SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI
Monsieur le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, cher Marc,
Monsieur le président directeur général, cher Patrice,
Madame la présidente, chère Nathalie,
Mesdames et messieurs,
Notre époque se prête à l’incertitude. Si nous voulons garder la main sur notre avenir, nous devons nous en donner les moyens.
Avant tout en investissant davantage dans la recherche.
C’est elle qui permet de poser les fondations de notre souveraineté.
De l’IA aux satellites de communication, de la lutte contre le cancer aux sciences du climat : si nous ne sommes pas au niveau dans la recherche, nous laisserons les clefs de notre avenir à d’autres.
Nous ne devons pas nous y résoudre : nous avons en France des chercheurs et des ingénieurs du meilleur niveau.
Nous avons des fleurons industriels, des startups parmi les meilleures en IA ou dans le quantique.
Ils constituent pour nous un atout unique.
Mais ils doivent être soutenus pour grandir et porter leurs fruits ici, en France.
Pour que cela soit pleinement le cas, nous devons créer les conditions d’une collaboration efficace entre recherche publique et privée.
Toutes les deux sont indispensables, et doivent marcher main dans la main, afin de donner un véritable avantage compétitif à nos entreprises, dans les secteurs clefs pour notre autonomie stratégique.
J’en ai fait une priorité ; et un axe structurant de la revoyure de la loi de programmation de la recherche.
Nous ne partons pas de rien.
Les collaborations existent depuis longtemps.
Les labos communs ou les thèses Cifre, par exemple, ont fait leurs preuves.
Et la recherche publique s’est structurée pour favoriser les coopérations avec le privé.
A travers les missions d’innovation, ou la structuration des pôles universitaires d’innovation, ou encore avec la professionnalisation des approches SATT et Carnot – sur lesquels je reviendrai.
Bravo, chère Nathalie, pour les chantiers engagés à Sorbonne U pour développer la cité de l’innovation.
Au-delà de ces dispositifs, l’Etat soutient la recherche de nombreuses manières, notamment avec le CIR.
Enfin, l’acculturation a beaucoup progressé, loin de l’image caricaturale qu’on peut avoir parfois.
Et pourtant, nous n’y sommes pas.
La France plafonne à 2,2% du PIB d’investissement en R&D, depuis plus de 15 ans !
Alors que nous visons 3% depuis des décennies, et que l’Allemagne ou les Etats-Unis les dépassent largement, sans parler de la Corée du Sud ou d’Israël à 5% ou 7%.
C’est parce que nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation que nous avons voulu ce rapport.
Nous avons voulu que recherche publique et industrielle travaillent ensemble, pour identifier les freins qui demeurent et proposer des mesures activables pour y répondre.
Merci encore à nos deux rapporteurs, Nathalie Drach-Temam, en tant que présidente d’Udice, et Patrice Caine, en sa qualité de président de l’ANRT d’avoir accepté de mener ensemble cette mission flash.
Les propositions que vous formulez viennent compléter en cours pour simplifier les relations, accélérer l’impact de la recherche et renforcer l’acculturation public-privé.
Je m’engagerai personnellement pour leur mise en œuvre.
En termes de simplification, la fluidification de la contractualisation entre acteurs publics et privés apparaît comme un incontournable.
La mise en place de contrats-types, comme il en existe Outre-Rhin, sera une étape décisive.
Pas trop nombreux, pour ne pas créer une nouvelle usine à gaz, mais suffisants pour couvrir une grande majorité de cas.
Dès la mi-octobre, ces contrats seront validés et pourront être utilisés dans les établissements de recherche, ce qui réduira drastiquement les délais de contractualisation.
Une autre demande porte sur la désignation d’un mandataire unique.
Malgré une acceptation du principe dans les établissements, les industriels ont encore des difficultés à identifier le bon interlocuteur.
Il faut lever cette difficulté, en explicitant les règles en vigueur, quitte à les faire évoluer si c’est nécessaire.
Votre rapport montre la nécessité de soutenir davantage les laboratoires publics-privés.
La mesure proposée, qui repose sur un cofinancement « un euro public pour un euro privé », est intéressante.
Dans le contexte budgétaire actuel, il faudra faire preuve de créativité pour la financer, en visant une montée en puissance progressive.
J’en viens au dispositif Carnot, dont l’ouverture a suscité quelques remous.
Il existe depuis plus de vingt ans et a contribué à professionnaliser la recherche partenariale.
Pour autant, malgré les augmentations très substantielles de budget amenées par la LPR, la recherche partenariale stagne.
L’ouverture est un encouragement à soutenir plus largement la professionnalisation de la recherche contractuelle ainsi que son intensité pour répondre aux besoins en innovation des filières et des entreprises.
Ce mouvement s’inscrit pleinement dans la logique de montée en puissance des PUI ; les modalités d’évolution seront clarifiées pour mi-juillet.
Enfin, en ce qui concerne l’acculturation.
Beaucoup a été fait ; il reste cependant du chemin !
Il est fou de penser que seuls 11 % des chercheurs en entreprise ont un doctorat en France !
Pourtant la présence de docteurs dans les entreprises est un levier encore trop peu mobilisé en France.
Le CIFRE en est le dispositif le plus emblématique.
Il est plébiscité par les acteurs : une enquête de l’ANRT a montré que 95 % des répondants jugeaient « très utiles » les thèses CIFRE.
Je que le CIFRE soit conforté, en levant notamment les quelques incertitudes juridiques soulevées récemment.
Je soutiendrai aussi votre proposition d’un doctorat en alternance, avantageux pour les jeunes chercheurs comme pour les entreprises, éventuellement à travers une 4ème année pour amorcer le transfert des recherches.
En complément, je sais que la suppression de l’aide jeune docteur dans le CIR a suscité de nombreuses incompréhensions.
Il ne devrait pas y avoir besoin de « payer » les entreprises pour embaucher des docteurs, néanmoins je pense qu’une incitation à l’embauche des chercheurs pour les entreprises éloignées de la recherche reste pertinente. Ainsi dans le cadre de la revoyure de la LPR, je porte une mesure budgétaire permettant d’aider les start-up, TPE et PME à recruter un jeune docteur.
Dans ce dispositif « Post-Doc start-up & PME » l’État prend en charge une partie du coût salarial d’un jeune docteur dans une start-up ou PME dans le cadre d’un projet de recherche avec un laboratoire public.
Merci, chère Nathalie, cher Patrice, pour votre engagement, pour la qualité de ce travail.
En endossant dès maintenant une grande partie des recommandations de cette mission, je prends ma part pour que la recherche publique prenne en compte attentes exprimées par les industriels.
Mais cet engagement ne portera ses fruits que si chacun joue le jeu.
J’en appelle donc à la mobilisation des entreprises, en particulier des grands groupes, pour qu’elles s’emparent de ces nouveaux leviers et intensifient leur effort de recherche partenariale.
A cette condition, nous ferons de la recherche un moteur de compétitivité, d’innovation et de souveraineté.
Je donne rendez-vous à tous les acteurs, publics comme privés, à la rentrée pour un point d’étape et pour poursuivre ensemble cette dynamique.