Publié le 06.05.2025

Exposition Déserts à la grande Galerie de l'Évolution du MNHN

Actuellement à la grande Galerie de l'Évolution, le Muséum national d'Histoire naturelle consacre une exposition aux milieux désertiques pour mieux révéler la biodiversité qu'ils abritent.

Quand on entend le mot "désert", on pense généralement au Sahara, donc un désert chaud, sableux. En fait, il existe de nombreux types de déserts, dont des déserts polaires, et le plus grand désert du monde est finalement l'Antarctique. Les déserts, qu'est-ce que c'est ? Ce sont des milieux, qu'ils soient des déserts chauds ou froids, où l'eau est rarement ou peu disponible, où il y a des extrêmes de températures et où le milieu est très ouvert. Sachant que ces conditions sont extrêmes, on peut se poser la question : comment les animaux sont arrivés, ou les plantes, dans ces milieux-là, et comment ils se sont adaptés ? Ces milieux, au départ, étaient souvent différents. Par exemple, si on réfléchit au Sahara, le Sahara avant était vert, donc il y avait plein de plantes, et au fur et à mesure, avec le changement climatique dans le milieu le Sahara est devenu plus aride, plus sec. Les animaux se sont adaptés à travers la sélection naturelle pour pouvoir résister à ces milieux extrêmes. Quand on réfléchit à ces animaux qui vivent dans des conditions extrêmes, on peut se dire qu'ils sont adaptés au chaud, au réchauffement climatique, que ça n'aura pas trop d'impact. Mais au final, c'est le contraire. Ces animaux-là qui vivent, par exemple, dans des déserts chauds, ils sont déjà à la limite de leurs capacités d'adaptation. Et donc, si on ajoute quelques degrés de plus, on risque d'avoir un très grand taux d'extinction des espèces qui vivent dans ces milieux-là. Et ça vaut surtout pour des espèces de petite taille comme les insectes, les reptiles, les amphibiens. Parce qu'ils sont pas capables de migrer vers un endroit où les conditions sont plus appropriées. Le réchauffement climatique n'est pas la seule menace sur les déserts. Il y a aussi l'homme qui va directement intervenir sur les déserts, à travers l'extraction de sable par exemple, l'extraction de minerais dans certains déserts du monde et qui peuvent induire de la pollution chimique, ou autres, dans ces milieux-là. Souvent quand on entend parler de désertification, on s'imagine des dunes qui avancent sur les zones en marge des déserts. En réalité, la désertification c'est bien plus compliqué que ça. La désertification n'a rien à voir avec le climat. Le climat c'est l'aridification. La désertification peut découler de l'aridification, mais elle peut aussi découler directement d'autres actions humaines, en particulier le surpâturage ou l'artificialisation des sols. La désertification peut toucher des espaces qui se situent n'importe où dans le monde à partir du moment où le climat est aride, semi-aride ou méditerranéen. Ce qui signifie, entre autres, qu'y compris le sud de l'Europe peut être touchée par la désertification et que les sols et la végétation peuvent s'y dégrader. Dans cette exposition sur les déserts au Muséum national d'histoire naturelle, on va d'abord avoir l'attention totalement focalisée uniquement sur les aspects minéraux. Et c'est mon vécu personnel la première fois que je suis allé dans une zone désertique. Et puis, sans trop en dire pour ne pas gâcher la visite, à un moment on se retourne et on voit que la vie est partout.

Vous avez dit « déserts » ?

L'exposition s'intitule "déserts" au pluriel pour souligner la variété des espaces désertiques, qui peuvent être chauds ou froids, continentaux, côtiers ou encore, polaires, et de leurs paysages, de glace au de sable. La biodiversité, les milieux et l'aménagement de ceux-ci, sont donc au cœur du propos de l'exposition.

Qu'est-ce qu'un désert ?

Un désert est un milieu ouvert, exposé à l'aridité, aux températures extrêmes, aux vents, à l'érosion et où les précipitations sont rares. Un désert présente également une rareté permanente de l’eau sous forme liquide. Dans un désert chaud, l'évaporation est intense ; dans un désert polaire, l'eau est retenue sous forme de neige ou de glace et ne peut bénéficier aux plantes et aux animaux.

