Au lendemain de la présentation du projet de loi sur l'Enseignement supérieur et la Recherche en Conseil des Ministres, Geneviève Fioraso a souhaité se rendre à l'Université de Bourgogne. Ce déplacement est l'occasion d'illustrer la priorité du projet de loi en faveur à la réussite étudiante, et notamment les mesures visant à améliorer l'orientation, l'insertion professionnelle des étudiants et la simplification des formations.
En venant à Dijon, à l'université de Bourgogne, je voudrais aborder avec vous un sujet majeur : la réussite des étudiants.
Aujourd'hui, un étudiant sur 5 échoue dans l'enseignement supérieur. C'est beaucoup trop, d'autant qu'ils sont trop nombreux à obtenir leurs diplômes après un parcours chaotique.
Ces chiffres masquent d'autres situations. Sur 100 jeunes qui entrent dans une des 5 filières post bac, combien sont-ils deux ans plus tard à ne pas avoir atteint la situation qu'ils visaient initialement ?
La réponse est sans appel :
Trop de jeunes connaissent des parcours d'études faits de redoublements, de réorientation ou de sortie sans diplôme :
Nous savons que ces histoires de vie étudiante diffèrent surtout en fonction du milieu social d'origine, du baccalauréat choisi et de l'âge.
Et, derrière tous ces échecs, ces parcours multiples, ces réorientations, il y a des jeunes et des familles désemparés, des formateurs désorientés. C'est pourquoi je veux que nous fassions de la réussite étudiante notre priorité. Une priorité sociale, une exigence politique, une priorité économique aussi car le redressement industriel et la mise en place de nouvelles filières ne pourront pas se faire si nous ne disposons pas des qualifications correspondantes.
Et je voudrais ce matin ici à l'université de Dijon devant vous universitaires, étudiants, responsables d'université et de composantes universitaires, vous dire simplement ceci : la réussite étudiante ne se décrète pas, elle se construit.
La loi sur l'enseignement supérieur et la recherche propose tous les outils pour que l'Etat, dans ses missions républicaines d'Etat stratège et les acteurs des sites autonomes dans leurs choix et leurs initiatives sur le terrain, contribuent à cette réussite en dialogue.
La réussite étudiante repose sur les conditions auxquelles la loi répond : la première c'est l'orientation.
L'orientation des jeunes élèves et étudiants est primordiale. Les analyses réalisées à partir des cohortes des étudiants démontrent que le taux de réussite est fortement lié aux modalités de l'orientation et à la pertinence des choix opérés.
J'ai voulu, après avoir lancé une enquête auprès des lycéens, répondre à leurs besoins. L'orientation ne se limite pas à A.P.B. - portail d'orientation et d'admission utile que les jeunes apprécient dans l'ensemble.
Il faut améliorer l'offre de formation supérieure, qui est devenu un maquis illisible : 10000 intitulés de licence : c'est aberrant !
D'autant que cette confusion, antinomique avec l'objectif d'harmonisation de la réforme L.M.D., désavantage encore plus les jeunes qui ne disposent pas de réseau de décryptage dans leur entourage et creuse ainsi les écarts sociaux.
Enfin, il y a un manque crucial d'accompagnement individualisé et humanisé. Encore une fois, on ne s'oriente pas seulement avec des "clics".
C'est pourquoi le gouvernement prévoit, dans une loi à venir, au niveau de chaque région la création d'un service public d'orientation et d'information.
C'est aussi la raison qui m'a conduite à inscrire dans le projet de loi une orientation prioritaire en faveur des bacheliers professionnels et technologiques, respectivement pour les S.T.S. et I.U.T..
Au-delà de ces deux mesures, je souhaite que chacun dans l'enseignement supérieur considère que l'orientation des jeunes est de sa responsabilité.
S'il faut améliorer la procédure Admission Post bac – et nous nous y emploierons – il faut surtout adopter une nouvelle conception de l'orientation :
Car s'orienter n'est pas naturel, c'est une compétence à laquelle il faut former les jeunes et au-delà les salariés tout au long de leur vie professionnelle.
Réussir ses études c'est aussi bénéficier d'un accueil et d'un accompagnement régulier et individualisé. A Dijon, vous vous y employez et je vous en félicite.
Nos campus doivent être des campus accueillants et pas comme c'est souvent encore trop le cas des espaces impersonnels, inadaptés à l'échange et à la vie étudiante.
Le second axe concerne la fluidité des parcours, aujourd'hui insuffisante, pour ne pas dire inexistante.
Lorsque l'on questionne les jeunes, ils nous disent d'abord combien ils sont perdus face au maquis des diplômes et des filières de formation.
Mais ils veulent aussi savoir si, au cours de leur parcours d'études, ils pourront bénéficier de passerelles pour se ré-orienter ou préciser leur orientation.
