Publié le 02.03.2023

Discours de Sylvie Retailleau à l'occasion du lancement du PEPR NumPEx

Le vendredi 24 février 2023 à Bruyères-le-Châtel, Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a prononcé un discours à l'occasion du lancement du PEPR NumPEX.

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

 

Mesdames, messieurs en vos grades et qualités,

Tout d’abord, je vous remercie pour votre présence ce jour. Je vais tâcher de ne pas répéter ce que Jean-Noël BARROT a déjà dit, mais je me joins à ses remerciements et à ses encouragements : merci et bravo, car ce que vous faites est important !

Important pour la recherche et pour une meilleure compréhension des phénomènes scientifiques,

Important pour l’industrie, pour rester compétitifs en réduisant significativement les cycles d’innovation et les coûts associés,

Mais aussi, important pour nos citoyens, et c’est quand même l’objectif premier de la recherche que de permettre à nos citoyens de vivre mieux. Vous avez très bien résumé l’ensemble des domaines adressés. Disposer des infrastructures de calculs et des logiciels associés, par exemple en météorologie, est utile pour le décideur public et le citoyen : en effet prévenir les épisodes climatiques extrêmes, comme par exemple les épisodes cévenols, permet de protéger nos citoyens mais aussi de prendre les bonnes décisions d’aménagement du territoire. 

Il en va de même en modélisation climatique pour prendre les bonnes décisions face au réchauffement climatique, ou encore en santé, pour modéliser une situation épidémiologique.

Vous l’avez également mis en avant : les possibles sont presque infinis. Et ils nécessitent des capacités de calculs plus puissantes. Et là, il y a l’enjeu de pousser plus en avant l’état de l’art technologique. 
 

Cet effort se matérialise dans la feuille de route Exascale avec l’objectif de se doter d’un supercalculateur de cette classe à l’horizon 2025 en France. Permettez-moi de revenir sur l’action du Gouvernement pour y parvenir.

Avant tout, il faut réussir à calculer, modéliser vite et bien : le lancement de ce programme prioritaire de recherche, qui mobilise 40 millions d’euros dans le cadre de France 2030, va dans ce sens, puisqu’il permet de structurer un écosystème de recherche et industriel français d’ores et déjà excellent. Il lui permet ainsi de faire le saut nécessaire dans la génération des supercalculateurs Exascale. 

Et il faut être pragmatique : il y aura les Nations de classe Exascale et les autres. Car derrière cela, le passage à la classe Exascale, c’est s’assurer d’un saut quantitatif et qualitatif dans nos capacités de simulation numérique. C’est notre capacité à être et à rester à la pointe en matière de simulation numérique, dans la recherche, l’industrie, pour notre société. Et la concurrence internationale est forte.

Il faut aussi disposer des capacités de calcul. Au-delà du développement d’une technologie souveraine, il faut investir sur une infrastructure de calcul coûteuse. Sur ce point, la France s’est portée candidate auprès d’EuroHPC pour l’acquisition d’une machine de classe Exascale. La candidature, portée par GENCI en lien avec le TGCC doit nous permettre de disposer de capacités de calcul dès 2025. 

La France a prévu une contribution financière jusqu’à 260 millions d’euros dans le cadre de cette candidature. Et je tiens à remercier la présence de Monsieur l’ambassadeur des Pays-Bas aujourd’hui pour l’implication hollandaise dans le consortium. 

La présence du Directeur Général d’EuroHPC est également très importante à mes yeux, mais je reviendrai sur l’importance d’une coordination européenne à la fin de mon propos.

Si le dossier venait à être retenu, le projet de supercalculateur représenterait un investissement de l’ordre de 540 millions d’euros, pour en assurer la fabrication et le fonctionnement.

Bien entendu, nous allons continuer dans les mois qui viennent à travailler la candidature, et en particulier à identifier des partenaires financiers supplémentaires. Je profite donc de ce moment pour encourager l’ensemble des industriels ici présents à monter à bord : c’est un outil formidable, pour votre compétitivité, en s’appuyant sur ce qu’il se fait de mieux : dans le milieu académique et d’un point de vue technologique.

Enfin, une fois que l’on sait calculer et que l’on dispose de la capacité de calcul, il nous faut des cas d’usages ! Là encore, l’objectif est de soutenir le déploiement de ces technologies. 