20 % seulement du Sahara est couvert d'ergs (désert de dunes)

200 spécimens et objets présentés dans l'exposition Déserts

45°Cc'est la température corporelle que peut atteindre l’oryx, pour lui éviter de perdre trop d’eau par sudation

Autre caractéristique de ces milieux, les variations de température, rapides et répétées, qu'il s'agissent d'alternances entre chaud et froid dans les déserts chauds ou entre gel et dégel dans les déserts froids, sont responsables de l'érosion des roches.

Néanmoins, la biodiversité végétale et animale propre à ces milieux a développé des capacités étonnantes pour s'adapter aux conditions extrêmes, tout comme l'homme qui a transformés ces espaces pour y vivre.

Déserts : 3 questions aux commissaires d'exposition

Nous avons rencontré deux des commissaires scientifiques de l'exposition Déserts, Anthony Herrel, directeur de recherche CNRS, spécialiste en anatomie comparée, morphologie fonctionnelle et biologie de l’évolution au MNHN et Maël Crépy, chercheur en géoarchéologie au CNRS (laboratoire HiSoMA).

Comment la vie est-elle possible dans les milieux désertiques ?

Anthony Herrel : Sachant que ces conditions sont extrêmes, on peut se poser la question : comment les animaux sont arrivés, ou les plantes, dans ces milieux-là, et comment ils se sont adaptés ? Il faut savoir que ces milieux, au départ, étaient souvent différents. Par exemple, si on réfléchit au Sahara, le Sahara avant était vert, donc il y avait plein de plantes, et au fur et à mesure, avec le changement climatique de ce milieu, le Sahara est devenu plus aride, plus sec. Les animaux se sont adaptés à travers la sélection naturelle pour pouvoir résister à ces milieux extrêmes.

Quelles menaces le réchauffement climatique fait-il peser sur les espèces ?

Anthony Herrel : Quand on réfléchit à ces animaux qui vivent dans des conditions extrêmes, on peut se dire qu'ils sont adaptés au chaud, que le réchauffement climatique aura peu d'impact. Mais en réalité, c'est le contraire parce que ces animaux qui vivent, par exemple dans des déserts chauds, sont déjà à la limite de leurs capacités d'adaptation, aux limites de ce qu'ils peuvent faire pour résister à ces températures chaudes. Et donc, si on ajoute quelques degrés supplémentaires, on risque d'être confronté à un très grand taux d'extinction de ces espèces qui vivent dans ces milieux. Cela vaut surtout pour des espèces de petite taille comme les insectes, les reptiles, les amphibiens, parce qu'ils ne sont pas en capacité de migrer, de se disperser, de bouger vers un endroit où les conditions seraient plus appropriées.

Compte tenu du réchauffement climatique, le sud de l'Europe est-il exposé à la désertification ?

Maël Crépy : Souvent quand on entend parler de désertification, on s'imagine des dunes qui avancent sur les zones qui se trouvent en marge des déserts. La réalité de la désertification est bien plus complexe. La désertification n'a rien à voir avec le climat. Le climat, c'est l'aridification. La désertification peut découler de l'aridification, tout comme d'autres actions humaines, en particulier, le surpâturage ou l'artificialisation des sols. La désertification ne touche donc pas seulement des zones situées en marge des déserts – même si celles-ci sont particulièrement sensibles – mais peut toucher des espaces qui se situent n'importe où dans le monde, à partir du moment, où le climat est aride, semi-aride ou méditerranéen. Ce qui signifie, entre autres, qu'y compris le sud de l'Europe peut être touchée par la désertification et que les sols et la végétation peuvent s'y dégrader, même s'il n'y a pas de désert à proximité immédiate.

Informations pratiques

Exposition Déserts

Du 2 avril au 30 nov. 2025
Grande Galerie de l’Évolution Jardin des Plantes
36, rue Geoffroy Saint-Hilaire 75005 Paris
Ouvert de 10h à 18h tous les jours, sauf les mardis et le 1er mai.

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