dans la vie du plus grand nombre de manière tonitruante ces dernières années.

Ce que le grand public voit dans des agents conversationnels est le point d’aboutissement de décennies de recherche.

Des modèles d’intelligence artificielle qu’on pensait caducs dans les années 1960 ou 1970 ont nourri le renouveau actuel.

Sans cette recherche de l’ombre et du temps long, les modèles d’intelligences artificielle actuels n’existeraient pas.

C’est un constat qui amène le ministère dont j’ai la charge à soutenir d’une part la recherche dans la durée ; d’autre part, le transfert de la découverte scientifique à l’innovation technologique.

A ce titre, le ministère a réaffirmé son engagement, en assumant désormais le financement de 45 millions d’euros par an  du transfert technologique dans les trois prochaines années en s’appuyant sur la dynamique portée par les SATT.

Ce financement est aussi le signe d’une ambition : celle qu’il est possible de transformer l’écosystème du transfert technologique en le rendant plus proche des territoires et de la recherche universitaire, plus agile dans son fonctionnement, et tout simplement plus efficace au service des porteurs de projet.

Ce n’est pas ici, dans le siège de la Bpi, que j’aurai besoin d’expliciter l’importance d’un ancrage résolu dans les territoires.

L’INNOVATION NE S’ARRÊTE PAS AUX LABOS

Oui, il faut accompagner le transfert de technologie.

Nous avons encore parfois du mal à sortir de l’étape du laboratoire.  

Les obstacles sont de diverses natures.

Il y a encore un manque d’acculturation du monde de la recherche publique avec le secteur de l’innovation.

Un manque d’appétence aussi, dans certains cas une défiance.

Il y a, réciproquement, un manque de connaissance et de reconnaissance de la recherche publique par des entrepreneurs.

Même quand le transfert a eu lieu, nous avons encore du travail.

A chaque étape, nous devons amplifier notre effort : du labo au transfert, de la technologie à l’industrialisation.

A ce titre, nous menons un travail commun avec mes collègues, Clara Chappaz et Marc Ferracci, pour donner aux fruits de la recherche tout leur potentiel.

A nous trois, nous incarnons le continuum du labo à l’usine qui doit être notre horizon.

6 ANS DU PLAN DEEPTECH

Nous ne partons pas de rien.

En 6 ans, depuis le lancement du plan Deeptech, beaucoup a été fait.

Nous avons multiplié par deux le nombre de startups deeptech créées chaque année, pour atteindre quasiment 2 600 startups deeptech en France aujourd’hui.

Nous avons renforcé l’intégration de l’innovation et de l’entrepreneuriat Deeptech dans les territoires.

Nous avons amélioré le système de financement des startups dans ces domaines.

Nous avons progressé sur l’acculturation dont je parlais.

L’étincelle est là !

Le risque serait évidemment de nous reposer sur ce qui a été fait.

Vous savez Marie Curie écrivait dans une lettre : On ne fait jamais attention à ce qui a été fait ; on ne voit que ce qui reste à faire.

Je fais attention à ce qui a été fait, mais je vois aussi, ô combien, le chemin qui nous reste à parcourir.

Parmi les objectifs fixés il y a six ans, certains restent encore lointains.

La tendance paraît bonne pour le nombre de startups.

Mais ce ne sont pas elles qui assureront notre souveraineté.

Nous ne sommes pas encore au niveau en matière d’entreprises de taille industrielle.

Or ce qui fera notre souveraineté, ce sont des entreprises solides, capables d’industrialiser leur technologie à l’échelle de notre pays, et demain de notre continent.

Aujourd’hui les licornes Deeptech ne parcourent pas les prairies de l’économie françaises.

Pour le dire de manière moins bucolique et plus adapté au contexte du jour : si nous regardons notre écosystème Deeptech, nous sommes à un TRL de 4 ou 5.

Dans le contexte actuel, nous devons nous mobiliser pour arriver à 9 sur l’ensemble des technologies clés nécessaires à notre indépendance stratégique.

