Publié le 07.02.2024

Exposition Dans la Seine à la Crypte archéologique de Paris

Réalisée en collaboration avec l'Inrap, l'exposition Dans la Seine, Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours réunit plusieurs chercheurs en archéologie et rassemble près de 150 objets recueillis dans la Seine à la Crypte archéologique de Paris.

Dans un cheminement chronologique, l'exposition Dans la Seine, Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours présente à la fois l'histoire de la Seine, des populations qui y ont vécu et des objets retrouvés dans le lit du fleuve, plus ou moins en lien avec celui-ci. 

Située sous le parvis de la Cathédrale Notre-Dame, la Crypte archéologique de Paris, présente les vestiges du Paris antique, médiéval et d'époque moderne. Il s'agit de l'unique site archéologique ouvert au public à Paris, découvert lors de fouilles préalables en vue de la construction d'un parking sous-terrain, réalisées de 1965 à 1970. Le parking laissant finalement place au musée.

Crédits :
Pierre Antoine - Paris Musées - Musée Carnavalet

Scénographie de l'exposition Dans la Seine à la Crypte archéologique de l'île de la Cité

C'est à la Crypte archéologique de Paris et quasi au niveau de la Seine, qu'on peut découvrir ce parcours. L'exposition nous montre, par exemple, les traces des aménagements réalisés par les Romains sur les berges de l'Île de la Cité, mais aussi des découvertes en amont et en aval de la Seine qui nous permettent de reconstituer les paysages, les habitats et modes de vie à des époques données : sources de la Seine en Bourgogne, pêcherie antique dans l'Aube, site paléolithique à Clichy-la-Garenne... Des découvertes issues de fouilles préventives ou de dragages (dont certaines faites par la brigade fluviale de Paris, à l'instar du Mascaron retrouvé au pied du Pont-Neuf, par les plongeurs de la Brigade fluviale de Paris en 2014).

Crédits :
Pierre Antoine - Paris Musées - Musée Carnavalet

Nasse de pêche, présentée au sein de l'exposition, elle atteste de la présence d'une pêcherie, durant l'Antiquité, sur la Seine. Sa conservation exceptionnelle montre qu'elle a sans doute été figée par une crue.

Crédits :
Pierre Antoine - Paris Musées - Musée Carnavalet

Sylvie Robin fait face au mascaron, décor en forme de masque, retrouvé au pied du Pont-Neuf en 2014 par les plongeurs de la Brigade fluviale de Paris. Au sein de l'exposition, le visiteur est invité à toucher la sculpture, dont la surface a été altérée par les sédiments du fleuve.

L'exposition dévoile également un grand nombre d'objets, pour certains intacts et hors contexte, retrouvés à la confluence de la Bièvre (rivière enfouie et à présent disparue à Paris) et de la Seine comme de nombreuses céramiques ou objets en métal issus des fouilles de Théodore Vacquer (dans les années 1880), des armes, etc. Toutefois, l'histoire du fleuve revêt également une dimension sacrée, comme en témoigne le sanctuaire de Sequana, ou mystique, lorsque ce dernier accueille les prières de riverains comme en témoignent les nombreux ex-voto du Moyen Âge. L'origine de certains objets demeure mystérieuse, car peu ou pas documentée, laissant place néanmoins à l'imaginaire et faisant appel à la part poétique de chacun.

La déesse Sequana est une représentation humaine de l'eau des sources. C'est après la conquête de la Gaule par les Romains, qu'un sanctuaire dédié à cette divinité guérisseuse est établi aux sources de la Seine.

(source : Musée archéologique de Dijon)

Contrepoint contemporain

Enfin, des artistes contemporains offrent un contrepoint dans ce rapport à la matière et aux rituels ancestraux, à l'instar de Yan Tomaszewski qui réinvente l'Ex-voto, dans une série intitulée Sequana (2023), immergé dans la Seine lors de la Nuit Blanche 2023, après une procession allant du MAC VAL jusqu'au fleuve, et du duo d'artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige à travers l’installation Time Capsules, extraite de leur projet en cours Unconformities/ Discordances et réalisée à partir de carottages de l'exploration des sous-sols, une œuvre qui fait le récit de l’histoire enfouie des villes...

L'archéologie est aussi une étude des matières et de comment ces matières sont exploitées. 

Sylvie Robin, commissaire scientifique de l'exposition Dans la Seine

Rencontre avec Sylvie Robin, archéologue et conservatrice en chef du patrimoine

Comment est conçue l'exposition Dans la Seine ?

Sylvie Robin : L'exposition raconte des éléments de l'histoire de la Seine et de ses populations au travers de découvertes archéologiques très documentées et d'objets qui appartiennent aux collections du musée issus de collectes et de dragages de la Seine.

L'idée était de présenter quelques fouilles archéologiques qui montrent le rapport entre les populations et la Seine : comment à la Préhistoire, on occupait des îlots sableux pour en faire des haltes de chasse, comment à l'Antiquité, on a traversé la Seine pour créer les grandes routes qui vont de Lyon aux provinces du nord de la Gaule, comment on chassait, etc.

Si l'exposition donne des informations pragmatiques, elle présente également des informations propres aux rituels, aux croyances comme cette évocation du sanctuaire des sources de la Seine ou les ex-voto datant du Moyen Âge.

Qu'est-ce qui va surprendre le visiteur dans cette exposition ?

Sylvie Robin : L'exposition présente des objets en quantité pour montrer leur aspect statistique c'est-à-dire, des objets répétitifs, des objets du quotidien, mais aussi des matériaux : du bois, de la céramique, du silex, des métaux... L'archéologie est aussi une étude des matières et de comment ces matières sont exploitées. Enfin, nous avons sollicité des artistes contemporains pour montrer le lien étroit entre l'archéologie et la création contemporaine dans ce rapport à la trace, aux matériaux et à la destination des objets.

Où se sont déroulées les fouilles ?

Sylvie Robin : On s'est appuyé sur des fouilles extérieures à Paris mais dans des paysages et configurations de la Seine très similaires comme celles de Clichy-la-Garenne pour la période du Néolithique. Quant à la fouille où a été retrouvée la nasse de pêcheur [ndlr : une nasse intacte présentée dans l'exposition], à Pont-sur-Seine dans l'Aube, on la retrouve également dans une disposition de la Seine à peu près similaire à celle de Paris, puisqu'il s'agit d'un bras de la Seine, où se situait la pêcherie.

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