Publié le 25.06.2025

Discours de Philippe Baptiste à l’occasion de la Journée mondiale des alumni

Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a prononcé un discours le mercredi 25 juin 2025 à l’occasion de la Journée mondiale des alumni.

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Madame la directrice générale,

Mesdames et Messieurs,

Chers étudiants de France et d’ailleurs,

Je suis très heureux d’être parmi vous à l’occasion de la remise du prix France Alumni 2025.

La Cité universitaire traduit dans la pierre, le bois, le métal, dans une vision architecturale multiple, la diversité des pays dont la jeunesse a choisi la France pour étudier.

Une jeunesse dont nous avons besoin.

Aujourd’hui, la tentation de repli, de refus de l’autre se manifeste de multiples manières.

La première puissance mondiale, qui a construit sa Nation et sa puissance sur un afflux continu de personnes venues du monde entier, se ferme, et s’en prend de manière particulière aux étudiants étrangers, parce qu’ils sont étrangers.

CONTEXTE INTERNATIONAL

La France ne doit pas, la France ne peut pas, la France ne veut pas fermer ses portes.

Oui, nous voulons continuer à accueillir des étudiants étrangers en France, car c’est une force et une nécessité.

Une nécessité pour garantir la souveraineté de notre pays à moyen et long-termes, en gardant notre place dans la course pour l’innovation et la compétitivité.

Nous sommes engagés dans une compétition mondiale pour les talents.

Je vais le dire de manière crue : vous, étudiants internationaux, vous êtes une ressource rare !

Et aujourd’hui, les cartes sont rebattues.

Y compris les cartes au sens géographique du terme.

La bascule des États-Unis dans une croisade contre les fondements de l’université entraîne des ondes de choc dont nous n’avons pas fini de voir les conséquences.Nous avons répondu dans le domaine de la recherche, nous le ferons aussi dans le domaine de l’enseignement supérieur.

Au-delà de cette nécessité pragmatique, il y a une autre nécessité, morale celle-ci.

Notre pays s’est bâti sur l’apport de personnes venues du monde entier.

Notre Université est née dans le creuset d’une Europe qui malgré les guerres et les divisions, a toujours fait de l’échange et de la connaissance une valeur cardinale.

Nous ne pouvons pas nous accommoder du repli.

Nous ne pouvons pas nous accommoder d’une remise en cause des libertés académiques, qui vient ébranler des institutions aussi importantes pour la science mondiale que Harvard ou John Hopkins.

Nous croyons, je crois, que la coopération et la libre discussion sont la voie de la réussite dans la recherche, dans l’innovation, dans l’enseignement.

Je le dis sans naïveté.

Les risques de l’ouverture, les risques de pillage technologique existent.

Mais la naïveté, le risque, aujourd’hui, sont ailleurs.

Ils résident dans l’idée fantasmée, contredite par toute l’histoire de l’Université, selon laquelle le repli sur soi et le bâillonnement des libertés académiques permettrait d’aller plus loin, plus vite.

ACTUALISER NOTRE STRATÉGIE

Fidèles à notre vision, nous devons la mettre en œuvre concrètement.

Une première étape a été lancée, avec le programme Choose France for Science, annoncé le 5 mai dernier.

C’est une déclaration à la recherche mondiale, nous disons : choisissez la France !

Mais ce n’est qu’une première étape.

La France ouvre les bras aux excellents étudiants, qui seront les chercheurs, les innovateurs, les enseignants de demain.

Sans compter que ces questions sont liées : de bons étudiants sont un facteur d’attractivité pour des chercheurs qui veulent être bien entourés.

SITUATION ACTUELLE

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Nous accueillons 430 000 étudiants internationaux, soit 14% de nos effectifs, principalement dans les universités.

Leur taux de réussite en licence est supérieur à celui des étudiants français, légèrement inférieur en master.

Et c’est en doctorat que la présence des étudiants internationaux est la plus forte : ils représentent plus de quatre doctorants sur dix dans notre pays !

Mais cela ne se traduit pas toujours dans une poursuite d’études ou de carrière en France.

La proportion d’internationaux est faible dans les carrières scientifiques, en particulier à l’université.

Et par ailleurs, peu d’étudiants restent travailler en France après leurs études.

Nous devons progresser là-dessus !

PLUS ET MIEUX

C’est pourquoi je veux que l’accueil des étudiants internationaux soit fondé sur plusieurs principes forts et complémentaires : l’excellence du recrutement, la qualité de l’accueil, le renforcement de la coopération.

Nous voulons accueillir les meilleurs étudiants dans des domaines stratégiques pour notre avenir, des domaines dans lesquels nous ne parvenons souvent pas à former suffisamment en France.

C’est aussi notre responsabilité pour faire face aux défis du monde, du changement climatique à l’intelligence artificielle, des maladies émergentes à l’analyse des bouleversements géopolitiques.

