Le système éducatif français perd avec lui l'un de ses très grands serviteurs, un homme qui incarnait parfaitement l'ascenseur social républicain. Né le 8 décembre 1944 à Aubière, Christian Forestier, ingénieur électronicien de l'Institut national des sciences appliquées de Lyon, puis docteur ès sciences, a commencé sa carrière comme enseignant chercheur à l’IUT de Saint-Étienne.
Son parcours l'a ensuite mené aux plus hautes responsabilités dans l’éducation nationale et l’enseignement supérieur : président de l'Université de Saint-Étienne, recteur des académies de Reims, Dijon, Créteil et Versailles, directeur des lycées et collèges, directeur général de l'enseignement supérieur, directeur de cabinet du ministre de l'Éducation nationale, Jack Lang, puis administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers.
Christian Forestier a porté avec conviction une vision profondément humaniste et émancipatrice de l'éducation. Conscient que des trajectoires comme la sienne - de petit-fils d'ouvriers agricoles à haut fonctionnaire – sont trop rares, il a plaidé inlassablement pour une école plus juste et plus efficace pour tous et pour le développement de l’enseignement professionnel et technologique ainsi que de la formation tout au long de la vie.
Il a contribué de manière décisive à l'évaluation du système éducatif français, prônant une approche scientifique face aux discours simplistes sur l'école. Président du Haut Conseil de l'évaluation de l'école de 2003 à 2005, dont il restera membre jusqu’en 2011, et président du conseil d'administration du Cereq, ses analyses, toujours étayées par des données scientifiques rigoureuses, ont mis en lumière les paradoxes du système français qu’il résumait, avec cet humour qui le caractérisait, en cette formule devenue célèbre : "Nous avons un des meilleurs systèmes du monde... pour la moitié des élèves".
Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et Philippe Baptiste, ministre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche saluent un homme de conviction, un serviteur exemplaire de l'école républicaine, dont le parcours et les travaux continueront d'éclairer les débats sur l'avenir de notre système éducatif. Ils adressent à sa famille, à ses proches et à tous ceux qui l’aimaient leurs condoléances sincères.