Publié le 03.04.2025

Discours de Philippe Baptiste à l’occasion du séminaire annuel du réseau des collectivités locales pour l’ESRI

Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a prononcé un discours le jeudi 3 avril 2025 à l’occasion du séminaire annuel du réseau des collectivités locales pour l’ESRI.

 

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités, 

C’est un grand plaisir pour moi d’être ici aujourd’hui dans cette ville de Valenciennes, « l’Athènes du Nord », à l’occasion du Séminaire annuel du réseau des collectivités locales pour l’ESRI. 

Cette année, l’alliance entre territoires est au cœur de vos rencontres. 

Si vous le permettez, j’aimerais élargir un peu la focale, et ajouter le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. 

C’est bien d’alliance qu’il s’agit aujourd’hui, pour relever ensemble les défis de nos territoires et de la formation de notre jeunesse, sans parler de la structuration d’une recherche de premier plan.

REPONDRE AUX BESOINS DE FORMATION

Alliance nécessaire, car, vous le savez comme moi, les besoins sont importants. 

Besoins d’abord en termes de formation de qualité sur les territoires. 

Je ne vous apprendrai pas que tous ne sont pas logés à la même enseigne dans ce domaine. 

Non, ce n’est pas indifférent aujourd’hui d’accéder à l’âge des études supérieures dans une métropole ou dans une zone peu dense, autant en termes de population que d’offre de formation. 

Les chances ne sont pas les mêmes. 

Aujourd’hui, dans la formation comme dans les télécommunications, il existe dans notre pays de véritables zones blanches. 

Car l’enseignement supérieur n’échappe pas à la fracture territoriale vécue par une grande partie de nos concitoyens.

Bien sûr, il n’a pas vocation à répondre seul aux problèmes d’aménagement du territoire de notre pays. 

Mais il peut faire sa part. 

Nous ne pouvons nous satisfaire de l’existence de zones où il n’existe aucune offre de formation de proximité, ou dans lesquelles il est impossible d’accéder à une formation dans certaines disciplines. 

Lorsqu’on regarde le tableau de la formation en France, on ne peut qu’être frappé par la fracture, à la fois sociale et territoriale, qui touche la formation. 

Plus on s’éloigne des grandes villes, plus le taux de diplômés est bas. 

Et la concentration des moyens vient encore trop souvent renforcer ce phénomène. 

Cet état de fait a évidemment des raisons, mais nous devons aussi regarder en face les conséquences. 

REPONDRE AUX BESOINS DES TERRITOIRES

Car ce manque d’offre de formation a des conséquences. 

Pour les jeunes qui ne trouvent pas à se former, bien sûr.  

Pour leurs familles aussi, pour qui le choix est plus restreint. 

Mais également, des conséquences pour les territoires, pour leur tissu économique, leur tissu social. 

Et je dis cela dans une région de France qui sait l’importance que peut avoir le tissage !

Aujourd’hui, nous manquons de jeunes formés dans l’industrie. 

Nos entreprises peinent à recruter, y compris dans des zones où le taux d’emploi des jeunes n’est guère élevé. 

Cela se répercute sur leur capacité à produire, à se projeter dans le temps, à s’ancrer dans nos territoires. 

Or la faiblesse de notre industrie est un enjeu majeur pour tout notre pays. 

L’implantation durable d’industrie à forte valeur ajoutée dans nos territoires est un levier essentiel de notre prospérité et de notre indépendance, de notre souveraineté de demain. 

Et cela ne pourra se faire sans des formations de qualité. 

Il y a aussi l’enjeu particulier des formations aux professions de santé. 

On sait que lorsqu’on est issu d’un et formé dans ce même territoire, on a plus de chances de rester s’y établir, pour y exercer. 

Or trop de territoires ne disposent pas de formations en santé. 

Attention, ne croyez pas que je dise qu’il faille une faculté de santé dans chaque ville ou chaque département, loin de moi cette idée ! 

Mais il est possible de de faire en sorte que les chances d’accéder à une formation et à un métier de santé soient équitables quel que soit le territoire. 

FAIRE COLLABORER PUBLIC ET PRIVE DE QUALITE

Cela est possible, en assumant une logique d’alliance, j’y reviens, avec tous les acteurs impliqués. 

Je pense en particulier à l’enseignement supérieur privé. 

Mais l’enseignement supérieur privé de qualité.

Or aujourd’hui, le système manque de lisibilité. 

Bachelor, mastère, grade ou diplôme : les intitulés des parcours et des certifications prennent parfois des tournures opaques. 

Les pratiques commerciales et marketing agressives de certains établissements contribuent au trouble des familles, qui ne s’y retrouvent pas. 

La récente enquête sur un certain groupe d’écoles privées n’a pas pu manquer de renforcer les craintes et les interrogations des parents et des étudiants, mais aussi des élus, à ce sujet. 

Il faut donc progresser dans la labellisation et l’identification des formations privées qui suivent les normes de l’Etat en termes de niveau, d’acquisition des compétences, de suivi des étudiants.  

Je sais que c’est une demande forte, que partagent beaucoup de collectivités.  

C’est un engagement que j’ai mis au cœur de mon action, en m’exprimant sur le sujet dès mon arrivée au ministère, en janvier dernier. 

