Pour moi, le dialogue entre sciences humaines et sociales et société, c’est le lieu d’une alchimie. Observable au gré des nombreux événements se déroulant sur le Campus Condorcet, elle combine des actions de diffusion des connaissances issues de la recherche (conférences, débats, expositions) et des contributions des chercheurs auprès de plusieurs types d’acteurs (journalistes, acteurs publics, privés ou issus de la société civile, scolaires).
Les sciences humaines et sociales ont ceci de particulier que leurs recherches portent souvent sur des objets que tout un chacun croit déjà connaître. Cette familiarité trompeuse constitue autant une chance qu’une difficulté. Qu’il s’agisse des inégalités scolaires, des migrations, ou de l’histoire nationale, la recherche peut avoir du mal à imposer sa voix. Ces difficultés sont décuplées par les réseaux sociaux, amplificateurs de polémiques et de polarisation.
L’appétence du public pour les sciences humaines et sociales est réelle. Après la bande dessinée, la littérature et les livres de jeunesse, les ouvrages de sciences humaines et sociales sont le quatrième segment en valeur de l’édition (13 % du marché en 2023), ce dont témoignent les succès de nombreux ouvrages. Il faut souligner les efforts des éditeurs (y compris universitaires) en faveur d’ouvrages accessibles et néanmoins rigoureux. Un travail de traduction des savoirs académiques issus de la recherche vers la société s’opère aussi par de nombreux canaux – commissions, comités, agences –, dans tous les domaines où la définition de régulations appelle à croiser les expertises et les attentes. On peut citer la consommation, l’éducation, les politiques de santé, les politiques familiales. Cela ne va pas sans difficulté : le politique attend des réponses rapides et univoques, des mesures d’impact ou d’efficacité, et souvent le chercheur en SHS introduit complexité, critique, réflexivité ou nuances. Par ailleurs, l’emprise croissante des opinions, des désinformations et des pressions populistes, contrecarre toute expertise apaisée. Cela ne rend que plus nécessaire les rédactions régulières de notes, de lettres ou de post auxquelles les institutions de recherche consacrent du temps.
Le dernier ingrédient à cette alchimie, c’est la parole publique du chercheur, qui est une des facettes de ses rôles professionnels. Elle est nécessaire mais ne doit induire ni militantisme ni confusion des régimes d’énonciation entre la démarche scientifique et la parole des sujets sociaux. Et pour que toute cette alchimie opère, il faut aussi des lieux et des temps spécifiques comme lors du festival Printemps des Humanités qui se tiendra les 20, 21 et 22 mars 2026, au campus Condorcet !
Pierre-Paul Zalio, sociologue et président de l’Établissement public Campus Condorcet
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