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L'une des missions de l'État est de veiller au développement et à la protection du patrimoine intellectuel, scientifique et culturel, en accompagnant en particulier les disciplines dites rares, dont les effectifs d'enseignants-chercheurs, de chercheurs et d'étudiants diminuent parfois, alors même que leur intérêt scientifique demeure. C'est aussi d'accompagner les disciplines émergentes qui trouvent difficilement leur place dans le paysage institutionnel. Il est donc essentiel d'élaborer une cartographie de ces disciplines qui représentent un véritable potentiel pour la vitalité des sciences et leurs dynamiques.
Les disciplines rares concernent tous les champs disciplinaires : langues, sciences humaines et sociales (étude des mondes anciens comme la papyrologie) ou encore sciences dites "dures" comme la cristallographie ou de nouveaux champs des sciences de la vie.
Pour établir la cartographie des « disciplines rares » il ne suffit pas de reprendre les catégories usuelles des sections du CNU ou du CoNRS, aussi est-il indispensable de revenir vers les enseignants-chercheurs et les chercheurs pour qu'ils participent à l'identification des spécialités ou domaines de recherche et de formation, qui puissent être qualifiés de « disciplines rares ».
Pour conduire cette opération, le MESRI a mis en place, en mars dernier, un comité de pilotage et un groupe de travail constitués de huit institutions ayant engagé des projets en ce sens: CPU, CP-CNU, CNRS, ANR, Alliance Athéna, AllEnvi, INALCO et UFA-DFH, afin de coordonner les travaux d'identification et de quantification des disciplines rares et d'être le partenaire français de l'Arbeitsstelle Kleine Fächer de la Johannes Gutenberg Universität de Mayence, ce projet s'inscrivant dans une double perspective :
Les trois niveaux d'action - État, établissements d'enseignement supérieur et de recherche et Europe - sont complémentaires pour défendre et promouvoir les disciplines rares.
Une première étape appuyée sur deux expérimentations conduites en 2018 et 2019, auprès des enseignants-chercheurs et chercheurs du secteur disciplinaire des Sciences de l'Antiquité, a permis de préciser les attendus et le dispositif d'enquête nécessaires à la collecte des informations pour identifier et quantifier les disciplines rares.
Une deuxième étape est désormais à l'œuvre, visant une généralisation de l'enquête à l'ensemble des disciplines - secteur Santé inclus - et à l'ensemble des établissements, au moyen d'un questionnaire en ligne. Les réponses ainsi collectées feront l'objet d'une analyse conduite par le groupe de travail Disciplines rares, en étroite collaboration avec les scientifiques souhaitant participer à l'identification et à la définition des disciplines rares de leurs secteurs disciplinaires respectifs. Le lancement des enquêtes auprès des enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs de recherche, mais aussi auprès des vice-présidents Formation, vice-présidents Recherche et directeurs adjoints scientifiques du CNRS est envisagé début 2021.
Outre une première liste des Disciplines rares envisagée à l'été 2021, ces enquêtes devraient permettre d'établir conjointement une base de données d'experts afin de faciliter les travaux en réseau et l'interdisciplinarité.
Une discipline rare est une discipline comportant de faibles effectifs d'enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs de recherche et/ou d'étudiants. 3 catégories de disciplines rares sont à distinguer :
Bien que le terme de « discipline » soit conservé, en référence au rapport des trois présidents, le grain d'analyse visé est plus fin et correspond en réalité à des spécialités ou domaines d'enseignement ainsi qu'à des thématiques de recherche, soit à un niveau plus fin que celui des sections CNU ou Co-NRS, traditionnellement considérées comme des disciplines.
Côté allemand, les travaux sur les « disciplines rares » ont débuté dans les années 70. Le terme consacré est : Kleine Fächer :
Consulter la liste des Kleine Fächer allemandes
Le projet Disciplines rares fait l'objet d'une coopération avec la Mainzer Arbeitsstelle Kleine Fächer (MAKF), soutenu financièrement par la Fondation Volkswagen.
D'après les travaux de Stichweh 2013[1] définissant une discipline selon plusieurs dimensions, soit :
La MAKF a défini 5 critères pour identifier une « discipline » (Fach) :
1. Etre considérée comme une discipline autonome par les scientifiques du domaine,
2. Etre reconnue au sein d'une société savante nationale et/ou internationale,
3. Disposer de revues scientifiques nationales et/ou internationales,
4. Etre dispensée par un personnel titulaire dont la dénomination est spécifique,
5. Faire l'objet d'un cursus, d'un parcours ou d'un enseignement prépondérant au sein d'un cursus,
et 1 critère quantitatif pour délimiter les « petites » des autres « disciplines » : 3 Professuren par implantation universitaire est le nombre maximal de Professuren admis pour qu'une « discipline » soit reconnue comme une « petite discipline ». Cependant, compte tenu des spécificités de certaines « disciplines » une tolérance de 2 exceptions maximum à ce critère sur l'ensemble du territoire allemand est admise.
Le projet Disciplines rares vise ainsi à une adaptation de ces critères dans le paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche français et à l'élaboration d'une liste commune franco-allemande de disciplines rares/Kleine Fächer.
[1] Stichweh, Rudolf 2013 : Wissenschaft, Universität, Professionen. Soziologische Analysen. Bielefeld : Transcript.
L'enquête débutera le 11 janvier 2021 (lien à venir)
Pour toute question concernant les disciplines rares :