Car c’est un enjeu de justice sociale, mais aussi, encore une fois, un enjeu d’efficacité et de compétitivité. 

Nous ne pouvons pas envoyer nos jeunes au casse-pipe dans des formations qui ne respectent aucune règle, sinon celles édictées par des outils de suivi financier. 

Et nous ne pouvons pas nous priver des compétences que ces jeunes pourraient acquérir, s’ils avaient accès à une formation de bon niveau. 

C’est tout le sens du chantier de renforcement de la certification Qualiopi que j’ai lancé, avec la première ministre Elisabeth Borne en collaboration avec la ministre du travail, Astrid Panosyan.

Nous n’avons pas forcément besoin de nouveaux outils, mais nous devons faire évoluer ceux qui existent déjà pour correspondre aux besoins nouveaux. 

C’est, je crois, le bon chemin pour rétablir la confiance dans un privé de qualité avec lequel nous pourrons avancer.

DYNAMIQUE TERRITORIALE POUR LA RECHERCHE

La recherche et l’innovation ont, elles aussi, vocation à s’ancrer davantage dans les territoires. 

Au niveau national, j’ai demandé aux agences de programme d’identifier les sujets de recherche les plus porteurs. 

Elles sont appelées à jouer un rôle de vigies, pour voir quels domaines doivent faire l’objet d’un travail spécifique. 

Au niveau des territoires, cela doit se traduire dans la dynamique de recherche et d’innovation. 

Car pour relever les défis de l’innovation, de la compétitivité, il est essentiel de maintenir et de développer l’accompagnement du transfert au niveau territorial. 

Et à ce niveau, le rôle des universités est central. 

Elles sont appelées à assumer totalement leur autonomie, à prendre leur place de cheffe de fil à l’échelle du territoire en ce qui concerne l’innovation. 

C’est tout le sens des pôles universitaires d’innovation, les P.U.I.

En un mot, les P.U.I. ont vocation à porter la politique d’innovation, organisée autour des universités cheffes de file, ancrées dans leur territoire. 

Ils doivent agir à la fois comme catalyseurs locaux de l’innovation, et en tant que leviers de coordination entre les acteurs de la recherche, de l’industrie, et les territoires, en particulier les collectivités.

Car les acteurs locaux doivent être au cœur du réacteur sur ces sujets.

Chaque territoire est ainsi appelé à donner corps à une recherche qui s’inscrive dans les grandes priorités nationales, en fonction de ses ressources propres. 

FAIRE ALLIANCE AVEC LES ACTEURS LOCAUX

Pour tous ces enjeux – besoins des jeunes et des territoires, régulation du privé – le ministère n’a pas vocation à agir seul. 

L’alliance avec les acteurs locaux est cruciale. 

L’égalité des chances ne peut trouver de traduction concrète si elle ne s’appuie pas sur une coopération renouvelée entre Etat et acteurs locaux. 

Et en particulier, nous devons prendre ensemble à bras le corps la question de la territorialisation de l’offre de formation. 

Différents dispositifs existent déjà. 

Les 150 antennes universitaires accueillent désormais plus de 90 000 étudiants, avec des résultats très encourageants, que ce soit en termes de coûts ou de réussite des étudiants. 

Les campus connectés demandent une évaluation spécifique, pour bâtir sur les bons résultats en termes de réussite chez certains publics, tout en amplifiant la portée du dispositif. 

Par ailleurs, je suis convaincu que les collectivités doivent être davantage associées à la gouvernance locale de l’enseignement supérieur. 

Elles sont déjà impliquées par le biais de financements, en particulier au niveau régional, mais aussi à celui des EPCI. 

Par exemple, les villes moyennes sont de plus en plus engagées en faveur de l’enseignement supérieur dans leurs territoires, avec un investissement par habitant significativement plus élevé que dans les métropoles. 

Nous avons à élaborer ensemble les moyens de donner aux EPCI tout leur rôle dans la coordination des besoins en formation et en recrutement au niveau local. 

C’est encore plus vrai pour les régions, que les lois MAPTAM et NOTRe ont identifiées comme cheffes de file de l’enseignement supérieur. 

Elles sont incontournables comme interlocutrices de l’Etat, mais aussi comme cheffes de file de l’intervention des collectivités territoriales en matière d’enseignement supérieur. 

Elles sont d’ailleurs devenues le premier financeur territorial de l’enseignement supérieur. 

Cette implication ne s’est pour le moment pas traduite dans la gouvernance de l’ESR au niveau territorial, et c’est un manque que nous devons combler. 

MERCI

Une alliance ne se décrète pas plus que l’égalité des chances. 

Il y faut du travail et de la durée. 

C’est pourquoi, depuis ma prise de fonction, j’ai souhaité renforcer le lien avec les élus. 

J’ai engagé un cycle de consultations avec les associations qui les représentent, et je me nourris beaucoup de ces rencontres. 

Votre assemblée, réunie aujourd’hui, est le signe encourageant que les collectivités sont désireuses de s’impliquer encore davantage dans le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche. 

Soyez sûrs que ma présence est en tout cas le gage de mon engagement en faveur d’une alliance forte entre le ministère et les collectivités pour trouver ensemble, les réponses territoriales adaptées aux situations locales. 

Je vous remercie.

Contact

Service presse du ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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