Publié le 07.04.2025

Discours de Philippe Baptiste à l'occasion de l'ouverture des assises de la coopération universitaire et scientifique France-Égypte

Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a prononcé un discours le lundi 7 avril 2025 à l'Université du Caire à l'occasion de l'ouverture des assises de la coopération universitaire et scientifique France-Égypte.

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Monsieur le Ministre, 

Monsieur l’Ambassadeur, 

Mesdames et Messieurs les représentants des Conférences d’établissements,

Mesdames et Messieurs les représentants d’Établissements d’Enseignement supérieur et de recherche français et égyptiens, 

Chers Collègues,

C’est un grand honneur pour moi de m’exprimer devant vous aujourd’hui, dans cette magnifique université du Caire, pour ouvrir ces assises de la coopération universitaire entre nos deux pays. 

Quelle émotion de me trouver ici, dans cette institution au rayonnement mondial, qui a accueilli certains des plus beaux esprits de leur temps. 

Ici, où règne la langue de Naguib Mahfouz, lui qui a donné au Caire un écrin de littérature. 

Ici où demeure l’esprit de Mohamed El-Baradei, qui a tant fait pour mettre la recherche au service de la paix dans le monde. 

Dans ces murs, je pense à ce qu’écrivait Andrée Chedid, cette grande écrivaine égyptienne de langue française, dans un de ses romans situés en Égypte : « la vérité s’appelle les hommes ! »

Oui, ce sont des hommes, des femmes, qui bâtissent le réel, qui rendent possibles les liens entre les pays, qui explorent les ressources cachées de l’intelligence. 

Je veux donc remercier les hommes et les femmes qui ont permis notre rencontre d’avoir lieu aujourd’hui. 

Merci, Monsieur le ministre, pour votre hospitalité et la générosité de votre accueil. 

Merci à vous, Excellence, ainsi qu’au personnel de notre poste diplomatique pour votre engagement.  

Merci enfin aux dizaines, de centaines de personnes qui travaillent chaque jour pour faire vivre la relation exigeante que nous entretenons dans l’enseignement supérieur et la recherche, au service de l’excellence. 

La rencontre que nous vivons prend place dans un moment fort de la relation entre nos deux pays. 

Cela se traduira d’ailleurs, tout à l’heure, par l’accueil du président de la République française. 

Elle s’inscrit aussi dans une période troublée et troublante pour la science, au niveau international. 
 
C’est pourquoi il est plus important que jamais de réaffirmer l’importance du dialogue et de la coopération, en particulier en matière scientifique. 

Car la science a un rôle particulier à jouer dans le dialogue entre les peuples et au sein des sociétés. 

Un rôle pour éclairer les consciences, un rôle pour permettre l’échange, par l’exemple de la discussion scientifique. 

Hubert Curien, qui a donné son nom au partenariat qui lie nos deux pays en termes d’échanges scientifiques et technologiques, avait à ce sujet des mots forts. 

Pour lui « la science, si elle est un puissant levier de croissance économique, doit également garantir la prééminence des universaux : la liberté de pensée et la solidarité, qui sont les moteurs de la démocratie ».

Oui, la science et la recherche sont les lieux par excellence où doivent s’incarner le libre débat, la discussion, franche, créative, pour que la vérité naisse de la confrontation des intelligences. 

La France, façonnée depuis des siècles dans le creuset des Lumières, est engagée de longue date au service de la science. 

Condorcet, avec un enthousiasme tout révolutionnaire, affirmait déjà que « l’esprit humain s’avance vers la vérité, d’un pas ferme, de cette terre heureuse où la liberté vient d’allumer le flambeau du génie ». 

Et nous avons grandi depuis plus de deux siècles à la lueur de ce flambeau. 

L’enseignement supérieur doit, lui aussi, rester le temple de l’universel, qui est le sens même de l’université. 

Universel par l’ouverture au monde, universel par les valeurs qui y sont défendues. 

Nos étudiants d’aujourd’hui doivent être demain les ambassadeurs de cet idéal, mettre le progrès de la science au service de l’humanité tout entière. 

