Publié le 29.10.2020

Communication de la Commission européenne « Achever l'Espace Européen de l'Education d'ici 2025 »

Une communication sur l'espace européen de l'éducation (EEE) a été adoptée par la Commission européenne le 30 septembre 2020. Elle définit une nouvelle vision de cet espace articulé autour de six dimensions, ainsi que la voie à suivre pour le mettre en place d'ici à 2025.

Etudiants en amphithéâtre

Une communication sur l'espace européen de l'éducation (EEE) a été adoptée par la Commission européenne le 30 septembre 2020. Elle définit une nouvelle vision de cet espace, ainsi que les moyens et étapes pour le mettre en place d'ici à 2025 avec le soutien du plan de relance européen, Next Generation EU, et d'autres programmes sectoriels, notamment le programme Erasmus+.

La communication présente un EEE qui s'articule autour de six dimensions : la qualité, l'inclusion et l'égalité des genres, les transitions écologique et numérique, les enseignants et formateurs, l'enseignement supérieur et la dimension géopolitique. L'enseignement supérieur occupe ainsi une place importante dans cette communication, en constituant non seulement une des dimensions de l'EEE, mais aussi un thème transversal aux autres dimensions.

Qualité

La dimension relative à la qualité de l'éducation et de la formation porte sur la maîtrise des compétences de base, incluant les compétences numériques, et des compétences transversales, comme l'esprit critique ou l'entreprenariat. Elle vise aussi à promouvoir la mobilité des étudiants et enseignants, ainsi que les opportunités de coopération entre les établissements d'enseignement et de formation. L'apprentissage des langues et le multilinguisme, dans une perspective d'apprentissage tout au long de la vie, sont également visés, tout comme un soutien aux enseignants pour gérer la diversité linguistique et culturelle, et le développement d'une perspective européenne dans l'éducation. Un autre enjeu de cette dimension est l'environnement sain (sans violence, désinformation...) que devraient constituer les établissements d'éducation et de formation.

Afin d'améliorer la qualité de l'éducation, la Commission souhaite apporter son soutien aux réformes politiques des Etats membres en matière d'acquisition des compétences de base et à la coopération entre acteurs de l'éducation. Elle prévoit aussi la mise à jour du cadre des mobilités à des fins d'éducation et de formation en vue de répondre à trois défis : des opportunités de mobilité pour une plus large variété de participants, la mobilité verte et numérique et la mobilité équilibrée. Grâce au programme Erasmus+, la Commission souhaite soutenir la mise en œuvre de la recommandation du Conseil de 2018 sur la promotion de valeurs communes, l'éducation inclusive et la dimension européenne de l'enseignement, ainsi que la recommandation de 2019 relative à une approche globale de l'enseignement et de l'apprentissage des langues. Le programme Erasmus+ aura aussi pour objectif d'offrir des opportunités aux apprenants de tous niveaux pour développer leurs compétences transversales.

Inclusion et égalité des genres

En matière d'inclusion, l'EEE devrait se caractériser par une réussite des étudiants découplée du statut social, économique et culturel. Les systèmes d'EFP devraient être plus souples et résilients pour répondre aux besoins évolutifs du marché du travail et assurer une formation tout au long de la vie et adaptée aux transitions verte et numérique. Concernant l'égalité des genres, la sensibilité à cette question devrait être développée dans les établissements d'enseignement et l'équilibre femmes-hommes aux postes de décision devrait être amélioré, y compris dans les établissements d'enseignement supérieur.

Pour que l'éducation et la formation soient plus inclusives et sensibles à l'égalité des genres, la Commission souhaite rassembler les États membres et les acteurs de l'éducation via des plateformes d'apprentissage mutuel et de coopération pour favoriser les progrès en la matière. La Commission soutiendra également, avec le programme Erasmus+, la mise en place de 50 centres d'excellence professionnelle. Elle souhaite aussi développer une approche européenne des micro-certifications pour répondre au besoin de flexibilité de l'enseignement supérieur. Elle prévoit ainsi de présenter en 2021 une proposition de recommandation du Conseil en vue de développer la confiance dans les micro-certifications en Europe et de mettre en place d'ici à 2025 toutes les mesures nécessaires à leur utilisation, leur transférabilité et leur reconnaissance.