ALLER PLUS LOIN

Alors comment aller plus loin ?

Cela commence, je l’ai dit, dans les labos, et à l’interaction entre les laboratoires et le transfert.

Pour accélérer et fluidifier les process, nous avons un gros travail à faire en faveur de la standardisation.

Je veux absolument progresser pour uniformiser les processus de transfert.

Les travaux sur ce sujet démarreront dès demain et j’attends des résultats rapides.

Il y a aussi l’enjeu que j’évoquais, celui du lien entre recherche publique, recherche privée et entrepreneuriat.

Être ministre chargé de la recherche, pour moi cela veut dire : toute la recherche. =

Publique et la privée.

Fondamentale et la appliquée.

Nous devons favoriser l’interaction et assumer une perméabilité très forte entre ces univers.

Nous devons renforcer la proximité et la connaissance mutuelle, encourager les collaborations entre recherche publique et entreprise.

Les chercheurs ont tout à y gagner.

Nos voisins, nos partenaires, nos concurrents l’ont compris depuis longtemps et nous devons avancer dans cette direction.

Cela veut dire aussi que les entreprises en général doivent jouer leur rôle pour augmenter leur investissement en recherche et développement, qui n’est pas à la hauteur dans notre pays.

Nous devons également revoir les outils de soutien au transfert technologique pour être en mesure d’accélérer verticalement les technologies les plus prometteuses, au service de notre souveraineté.

Notre politique d’innovation doit donc articuler davantage une dynamique territoriale forte et des priorités fixées au niveau national.

Au niveau territorial, j’ai eu l’occasion de le dire la semaine dernière devant les représentants des Pôles universitaires d’innovation : les universités seront confortées dans leur responsabilité de cheffes de file.

Les PUI ont vocation à incarner ce rôle en s’appuyant  sur toute l’expertise présente au sein des organismes de transfert et en particulier au sein du réseau des SATT.

Je leur ai dit aussi que l’accompagnement du ministère sera constant, mais qu’il dépend d’un engagement de leur part, en faveur de la transformation et de l’amélioration des mécanismes actuels de transfert.

Au niveau national, les agences de programme doivent intégrer le transfert technologique dans leurs missions stratégiques, en définissant les domaines prioritaires.

A VOUS DE JOUER

Comme je me suis adressé à eux, je m’adresse à vous.

Avec mes collègues de Bercy, nous partageons la même vision : le développement technologique français constitue un élément clé de notre souveraineté.

C’est pourquoi nous appelons tout l’écosystème : chercheurs, entrepreneurs, investisseurs, à se mobiliser au service de notre indépendance technologique.  

Pour cela il est essentiel de capitaliser sur les résultats de ces 6 années et de relancer une dynamique autour d’un second temps du plan.

En bon scientifiques, nous devons nous baser sur un diagnostic clair et objectif, et c’est le résultat d’un travail de longue haleine mené par les services de la Direction Générale des Entreprises qui vous sera dévoilé dès demain par les Ministres Eric Lombard et Clara Chappaz et servira de fondement pour construire des politiques publiques ambitieuses.

J’ai également entendu de la part de certains d’entre vous, je pense notamment à France Deep Tech, de nombreuses pistes prometteuses qu’il convient maintenant d’articuler,  d’approfondir et de mettre en œuvre.

D’ici trois mois, je vous propose de nous retrouver autour d’un constat et d’une approche partagés, pour poursuivre et amplifier l’élan en faveur de la Deeptech française.

Dans la situation internationale que nous connaissons, cette brique ajoutée à notre souveraineté revêt une importance sans précédent.

Merci à tous pour votre mobilisation, elle est plus nécessaire que jamais.

Avec mes collègues Clara Chappaz et Marc Ferracci, nous serons au rendez-vous de cette nouvelle étape. 

Je vous remercie.

Contact

Service presse du ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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