Je veux donc notamment mettre l’accent sur les filières scientifiques et techniques, pour lesquelles nous manquons d’étudiants.

Il nous faut augmenter le nombre de visa long "talent" qui, s’ils sont en augmentation, représentent à peine 1 % des étudiants internationaux.

Aujourd’hui, nos critères d’accueil ne sont pas toujours les bons.

La capacité des étudiants à financer leurs études est le premier facteur pris en compte.

Avoir accès à des ressources est évidemment important, car trop d’étudiants internationaux se retrouvent dans des situations financières difficiles et donc dans une très grande précarité.

Alors même qu’ils devraient avoir les moyens de faire face à leurs besoins financiers.

Ce n’est une bonne solution ni pour eux, ni pour la France.

C’est pour cela que je veux que le contrôle des ressources soit plus rigoureux en amont de la délivrance des visas.

Un étudiant international sur deux est en situation de précarité ou très grande précarité.

Cela n’est pas acceptable, ni pour eux ni pour nous.

Mais par ailleurs, le mérite, la motivation, le projet doivent redevenir les critères déterminants de l’accueil.

Nous devons avant tout accueillir des étudiants d’excellent niveau.

Grâce à l’engagement de Campus France et des établissements, nous pouvons nous engager dans cette direction, en coopération étroite avec les autres ministères concernés.

Mais l’excellence ne connaît pas de frontière sociale et il nous faudra trouver des réponses pour pouvoir accueillir aussi des talents qui n’ont pas les ressources financières nécessaires.

J’y travaille, en lien avec les conférences et les établissements.

La question des droits différenciés est un sujet que je sais sensible.

Mais il faut y voir une source de ressources pour mieux accompagner celles et ceux qui en ont le plus besoin.

Troisième terme d’un accueil réussi : le renforcement des coopérations.

Il doit se traduire notamment par le développement de partenariats avec des universités à l’étranger, en particulier dans les pays en développement.

J’échange actuellement avec le secrétariat général pour l’investissement afin de déployer un appel à projet spécifique sur ce sujet.

Excellence académique, qualité de l’accueil, coopérations renforcées : voici les voies de croissance pour le développement de notre politique d’accueil dans les années à venir.

Voici la feuille de route que j’ai donnée pour que d’ici la rentrée, des propositions concrètes, issues de la concertation avec les différents acteurs, me soient proposées.

J’irai aussi à la rencontre des équipes dans les établissements.

Elles ont pour certaines déjà mis en place des solutions, qui méritent d’être expérimentées ailleurs.

LES ALUMNI

Non, nous ne renoncerons pas à l’accueil, qui fait si souvent la fierté de la France.

Une fierté qui s’incarne particulièrement dans le profil des alumni internationaux.

Depuis cent ans, les murs de la Cité internationale ont vu se succéder écrivains, scientifiques, chercheurs de tous domaines et toutes disciplines.

Dans ces lieux, l’esprit de l’Université a rayonné à travers des milliers de visages et de parcours.

La journée mondiale des alumni est une formidable occasion de célébrer, à travers le monde, l’apport des étudiants venus de l’étranger.

Par leur regard, leur histoire, leur culture, ils sont des appels à élargir les horizons de tous les étudiants de France.

Leur réussite académique, est pour la France une source de fierté, et un encouragement à poursuivre l’ouverture qui a joué un rôle si important dans notre histoire.

Le prix du Prix du Jeune Talent Scientifique International que nous remettons est l’occasion de le rappeler.

Il est un témoignage de la diversité des profils des étudiants internationaux en France : diversité d’origine, diversité dans les domaines scientifiques abordés, diversité dans les établissements d’accueil et les poursuites de parcours. 

Je suis très heureux et honoré de participer à ce bel événement et de remettre, dans un instant, ce prix au lauréat ou à la lauréate honorée cette année.

Je me réjouis de constater la vitalité de France Alumni, qui compte désormais plus de 500 000 membres dans le monde.

Je forme le vœu que cette plateforme continue à grandir, à rassembler davantage d’alumni, et à jouer son rôle d’accélérateur de leur carrière, scientifique ou académique mais aussi en entreprise ou dans l’administration, où qu’ils se trouvent.

Merci à Campus France pour le travail mené depuis des années au service des étudiants en France, avant, pendant et après leur séjour.

Mesdames et Messieurs, chers étudiants d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui,

L’Université ne s’accommode pas de l’enfermement sur elle-même.

La France non plus.

Jean-Pierre Vernant, qui savait si bien naviguer entre les langues et les époques, le rappelait : "On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont."

Soyez toutes et tous des ponts, adossés à la France qui toujours, s’honorera de tant de fleuves franchis ensemble.

Je vous remercie.

Contact

Service presse du ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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