Publié le 26.09.2023

Le réseau des LearningLab : « Les espaces au service de l’apprentissage »

Le 4ème colloque du LearningLab Network (LLN) a réuni à Strasbourg les 29 & 30 mars 2023 des acteurs et experts nationaux et internationaux autour de la question des espaces d’apprentissage et a donné lieu à des rencontres inspirantes contribuant à la transformation de l’ESR. Les participants ont ainsi pu interroger la question de la pédagogie dans ces espaces au service de la réussite des étudiants en tenant compte de multiples dimensions : conception architecturale, enjeux de gouvernance, inclusion, hybridation, etc.

Crédits :
Yoan Mille

Learning Lab Alpha IUT Béziers

Des espaces situés dans un contexte

Depuis 2014, année de création du réseau, de nombreux établissements ont expérimenté à l’échelle d’une ou plusieurs salles, d’un Learning Lab voire d’un bâtiment, des pratiques pédagogiques appuyées sur des espaces physiques. Ces expérimentations sont à l’origine de publications disponibles en libre accès qui placent les enjeux d'apprentissage et d’enseignement au cœur des préoccupations. Ces questions ont bousculé dans leur dimension spatio-temporelle (notions d’activités synchrone/asynchrone, de rapport présence/distance, …) et dans leur dimension de socialisation (travail individuel ou en groupe, inclusion des publics empêchés) les espaces formels ou informels.

Dans un environnement en constante évolution, imprévisible et complexe, les gouvernances des établissements peuvent s’appuyer sur le réseau et ses membres pour s'enrichir des retours d’expérience des projets déjà menés.

Les activités du réseau pour « Apprendre et Enseigner autrement »

Au-delà du colloque annuel, temps fort favorisant les échanges et les coopérations, les activités du réseau s’organisent essentiellement autour de cinq axes.

La labellisation, au service de la conception, de la stratégie et de la garantie de pérennité

Le LLN a conçu un processus de labellisation des espaces au travers de badges (8 badges à découvrir en détail sur le site du réseau).

Des réponses à de courts questionnaires associées à des éléments de preuve (photos, articles, schémas…) permettent au Comité de labellisation (2 référents régionaux parmi les 5 en charge du processus) d’étudier les demandes et d’attribuer les badges en fonction des critères établis. Un échange complémentaire en visioconférence peut être proposé pour affiner et mieux comprendre les demandes. La labellisation est complète lorsque les 7 badges (hormis celui consacré à la recherche) sont obtenus.

Cependant, tous les établissements membres ne sont pas au même degré de déploiement, d’appropriation et de maturation pour chacun des badges. Pour permettre à tous de bénéficier de cette visibilité au travers des badges, la labellisation peut être progressive. Elle vise :

  • la valorisation des espaces, leur caractérisation au regard des activités menées, des équipements présents au service des pratiques, des publics accueillis, de l'accompagnement proposé aux usagers (enseignants-étudiants-professionnels)
  • l’amélioration continue des espaces en positionnant les badges comme un objectif. Certains établissements se sont emparés de ce processus pour construire leur feuille de route dans le cadre du déploiement de nouveaux espaces d’apprentissage. Les badges constituent alors, de la phase de réflexion à la conception, un guide servant la stratégie de la transformation pédagogique. L’aspect réflexif est également au cœur des préoccupations car au-delà des pratiques, il est fondamental d’analyser ce qui se joue dans ces espaces : quels changements induisent-ils dans les postures, le rapport à l’espace, les interactions enseignants-étudiants, etc. ?

Ce processus contribue donc à ce que l’aménagement des espaces soit un réel levier de l’évolution des pratiques pédagogiques et des rencontres entre différents publics dans la durée.

Le partage de bonnes pratiques pédagogiques autour des espaces, et au-delà

Le réseau met à disposition des fiches pratiques qui présentent des scénarios pédagogiques pour mobiliser les espaces, et ouvrent des perspectives pour les enseignants et les conseillers et ingénieurs pédagogiques.

Ces fiches contribuent à une préparation efficiente des séances d’apprentissage et facilitent la mise en place des activités. Leur format présente de façon synthétique les éléments nécessaires à la mise en œuvre de l'activité, ce qui facilite leur compréhension et leur appropriation.

