Publié le 12.06.2023

Discours de Sylvie Retailleau à l'occasion de l'annonce du lauréat de l'AMI « Compétences et Métiers d'Avenir »

Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a prononcé un discours vendredi 9 juin 2023, à l’occasion de l'annonce du lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt France 2030 « Compétences et Métiers d’Avenir »   

Discours

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Madame la ministre de la Transition énergétique, chère Agnès,
Madame la ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels, chère Carole, 

Je me réjouis d’être parmi vous aujourd’hui pour franchir, ensemble, une étape très importante dans le déploiement d’une filière nucléaire française renouvelée, alliant sobriété et efficacité énergétique. Cette nouvelle étape qui s’ouvre pour le nucléaire, lancée par le Président de la République, est à la fois industrielle et économique, mais c’est aussi une étape en matière de formation, de professionnalisation et de recherche. 

En effet, pour répondre aux enjeux posés par les grandes transitions écologiques, énergétiques et industrielles, tout en conservant une souveraineté forte, la France doit être à même d’adapter son offre de formation afin que les compétences et connaissances des jeunes diplômés de la nation correspondent aux besoins en emplois exprimés par le monde socio-économique à horizon 2030. 

Aujourd’hui, nous partageons tous le même constat :

  • Il est nécessaire de renouveler l’attractivité de la filière nucléaire en ciblant notamment des publics de jeunes qui s’en sont détournés ces dernières années.
  • Il faut former davantage aux métiers du nucléaire en s’appuyant sur toute la palette des compétences possibles et en diversifiant les publics cibles, qu’il s’agisse d’étudiants en formation initiale, de reprises d’études, ou de salariés en reconversion pour lesquels la formation continue sera un véritable levier.
  • Enfin, il faut travailler à mieux faire coïncider les besoins exprimés par les entreprises avec les formations proposées, dans une filière du nucléaire en perpétuelle évolution et profondément transformée par les nouvelles technologies

L’enjeu est de taille, et la présentation du rapport de l’université des métiers du Nucléaire l’a parfaitement mis en exergue : ce sont 100 000 emplois dont la filière nucléaire va avoir besoin dans les prochaines années, dans des niveaux de qualifications très divers allant du CAP à la thèse en passant par les diplômes d’ingénieurs. Cet enjeu s’adresse donc à toute la chaîne de la formation, sur tous les territoires, et sur de très nombreux segments professionnels. 

Il est vrai que l’offre de formation du supérieur s’est professionnalisée ces dix dernières années avec la création des Bachelors universitaires de technologies offrant des formations très insérantes pour des cadres intermédiaires. 

Cependant, il est également vrai que cette offre de formation doit davantage se tourner vers le monde professionnel pour répondre, de manière réactive, aux besoins des employeurs et aux besoins en métiers d’avenir, en métiers en tension et en métiers en évolution. 

Les étapes dont nous disposons pour faire évoluer cette offre de formation sont connues et s’inscrivent dans différentes temporalités, décidées lors du Conseil de Politique Nucléaire de février 2023.  
La première étape, dans le court terme, est bien évidemment l’expression sectorielle des besoins en métiers. Ces besoins en métiers remontent à travers les diagnostics, très étayés, du rapport MATCH. 
La seconde étape, c’est l’évolution progressive de l’offre de formation, initiale et continue, pour une filière et pour un territoire. Et c’est cette étape -là à laquelle nous répondons pleinement aujourd’hui sur le territoire de la Normandie. 
La troisième étape, sur le temps long, est celle d’une correspondance parfaite entre les blocs de compétences des formations et l’expression des métiers par les branches. Il nous reste encore quelques marches à franchir, et nous devons aller vite avec l’ensemble des acteurs de la formation du supérieur et du territoire national.

L’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et Métiers d’Avenir » (AMI CMA) vise à accélérer l’évolution des formations, initiales et continues, et à lancer des actions en matière d’attractivité des formations. 

À travers France 2030, ce sont 2,5 milliards d’euros que l’État mobilise pour former ces nouveaux talents avec les enjeux cruciaux que sont la décarbonation de l’industrie, le numérique ou le nucléaire. 

Les enjeux industriels et d’innovation qui attendent la filière nucléaire, comme le succès de nouvelles constructions de réacteurs nucléaires ou la diversification des technologies nucléaires, reposent sur la disponibilité des compétences adaptées. Des besoins de renforcement de ces compétences sont identifiés, nous l’avons vu, en particulier dans les domaines de la tuyauterie, du soudage, de la chaudronnerie mais aussi des essais et contrôles, ainsi que du procédé nucléaire.

Dans ce cadre, je suis très heureuse d’annoncer que le projet 3NC (Nouvelles Compétences, Nouveau Nucléaire), porté par le Campus des métiers et des Qualifications CEINE est lauréat de l’AMI CMA pour un montant de 42 millions d’euros

La Région Normandie, que je remercie et salue aujourd’hui en la personne de son président, cher Hervé Morin, a accompagné ce projet avec un fort soutien et un travail collectif important avec l’ensemble des acteurs.

L’académie de Normandie a aussi été motrice et je remercie la rectrice (Christine Gavini -Chevet). 

Je souhaite souligner que c’est tout un écosystème de formation et toute une filière que se sont mobilisés autour du projet 3NC. Je tiens à lister les porteurs pour souligner la richesse et la cohérence de leur réunion autour du nucléaire : 14 partenaires de formations dont les 3 universités et l’ensemble des écoles d’ingénieurs et le Ganil, + 7 entreprises ou fédérations et au moins 4 lycées avec entre autres de nombreux BTS.

Je salue et félicite tous les présidents et directeurs des établissements partenaires de ce beau projet. Bravo à toutes et à tous. 

Cette longue liste montre bien la parfaite complémentarité et imbrication des acteurs institutionnels, académiques et industriels autour de ce territoire normand, territoire d’excellence dans le domaine nucléaire. Si je devais résumer le projet 3NC, je dirais qu’il vise la mise en place d’un continuum de formation répondant aux enjeux de la filière nucléaire. Cela semble très simple, et en même temps, le projet est ambitieux, parfaitement structuré et implanté dans son tissu industriel. 

En articulant les acteurs institutionnels et industriels ici présents avec tous les acteurs de la formation, le projet 3NC relève tous les enjeux et défis dont je parlais précédemment : 

  • il travaille la question de l’attractivité de la filière
  • il développe de la médiation scientifique essentielle pour la bonne appropriation des connaissances et savoirs, 
  • il développe des formations pour répondre à tous les niveaux de formation : formation professionnalisantes, bac +2 avec BTS, bac +3 avec des licences pro et de nombreux bachelors universitaires de technologie qui seront portés par les IUT,  des masters et des diplômes ingénieurs, et des doctorats. Au total 22 diplômes seront impactés et évolueront pour former mieux, pour former plus. 
  • la recherche est évidemment très présente avec de la formation doctorale et viendra irriguer tout le projet. Avec l’ensemble des laboratoires de recherche du domaine des universités, écoles et ONR, et bien sur le GANIL, installation emblématique qui permet de former par et pour la recherche, du bac au doctorat.

Nous le constatons, le projet 3NC répond aux enjeux de l’AMI CMA, et de France 2030, mais répond surtout aux besoins en compétences pour le renouveau de la filière du nucléaire, portée par le Président de la République. Je souhaite à ce premier projet d’ampleur de formation des talents dans le nucléaire porté par les acteurs normands, de se développer pleinement pour revivifier la filière nucléaire et relever les défis qui sont les nôtres en matière de transition énergétique et écologique.

Je vous remercie.

Contact

Service presse du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR)

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