 

Transitions écologique et numérique

La dimension relative aux transitions verte et numérique porte sur un changement profond du comportement et des compétences de chacun, qui interviendrait d'abord au sein des systèmes et établissements éducatifs en tant que catalyseurs. Pour cela, des actions devraient être menées pour renforcer les compétences numériques et celles en faveur d'une économie verte, pour promouvoir de nouvelles infrastructures d'éducation et de formation durables et pour rénover les bâtiments existants. La transition écologique nécessite aussi des investissements dans l'éducation et la formation pour augmenter le nombre de professionnels qui œuvrent en faveur d'une économie climatiquement neutre et économe en ressources.

Pour soutenir ces transitions dans et par l'éducation et la formation, la Commission lancera d'ici la fin de 2020 une coalition pour l'éducation au climat afin de mobiliser l'expertise et soutenir des approches créatives avec les enseignants, les élèves et les étudiants. La Commission proposera aussi en 2021 une recommandation du Conseil sur l'éducation à la durabilité environnementale, en vue de soutenir l'intégration de la transition verte et de la durabilité dans l'éducation, en particulier dans l'enseignement supérieur. La Commission encouragera l'écologisation des infrastructures éducatives en collaboration avec la Banque européenne d'investissement. En matière d'apprentissage et d'enseignement numérique, la Commission propose une approche plus intégrée au niveau européen avec le nouveau plan d'action sur l'éducation numérique.

Enseignants et formateurs

La Commission souligne le besoin d'avoir des enseignants et formateurs hautement compétents, enthousiastes et engagés. Pour cela, il faudrait non seulement remédier au manque d'enseignants, mais aussi revaloriser la profession enseignante, sur le plan social et, dans certains États membres, également sur le plan financier. Les enseignants et formateurs ont aussi besoin d'opportunités continues de développement professionnel et il faudrait que la mobilité internationale fasse partie de leur formation.

Afin d'améliorer les compétences et la motivation des enseignants, la Commission lancera en 2021 les Académies d'enseignants Erasmus pour créer des réseaux d'établissements de formation d'enseignants et d'associations d'enseignants. D'ici à 2025, 25 Académies devraient être développées. Elles permettront à terme de créer des communautés de pratique sur la formation initiale et continue des enseignants et de favoriser l'innovation dans la pratique éducative. La Commission développera en 2021-2022 une Orientation européenne pour le développement de cadres de carrière nationaux, en soutien à l'avancement professionnel des professionnels de l'éducation. La Commission prévoit aussi de développer, avec les Etats membres et les acteurs de l'éducation, un cadre politique pour augmenter le nombre et la qualité des mobilités des enseignants. Enfin, la Commission lancera d'ici 2021 un Prix de l'enseignement européen innovant.

Enseignement supérieur

La dimension relative à l'enseignement supérieur vise une coopération plus étroite entre les établissements d'enseignement supérieur, ce qui favoriserait le développement de programmes d'études conjoints et de cours communs, et permettrait aux apprenants de passer plus facilement d'un système éducatif à un autre. Elle vise aussi à élaborer un cadre politique en faveur d'une coopération transnationale continue qui permettra aux alliances d'établissements d'enseignement supérieur de tirer parti de leurs atouts en mettant en commun leurs ressources, leurs cours, leur expertise... Il est aussi souligné que les établissements d'enseignement supérieur sont des acteurs centraux du « carré de la connaissance » : éducation, recherche, innovation et service à la société. Ils jouent ainsi un rôle clé dans la relance et le développement durable en Europe. Cette dimension porte aussi sur la reconnaissance automatique des qualifications et des périodes d'études à l'étranger et la reconnaissance et la portabilité des cours de courte durée menant à des micro-certifications. Un autre enjeu est de mettre davantage l'accent sur des programmes d'éducation spécialisés dans les compétences numériques avancées.

