A ce jour, elle demeure à la fois, l'un des piliers indéfectibles de la relation entre la France et Haïti, elle participe pleinement à la politique de renforcement de l'enseignement supérieur et enfin elle génère une expertise haïtienne et française de haut niveau. Cette coopération s'illustre au quotidien à travers de nombreux outils, on citera :
- Le programme de mobilité doctorale « Anténor Firmin » en partenariat avec l'Ambassade de France en Haïti, l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), la Banque de la République d'Haïti (BRH), rejoint dernièrement par l'Institut de Recherche pour le développement (IRD). Les universités françaises accueilleront une nouvelle cohorte de 14 doctorants engagés dans une thèse en codirection ou cotutelle ;
- Le programme de mobilité en master en partenariat avec l'Ambassade de France en Haïti, la Banque de la République d'Haïti (BRH) et la fondation Sogebank. Durant l'année académique 2021-22, les universités françaises accueilleront 15 étudiants en master 2 ;
- Le projet « Échanges linguistiques et apprentissage novateur » (ELAN-Interreg), qui facilite la mobilité universitaire régionale au sein de l'Université des Antilles, implique fortement l'Ambassade de France et l'Espace Campus France de l'Institut français en Haïti. Ainsi, 16 étudiants haïtiens ont bénéficié de bourses ELAN leur permettant de poursuivre leurs études dans les Antilles ;
- Les financements directs pour la consolidation des masters notamment à la Faculté des Sciences et à l'École Normale Supérieure (ENS) de l'Université d'État d'Haïti (UEH) ;
- Le FSPi - « Pour un Enseignement rénové du Français en Haïti » offre un renforcement du français et du bilinguisme dans des Universités publiques régionales et à l'UEH, notamment avec la création d'un Master « didactique du Français » à l'ENS ;
- Un soutien à l'expertise de l'Assemblée des Directeurs des Instituts Universitaires de Technologie (ADIUT), de l'IUT du Havre et de la Conférence Internationale des Dirigeants des institutions d'Enseignement supérieur et de recherche de Gestion d'Expression Française (CIDEGEF) pour développer les filières professionnelles courtes des Universités publiques régionales ;
- Des appuis à une dizaine d'accords interuniversitaires actifs dans plusieurs domaines (géosciences, agroécologie, environnement, santé, sciences sociales, linguistique...) dont certains sont renforcés par le programme Erasmus+, pour l'accueil de la mobilité étudiante, le soutien aux masters des universités haïtiennes, l'encadrement des doctorants et la coproduction avec les chercheurs haïtiens de savoirs sur la réalité́ du pays.
- L'octroi de subventions en appui aux laboratoires et Écoles doctorales de l'UEH, de l'Université Quisqueya (UniQ) et de l'École supérieure d'informatique d'Haïti (ESIH) ;
A noter : l'IRD déploie en Haïti un Laboratoire Mixte International (LMI) CARIBACT sur les aléas naturels et la variabilité́ climatique. Ce LMI renforce l'Unité de Recherche en Géosciences (URGéo) de l'UEH et l'équipe de recherche sur les changements climatiques « ERC2 » au sein de l'UniQ en partenariat avec le laboratoire Géoazur, l'Université et l'Observatoire Côte d'Azur, le CNRS. Deux autres LMI mobilisent aussi des chercheurs haïtiens et français :
- ELDORADO sur les maladies émergentes, réunissant des chercheurs français (IRD, Sorbonne Université́, CNRS, Université́ de Montpellier), du Mexique et d'Haïti
- MESO « Mobilités, gouvernance et ressources dans le bassin méso-américain » qui associe l'IRD et des chercheurs du Mexique, du Costa Rica. Il soutient des projets portés avec d'autres institutions en Amérique centrale, Cuba et Haïti
On soulignera également l'appui technique depuis 2021 de deux nouveaux experts techniques internationaux français positionnés l'un sur l'enseignement supérieur, l'innovation et la recherche, M. David Bruchon et l'autre sur la promotion du français et du bilinguisme, M. Lionel Leignel.
Cette coopération scientifique s'anime autour d'un solide maillage d'acteurs scientifiques français et francophones qui ont construit avec leurs homologues haïtiens, des relations de travail et d'amitié qui perdurent. On soulignera tout particulièrement l'implication continue de la Conférence des Présidents d'Université (CPU) et de l'AUF. Je salue leur importante contribution à la relation franco-haïtienne et la solidarité qu'ils témoignent actuellement à l'égard des enseignants-chercheurs et des étudiants haïtiens.
On ne saurait parler de coopération sans évoquer l'avenir qui, grâce à un dialogue permanent avec les parties-prenantes en Haïti et en France, nous conduit aujourd'hui à mener une réflexion sur l'élaboration d'un nouveau financement en appui aux universités pour concentrer des moyens sur les masters, la formation doctorale et la recherche scientifique. Accroître le nombre des enseignants-chercheurs et renforcer leur formation, augmenter les activités des laboratoires de recherche tout en leur permettant de publier sont des leviers majeurs pour le développement d'Haïti.
La forte capacité d'innovation et d'adaptation du partenariat franco-haïtien est un atout indiscutable qui permettra aux universités haïtiennes de continuer de générer de l'expertise de haut niveau pour répondre aux défis environnementaux, sociaux, économiques et politiques d'Haïti.
Pascal Hajaali, Conseiller de coopération et d'action culturelle - Ambassade de France en Haïti
Voir les autres articles : Focus sur la coopération en enseignement supérieur et recherche avec Haïti