 

Elles constituent des ressources permettant de favoriser la mobilisation des étudiants dans leurs apprentissages, les amenant à participer activement et à être acteurs de leur formation. A titre d’exemple, les activités « jigsaw » et « fishbowl » sont des activités pédagogiques efficaces à mettre en place pour renforcer l’engagement étudiant. Les fiches pratiques incluent un schéma de proposition d’aménagement, permettant aux enseignants de visualiser rapidement comment aménager leur salle de classe en fonction de l’activité visée. Ces fiches transférables permettent aux équipes enseignantes et accompagnantes de se les approprier ou de les adapter à leur contexte.

 Dynamiser et accompagner la communauté

Le réseau a, depuis sa création, contribué à élargir le cadre de la réflexion pédagogique autour des espaces d’apprentissage. Ainsi, les référents régionaux qui l’animent sont principalement des conseillers et/ou ingénieurs pédagogiques issus de structures d’appui à la pédagogie et à l’innovation dans l’ESR, possèdent une expérience d’enseignement et peuvent être impliqués dans la gouvernance de leur établissement. L’ancrage élargi du réseau dans un écosystème impliquant des acteurs issus du monde socio-économique, de la formation professionnelle, secondaire, …ainsi que sa dimension internationale en font une remarquable communauté de pratiques, lui octroyant une expertise large et singulière des espaces d’apprentissage. Un réseau social partagé entre les membres permet des échanges et partages quotidiens autour des espaces et de chacune des étapes de leur déploiements et usages.

Ainsi le réseau a corédigé avec ses membres, des ouvrages libres de droit (« Les cahiers du LearningLab Network », « Protocole d’observations des espaces d’apprentissage », « Apprendre et enseigner autrement ») au bénéfice de toute la communauté.

L’animation d’ateliers via des outils et ressources transférables (car tenant compte des caractéristiques communes aux espaces d’apprentissage innovants) et adaptables (car suffisamment souples pour tenir compte des singularités contextuelles) contribue à la coconstruction de la communauté.

Les ateliers proposés au cours du récent colloque annuel ont permis aux participants d’investir plusieurs thématiques et de recueillir des outils et retours d’expérience pour les mobiliser dans leurs propres contextes ou établissements. A titre d’exemple :

  • l’atelier « Hacker son espace » a offert des outils de réflexion autour du passage à l’échelle et de la dynamique d’évolution autour des pratiques pédagogiques
  • l’atelier « aligner intentions pédagogiques et design spatial » la proposé une mise en activité autour de la portée pédagogique de la géographie des espaces d’apprentissage
  • l’atelier « observation des espaces » a permis aux participants de tester des grilles d’observation d’espaces formels et informels et de réfléchir collectivement à leur pertinence et à leur transférabilité.

Les « Learning expeditions »

Disposer de retours d’expériences d'usages est essentiel pour les acteurs engagés ou souhaitant s’engager dans des projets d’aménagement d’espaces et de transformation des pratiques pédagogiques.

Ainsi, des temps de partage pour découvrir les lieux et échanger avec les acteurs en charge de leur conception, développement et gestion, sont régulièrement organisés au sein des régions, entre les régions, voire à l’étranger.

Plusieurs formats sont proposés : visites à distance (sous la forme d’interview, « les webinaires de l’espace ») ou visite sur site comme lors du récent Colloque de Strasbourg.

Durant ces deux jours, les participants ont pu découvrir et expérimenter ensemble divers espaces de l’Université de Strasbourg et du C@fé - Learning Lab de l’IUT Robert Schuman. Des mises en situation réelles de scénarios autour des problématiques rencontrées par les enseignants et/ou les apprenants ont servi de base pour confronter les idées et les représentations avec la réalité du terrain.

 

Tout type d’espace peut-il s’adapter pour mettre en œuvre des scénarios pédagogiques favorisant l’engagement des apprenants ? Quelles activités favoriser en fonction des équipements présents dans les espaces ? Vivre l’expérience en contexte favorise la réflexion sur les modalités d'accompagnement des projets et des acteurs dans le déploiement et l’appropriation des espaces d’apprentissage.