Et il est juste que le lien entre nos deux pays se manifeste particulièrement dans cet espace de rencontre que permet la science, en enjambant les différences ou plutôt, en s’en nourrissant pour aller ensemble, plus loin. 

Cette histoire entre nos deux pays n’est pas nouvelle. 

Je ne dirai pas, comme un autre avant moi, que du haut de ces murs, tant de siècles nous contemplent. 

Mais il est vrai que, depuis plus de 150 ans, nos deux pays ont été profondément liés à travers la recherche. 

C’est particulièrement le cas en ce qui concerne l’archéologie. 

L’institut français d’archéologie orientale, l’IFAO, est installé en Égypte depuis 1880 ; il a accompagné certaines des grandes découvertes égyptologiques des dernières décennies. 

Il a aussi accueilli, année après année, des amoureux de l’Égypte, de son histoire, de son patrimoine, avides de faire connaître ses richesses et ses mystères. 

Aujourd’hui encore l’IFAO est le cadre d’une belle coopération, qui permet de mettre en œuvre des missions archéologiques avec le concours des autorités égyptiennes et du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. 

Le Grand Musée Égyptien, que j’ai eu la joie de découvrir, est un écrin magnifique qui rappelle le travail que vous menez avec vos collègues, monsieur le ministre, pour faire connaître votre patrimoine, unique dans le monde et peut-être dans l’histoire.  

Voilà de belles fondations sur lesquelles poursuivre, avec ambition, l’édifice de nos relations. 

Un projet incarne particulièrement nos efforts communs pour faire avancer la coopération entre nos deux pays, je pense bien sûr à l’Université Française d’Egypte, l’UFE. 

Depuis la signature de l’accord inter-gouvernemental en 2019, nous sommes à pied d’œuvre pour que les premiers bâtiments de cette grande université puissent accueillir étudiants et professeurs à la prochaine rentrée. 

Je veux adresser une nouvelle fois tous mes remerciements aux autorités égyptiennes pour leur implication dans ce projet. 

Merci, cher collègue, monsieur le ministre Ashour, pour votre engagement sans faille. 

Je suis convaincu que le campus de l’Université franco-égyptienne sera un point d’ancrage pour les relations à venir entre nos deux pays. 

L’offre de formation se prépare, l’intérêt de la jeunesse pour cette offre est manifeste. 

Et il n’est pas moins important parmi les établissements, comme en témoigne l’accord de consortium que les établissements français partenaires de l’UFE signeront tout à l’heure. 

Cela augure d’une structuration sans cesse plus aboutie pour l’UFE, portée par une gouvernance renforcée et fortement engagée dans sa mission, avec le soutien de notre poste diplomatique et des ministères en charge des Affaires Étrangères et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. 

Nous veillerons, avec mon homologue égyptien M. Ashour, à ce que cette œuvre conjointe connaisse le meilleur des destins.

Cette université portera aussi les couleurs de notre langue. 

L’Égypte a nourri de nombreux écrivains de langue française d’immense talent, qui ont porté en eux l’amour de nos deux pays, de nos deux langues. 

La francophonie aujourd’hui, ne peut pas être l’affirmation d’une mainmise française sur sa langue. 

Elle est au contraire le gage et la condition d’une ouverture au monde, à un bariolage assumé, à la rencontre qui fait naître le changement et la création. 

Les universités peuvent et doivent se penser comme des acteurs de la francophonie, s’inscrire dans cette communauté qui s’inscrit sur tous les continents. 

C’est une manière de vivre notre engagement en faveur de la mobilité, des échanges entre nos pays, en particulier à travers leurs jeunesses. 

J’étais il y a quelques semaines à la Cité internationale universitaire de Paris, qui fêtait ses 100 ans. 

Dans ce lieu étonnant, se croisent les jeunesses du monde entier. 

J’ai été très heureux qu’une Maison de l’Égypte puisse s’y installer, pour donner un lieu aux étudiants de votre pays. 

C’est à eux que je voudrais m’adresser pour conclure, en reprenant les mots, une fois encore, d’Andrée Chedid. 

Jeunesse qui t'élances
dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.

Je vous remercie. 

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Service presse du ministère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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