Publié le 01.03.2023

One Forest Summit au Gabon : préserver des grands bassins forestiers grâce à la science

Annoncé lors de la COP 27 à Sharm el-Sheikh, en Égypte, par le Président de la République française, Emmanuel Macron, et le Président de la République gabonaise, Ali Bongo, le One Forest Summit se tient à Libreville, au Gabon, les 1er et 2 mars 2023.

One Forest Summit
Crédits :
Luk Senning / Unsplash

Qu’est-ce que le One Forest Summit ?

Organisé à Libreville, au Gabon, les 1er et 2 mars 2023, ce sommet est dédié à la solidarité entre les trois grands bassins forestiers à l'échelle mondiale que sont : 

  • la forêt amazonienne,
  • le bassin du Congo,
  • les forêts tropicales d'Asie du Sud-Est.

Il s’agit d’un moment-clé pour l’action climatique et la préservation de la biodiversité de ces écosystèmes dont la protection représente un enjeu mondial.

Quels enjeux ?

Ces bassins forestiers jouent un rôle phare dans la régulation du climat par leur capacité d’absorption du CO2. La préservation de ces écosystèmes de ces espaces joue également un rôle de premier ordre pour prévenir l'apparition de nouvelles épidémies.

La communauté internationale doit donc agir pour préserver ces réserves vitales de carbone ou de biodiversité.
 

Quels sont les objectifs du One Forest Summit ?

Ce sommet, qui rassemblera des chefs d’État des ministres de tous les continents, permettra d’aborder les enjeux liés à la préservation des trois grands bassins forestiers, au lendemain de l’accord historique obtenu à Montréal sur la protection de la biodiversité.

On oppose parfois la protection des forêts et le développement économique des pays forestiers, qui pour beaucoup d’entre eux sont par ailleurs soumis à une forte pression démographique. Le but du sommet est de démontrer que les deux objectifs sont conciliables, gérer de manière durable une forêt permet à la fois de :

  • préserver les services écosystémiques rendus à l’humanité
  • et augmenter sa valeur ajoutée économique pour les pays forestiers et les populations locales.

Concrètement, le One Forest Summit de Libreville n’aura pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques. Le cadre ambitieux existe déjà : c’est celui fixé par l’Accord de Paris et ensuite à Glasgow, puis à Montréal lors de la COP15. L’enjeu sera de mettre en application cette ambition en proposant aux pays forestiers, avec l’aide de nombreux scientifiques, chefs d’entreprise, investisseurs et ONG, une plateforme de solutions scientifiques et économiques pour les aider à concilier protection de leurs forêts et développement économique.

L’ensemble des acteurs du sommet vont donc œuvrer pour :

  • développer la coopération scientifique sur les forêts tropicales
  • promouvoir les chaînes de valeur durables
  • débloquer des financements innovants.

Quels rôles pour la recherche et l’enseignement supérieur dans la protection des forêts tropicales ?

Pour mieux protéger la forêt, il faut avant tout mieux la connaître. C’est pour cela que le renforcement de la coopération scientifique est l’un des piliers du One Forest Summit. Le renforcement de cette coopération scientifique internationale passe en particulier par l’initiative OneForestVision qui d’ici 3 ans veillera sur l’état des forêts en temps quasi réel.

La plateforme OneForestVision

Cette plateforme ouverte de données traitera avec l’IA des observations satellites à haute résolution, des images aériennes avec des observations par laser et des données de terrain. 

La plateforme assurera ainsi un suivi précis et en temps quasi réel de l'état des forêts, des stocks de carbone et de la biodiversité, jusqu’au niveau de l’arbre. Elle permettra notamment :

  • aux décideurs publics de mieux lutter contre la déforestation illégale ;
  • le développement de la formation sur ces enjeux et le renforcement de la mobilité entre chercheurs ;
  • une meilleure identification des pratiques traditionnelles qui continuent à la protection de la biodiversité ;
  • une meilleure coopération scientifique dans la lutte contre les zoonoses, ces maladies pouvant être transmises de l’animal à l’homme, et dont le risque s’accroît avec la déforestation. 

Nathalie Frascaria-Lacoste, professeure à AgroParisTech et directrice du laboratoire Écologie, Systématique et Évolution - IDEEV, à l'Université Paris-Saclay : "Depuis une vingtaine d'années, on a une équipe qui a installé un dispositif dans une forêt dans laquelle on fait des observations très poussées, pratiquement quotidiennes, d'estimation du fonctionnement des arbres et de l'écosystème forestier. Pour ça, on a installé un pylône de 35 mètres de haut avec une station de mesure au sommet. Le laboratoire, par exemple, peut télécharger ces données via des satellites. Ce qui est très intéressant, c'est que, cet écosystème, est relié à d'autres écosystèmes, donc tous les collègues travaillent en lien en interaction sur ces mesures globales. Il y a des prouesses un peu techniques, aujourd'hui, qui permettent d'aller très finement dans des observations, grâce à des observations satellitaires ou via des lasers qui permettent s'il y a de la déforestation, et encore plus une déforestation illégale, de pouvoir prévenir ce qu'il est en train de se passer, s'il y a des événements de déforestation dans certaines forêts. Dans les forêts, il y a plus de 80 % des espèces terrestres qui s'y trouvent. Le problème, c'est qu'il y a une surexploitation de ces forêts, qui, aujourd'hui,  nous mettent un peu au pied du mur, de notre avenir, nous en tant qu'espèce humaine. Il est donc vraiment important aujourd'hui que des fonds soient mobilisés pour aider ces acteurs locaux, ces scientifiques, à mettre en place et qui vont nous aider à l'échelle mondiale pour limiter cette déforestation."