 

Les visites du nouveau Learning Center « Studium » de l’Université de Strasbourg, situé au cœur de la ville, et du siège de la société Steelcase ont éclairé la prise en compte nécessaire de la dimension multifactorielle dans la conception d’un espace d’apprentissage et de comprendre les écarts possibles entre le prévisionnel et la réalisation notamment lorsque les usagers s’emparent des espaces.

 

Un protocole pour organiser une Learning Expédition est en cours de finalisation et sera bientôt mis à disposition des membres, rendu public sur le site internet du réseau et relayé via nos réseaux sociaux.

La recherche, une perspective au service du développement d’espaces solides et pérennes

Le dernier axe fort et singulier des activités du réseau est le développement de son ancrage recherche.

En effet, de nombreux travaux émergent autour du développement d’espaces à travers une approche basée sur la recherche. Cette démarche est fondamentale à prendre en compte pour inscrire le développement d’espaces d’apprentissage innovants dans la durée, en tenant compte de la littérature pour favoriser une construction itérative et adaptable aux enjeux de l’enseignement supérieur et des pratiques d’apprentissage et d’enseignement dans un contexte complexe, mouvant et surtout variable en fonction des caractéristiques des espaces (public/privé, public(s) visé(s), équipements, physique/virtuel, évaluation des usages, …).

Un groupe de travail « recherche et pédagogie » est dédié à la réflexivité et adresse les différents enjeux par les référents et collègues issus des établissements membres du réseau.
 
Cette équipe travaille à un plan d’action en vue de contribuer à la conversation scientifique sur les espaces, notamment à travers des publications et communications à des colloques (cf. intervention lors du dernier colloque AIPU), l’expertise de chercheurs (docteurs et doctorants référents LLN ou issus d’établissements membres du réseau) en sciences de l’éducation, en psychologie et en informatique dont les travaux viennent nourrir l’approche réflexive du réseau et offrir des perspectives de rayonnement et de partenariats scientifiques autour des espaces d’apprentissage.

A titre d’exemple de thématiques d’expertise, les travaux et acteurs suivants peuvent être cités :

  • La chaire TELS (Technology-Enhanced Learning Spaces), partenariat entre l'Université de Lille et la KU Leuven, et plus particulièrement avec le groupe de recherche Itec, promeut une recherche systématique innovante basée sur une approche multimodale de l’usage des traces d’apprentissage (learning analytics) en vue de soutenir le développement de l’environnement optimal d’apprentissage.
  • De façon complémentaire, les travaux de Katia Quelennec (katia.quelennec@univ-lille.fr), doctorante en informatique (LIP6, Sorbonne Université) et ingénieure pédagogique à l’Université de Lille autour de la conception à la modélisation de tableaux de bord d’apprentissage (TBA) abordent notamment l’adaptation des données, visualisations et modalités aux apprenants en fonction de leurs profils.
  • Les travaux de Julie Nolland (julie.nolland@univ-lille.fr ), chercheure en sciences de l’éducation et de la formation (FoAP, CNAM) et ingénieure pédagogique à l’Université de Lille abordent les enjeux d’inclusion dans l’enseignement supérieur et leur intégration dans les curricula et les maquettes, en adéquation avec l’approche par compétences.
  • Les travaux de Jérôme Hutain (jerome.hutain@univ-catholille.fr ), doctorant en psychologie (LP3C, Université de Rennes II) sur « L’enseignement interactif : un levier pour accroître l’engagement dans l’apprentissage des étudiants » interroge en particulier comment « déterminer la forme et le degré d’interactivité qu’il est nécessaire d’introduire dans un lieu d’enseignement pour engager les étudiants et améliorer l’apprentissage ».
  • Enfin, les travaux de Saida Mraihi (saida.mraihi@ensam.eu ) doctorante en sciences de l’éducation (CREAD, Université de Rennes II) visent à « se saisir des interactions pour analyser l’activité de l’enseignant et des étudiants en cours synchrone à distance » et en particulier à « comprendre comment l’enseignant et les étudiants interagissent dans une pluralité d’espaces d’interaction entre lieu physique et lieu virtuel ».

 

Auteur(s)

  • Délégué
Learninglab Network