Pour renforcer les établissements d'enseignement supérieur européens, la Commission souhaite co-développer un agenda de transformation de l'enseignement supérieur d'ici fin 2021. Cet agenda reposera sur une série d'initiatives. La Commission souhaite d'abord engager le déploiement de l'initiative des universités européennes. À cette fin, elle travaillera avec les États membres et le secteur de l'enseignement supérieur pour surmonter les obstacles rencontrés par les alliances. Le développement d'un diplôme européen sera examiné, tout comme la mise en place d'un statut légal pour les alliances d'universités. Par ailleurs, de nouveaux programmes d'enseignement supérieur en ingénierie et TIC seront développés sur la base de l'approche STEAM. Les moyens de rendre les filières scientifiques plus attractives aux femmes seront explorés. La Commission souhaite aussi réviser la recommandation du Conseil et du Parlement sur l'Assurance Qualité en vue d'aboutir à un véritable système européen de reconnaissance et d'assurance qualité. Elle soutiendra les Etats membres à mettre en place les conditions pour que la reconnaissance mutuelle automatique soit possible d'ici 2025, en conformité avec la recommandation du Conseil de 2018. Elle soutiendra également l'initiative relative à la carte d'étudiant européenne, et notamment ses deux composantes clé : l'application mobile Erasmus+ et la digitalisation de la gestion de la mobilité étudiante, dont la mise en place commencera à bénéficier aux étudiants Erasmus dès 2021. Enfin, la Commission lancera des initiatives destinées à renforcer la contribution de l'éducation et de la formation à la capacité d'innovation de l'Europe.

Dimension géopolitique

La coopération dans le domaine de l'éducation est devenue un instrument important de la mise en œuvre des politiques extérieures de l'UE et un levier incontestable de soft power. Elle est aussi essentielle pour faire face aux défis globaux et au changement de l'ordre mondial. L'EEE peut ainsi contribuer aux objectifs géopolitiques de l'UE en renforçant ses liens avec le reste du monde. La coopération internationale doit jouer un rôle plus important dans le soutien aux systèmes éducatifs de pays partenaires.

Pour renforcer le rôle de l'éducation dans les politiques extérieures de l'UE, l'action au niveau de l'UE devrait être orientée vers la création d'une approche « Équipe d'Europe » (Team Europe), favorisant une plus grande coopération avec les États membres de l'UE sur les activités extérieures des établissements d'enseignement et de formation dans différentes régions du monde. D'autre part, l'UE renforcera sa coopération avec des partenaires mondiaux stratégiques (Chine, Etats-Unis...). Une dimension internationale élargie du programme Erasmus sera un outil important pour favoriser la dimension mondiale de l'EEE. La Commission prévoit enfin d'ouvrir davantage sur le monde des actions comme les masters conjoints Erasmus Mundus.

Cadre de travail et gouvernance

En vue d'achever l'EEE d'ici à 2025, un cadre de travail sera mis en place. Il poursuivra les méthodes de travail du cadre stratégique ET 2020 ayant déjà fait leurs preuves (groupes de travail, réunions de directeurs-généraux...). Le cadre de travail sera aussi caractérisé par des discussions régulières entre le Conseil Éducation, jeunesse, culture et sport et d'autres formations du Conseil et par un travail structuré renforcé entre la Commission, les Etats membres et les acteurs clé. Une plateforme permanente de l'EEE sera mise en place pour assurer la transparence et l'accès à l'information concernant les actions entreprises. Il est aussi prévu d'établir un comité directeur de l'EEE dont la composition et la méthode de travail seront définies par les États membres d'ici 2021.

Le cadre de travail permettra aux États membres et à la communauté éducative de prendre des initiatives mises en avant dans cette communication. Il permettra également d'identifier les indicateurs pour guider et suivre les progrès de l'EEE, d'accélérer l'intégration de l'éducation et la formation dans le Semestre européen et de poser les bases d'un cadre de gouvernance de l'EEE d'ici 2025. Ce nouveau cadre de gouvernance sera construit dans le respect de la responsabilité des États membres dans la définition des contenus d'apprentissage et l'organisation de leur système éducatif. Il est destiné à établir une orientation politique claire dans le but d'assurer non seulement la compatibilité des priorités nationales avec les objectifs européens en matière d'éducation et de formation, mais aussi la cohérence des livrables et outils utilisés. Le cadre de gouvernance devrait renforcer les objectifs stratégiques de l'UE et favoriser le lien entre les différentes initiatives, y compris celles développées au niveau de l'ONU et de l'OCDE. Il devait aussi favoriser des solutions efficaces et des réformes politiques sur le terrain.

Lien vers la Communication - version anglaise | PDF | 1Mo