Par exemple, dans le cadre d’un autre programme prioritaire de recherche, le PEPR TRACCS sur la modélisation climatique, on soutient la migration des codes existants sur l’Exascale mais aussi de nouvelles briques permettant de modéliser des phénomènes nouveaux.

Vous le voyez, notre stratégie est simple mais cohérente : développer les briques technologiques, acquérir la capacité de calcul et enfin développer les usages. C’est une feuille de route ambitieuse dans le cadre de France 2030 et de la loi de programmation de la recherche.

Mais mon rôle de ministre de la Recherche, c’est aussi de voir un peu plus loin que cet horizon, et je souhaite partager avec vous deux préoccupations. 

D’abord, et je me répète, la compétition internationale est rude : l’Exascale n’est pas un aboutissement mais une étape. Il faut donc en parallèle travailler dès à présent aux générations suivantes.

Je pense bien entendu à la course vers toujours plus de puissance, puisque l’on commence à parler du zettaflop. Il faut commencer à y travailler, l’exaflop ne sera qu’une étape. Très logiquement, il faut aussi lier le sujet de puissance de calcul à la sobriété numérique et énergétique, et ce sujet doit-être traité nativement dans votre recherche.

Ensuite, je pense qu’il faut, au-delà de la course à la puissance de calcul, élargir les horizons aux nouvelles technologies. Le premier anniversaire de France 2030 autour de la Première Ministre a été l’occasion de constater les soutiens à ces secteurs : cloud, hydrogène ou encore nanoélectronique.

Je pense également au calcul quantique. Annoncée en janvier 2021 par le président de la République, la stratégie nationale sur les technologies quantiques nous permettra de participer à la course mondiale au calcul quantique. Bien qu’il n’en soit qu’à ses balbutiements, nous avons eu l’occasion d’observer l’enthousiasme autour de son potentiel lors du déplacement avec le président de la République aux États-Unis en décembre. 

L’intelligence artificielle nécessite des puissances de calcul d’une autre nature. Les besoins et les potentiels applicatifs sont conséquents. J’appelle votre attention sur l’enjeu du continuum entre calcul haute performance, intelligence artificielle et quantique. Au-delà de la course à la puissance de calcul, il faut aller chercher les besoins de calculs les plus efficients !

Vous le voyez, au-delà d’une feuille de route ambitieuse pour l’Exascale, il faut déjà anticiper les générations de calculateurs futures. Je le redis :

Merci, parce que ce que vous faites est important

Bravo, parce que ce que vous faites est compliqué, et vous êtes à la pointe

Bon courage, parce que les défis sont énormes et la compétition féroce

Vous pouvez, et vous pourrez continuer à compter, sur le soutien de l’État.


Je me permets enfin de revenir sur le sujet de l’articulation avec l’Europe, et si vous m’avez écoutée attentivement, vous savez que ce sera mon propos conclusif. La compétition internationale est forte : les cycles d’innovations se raccourcissent, les efforts de R&D sont toujours plus conséquents, et nos concurrents consentent des investissements colossaux, soit pour asseoir leurs positions soit pour se remettre au niveau.

Décrocher dans notre capacité de calcul n’est pas une option, car cela reviendrait à décrocher dans notre capacité à conduire une recherche de pointe, et à disposer d’une industrie technologique et compétitive. Il faut donc mutualiser nos efforts.

L’Europe a conscience de cela, et investit massivement via EuroHPC pour structurer et soutenir des technologies et infrastructures de calcul. 

C’est un effet de levier formidable : financier, bien entendu, mais surtout pour développer des technologies européennes. 

De même, et j’en parlais avec mon homologue hollandais, travailler ensemble sur le HPC (calcul haute performance), le quantique, et plus largement le numérique, c’est primordial pour aller plus loin. Il faut le dire, parce que souvent, on reproche à l’Europe d’être trop fragmentée dans le numérique. Mais dans le cas du HPC, les choses sont faites, et bien ! 

Saisissez-vous des opportunités de collaborations, internationales bien entendu, mais surtout européennes, car c’est ainsi que nous pourrons construire les générations de supercalculateur futures, les usages associés et maîtriser notre destin technologique et industriel.

Mesdames et Messieurs, je me répète, mais merci encore, bravo et bon courage dans cette fabuleuse aventure du calcul intensif. Tous mes vœux de réussite à vous dans le cadre du PEPR NUMPEX.

Je vous remercie. 

 

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