Dans l'enquête que nous avons menée auprès des jeunes étudiants et futurs étudiants, ils sont plus de 50% à demander de pouvoir se réorienter dans les études supérieures.
Il faut simplifier le schéma général des formations post bac. C'est prévu. Il faut ensuite réformer la licence universitaire, avec une spécialisation disciplinaire progressive.
D'autres mesures sont déjà engagées. J'ai parlé de ma volonté de doubler le nombre d'étudiants en alternance d'ici 2020.
Je parlerai aussi du numérique qui est en train de bouleverser les cartes de l'enseignement supérieur au niveau mondial, au même titre que pour l'accès à la culture ou au savoir.
Les enjeux sont majeurs et le projet de loi les prend en compte :
Mon ambition est claire :
De même, j'entends sécuriser des parcours de réussite grâce à des passerelles renforcées entre les différents cursus et en particulier entre les classes "prépa", les Grandes écoles et les universités pour les rapprocher sans les confondre.
Dans cette simplification indispensable des formations, l'Etat stratège travaillera avec les acteurs des sites universitaires :
J'ai donné consigne à la D.G.E.S.I.P. d'engager ce travail. Je vois qu'ici, à Dijon, vous y êtes prêts. Je vous félicite car c'est ainsi que se construira le changement : un cadre national et au niveau local, de l'initiative, de l'expérimentation.
Le principe d'accréditation que j'entends instaurer, permettra ces adaptations.
L'accréditation ne remet pas en cause les habilitations mais elle intègre de manière globale :
Le travail est engagé par le ministère; tant sur cette procédure que sur les nouveaux intitulés de diplômes, la réforme de la licence universitaire et les relations entre toutes les filières de formation supérieure : C.P.G.E., S.T.S., I.U.T., licence, master, écoles et instituts.
Nous devons aussi renouer avec l'innovation pédagogique qui contribuera pour beaucoup à la réussite, développer la formation professionnelle, intégrer les nouvelles E.S.P.E., renforcer le tutorat entre étudiants, élargir l'amplitude horaire des médiathèques.
Tout cela participera de la réussite des étudiants.
On ne doit pas attendre l'acquisition du diplôme pour s'intéresser à l'insertion professionnelle des étudiants. L'insertion professionnelle des étudiants, mission du service public de l'Etat, fait partie intégrante du cursus de formation et doit être anticipée.
Pour cela, il faut décloisonner, ouvrir l'université sur un écosystème social, économique et territorial.
J'ai parlé de l'alternance.
Je souhaite aussi développer les stages, dès le premier cycle, mais en les encadrant mieux. Je crois à l'intérêt des stages qui facilitent l'accès au premier emploi. Mais je refuse qu'ils se substituent à des offres d'emplois stables pour les jeunes diplômés, qu'ils soient assimilés à des "emplois déguisés" ou prétextes d'abus de toutes sortes.
C'est pourquoi les stages doivent donc être mieux encadrés, surtout dans un contexte de chômage élevé des jeunes. Je le redis avec conviction et fermeté. Le stage doit être au service de la formation.
Ni période d'essai, ni emploi déguisé, mais une période d'expérimentation pratique et temporaire en milieu professionnel, au cours de laquelle l'étudiant vérifie et précise son projet professionnel.
Je souhaite également encadrer le recours excessif aux stages dans certains secteurs, limiter les abus trop régulièrement dénoncés, et améliorer le statut des stagiaires.
Sur ces questions, en lien avec le ministère du travail, je réunirai d'ici la fin du mois de mars tous les acteurs concernés, établissements, étudiants, syndicats de salariés et représentants des employeurs.
Ainsi, Mesdames et Messieurs, vous l'aurez compris, les objectifs du premier projet de loi associant enseignement supérieur et recherche et qui sera soumis dans quelques semaines aux parlementaires visent clairement à améliorer la réussite étudiante et relancer l'ascenseur social.
Depuis une dizaine d'années, on constate une dégradation du nombre des jeunes diplômés, de l'accès des jeunes de milieux modestes aux études supérieures et de la réussite des étudiants.
Nous ne pouvons pas baisser les bras !
Il faut aussi améliorer les conditions de vie des étudiants, notamment avec la construction de logements, en panne, tout comme les plans campus, depuis 5 ans, et que j'ai remis en mouvement.
D'autres actions sont prévues. Déjà, la création de 1000 emplois dès cette année et de 5000 emplois dans le quinquennat témoigne de notre volonté et de notre engagement.
La grande différence et la grande rupture de cette loi, c'est qu'elle s'intéresse en priorité aux étudiants. C'est une mobilisation générale pour la qualification des jeunes, pour la réussite de leur parcours, indispensables au redressement de notre pays.
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