Publié le 28.05.2025

le nouveau navire de recherche du MNHN

La Korrigane, la science embarquée

Inaugurée en novembre 2024, la Korrigane est le nouveau navire de recherche du Muséum national d'Histoire naturelle. Un navire bas carbone qui permet aux scientifiques de pratiquer des méthodes de recherche non-invasives innovantes et que nous avons découvert lors de son escale à Paris.

Je travaille sur l'étude de la biodiversité marine et plus spécifiquement dans les environnements qu'on connaît le plus mal, c'est-à-dire, en dessous de 200 mètres. Je m'intéresse à la fois à caractériser cette biodiversité en termes d'espèces, et puis à comprendre les mécanismes qui expliquent l'évolution et l'origine de la diversité de ces espèces qu'on observe et qui vivent sur le fond. Pour échantillonner ces milieux-là, on a besoin de bateaux qui vont permettre de s'éloigner des côtes. Et pour récolter les organismes, la méthode principale, c'est celle qu'utilisent les pêcheurs. C'est utiliser des engins, des dragues, des chaluts qui vont être déployés à partir de bateaux, sur le fond. Ce sont des bateaux qui vont être équipés d'un portique, d'un laboratoire.
La Korrigane, c'est un petit bateau côtier qui va partir à la journée avec une équipe scientifique et des marins. Donc il y a vraiment une synergie entre le travail des marins et le travail des scientifiques. On se répartit un peu le travail avec mon collègue Loïc et on a une mise en route, une espèce de protocole d'utilisation et de mise en marche du navire, à chaque fois qu'on sort. C'est ouvrir les vannes d'arrivée d'eau c'est ouvrir les couteaux pour avoir l'électricité. C'est mettre en chauffe, faire les niveaux des choses très techniques de la vie d'un marin. Pour des déplacements, des missions à la journée, on va pouvoir monter jusqu'à dix personnes sur le bateau. Mais globalement, une fois qu'on va partir pour des missions qui vont avoir lieu plus loin sur plus de temps, le bateau est fait et conçu pour pouvoir accueillir en son bord quatre personnes. Donc quatre personnes pour dormir, il y a quatre couchages. On peut cuisiner, il y a une petite cuisine, donc tout est fait pour pouvoir vivre en autonomie,isolés en pleine mer pendant 4 à 5 jours.

La recherche dans son ensemble et la recherche océanique française se sont mobilisées pour réfléchir à comment continuer à produire des connaissances scientifiques dont on a besoin, tout en essayant de limiter l'impact de l'activité scientifique sur l'environnement.

C'est un bateau qu'on dit à bas coût carbone. Bas coût carbone à différents titres : par sa conception, parce que l'on a utilisé de l'aluminium recyclé et puis innovant par sa façon de manœuvrer, d'être propulsé.Parce qu'on a deux sources de propulsion, donc c'est hybride, parce qu'on a couplé notre moteur thermique avec un moteur électrique qui nous permet, avec un parc de batterie de deux tonnes réparties sur le bateau, de pouvoir avoir une autonomie d'environ 5 heures. Et typiquement, cela subvient aux besoins du bateau pour une journée type dans la baie du Mont-Saint-Michel, dans la baie de Saint-Malo, pour pouvoir aller échantillonner sur différents sites. C'est un enjeu majeur parce que si la recherche fournit les données sur le climat, sur les impacts des environnements, il faut qu'elle montre l'exemple, en disant, c’est une activité dont on a besoin, on a besoin de ces connaissances, mais il faut trouver un moyen pour baisser leur impact environnemental et en particulier le coût carbone.
 

La Korrigane a pour port d’attache Saint-Malo. En plus de porter la voix du Muséum en faveur de l’Océan en cette année de la mer et à l'approche de la Conférence des Nations Unies sur l’océan, l'objectif du navire est de mettre en œuvre des méthodes d’échantillonnages non-invasives. 

L'étude de la biodiversité côtière

Le Muséum, à travers la station marine de Dinard, étudie la biodiversité des écosystèmes marins côtiers. La Korrigane offre aux chercheurs la possibilité de réaliser échantillonnages, cartographies et observations. Le bateau est doté d'un laboratoire humide où réaliser les premières expérimentations en mer ; d'un portique oscillant où installer les outils de prélèvements pour analyse d'ADN environnemental (à l'instar des programmes de recherche sur le génome marin Altasea ou Dive-sea) ; de sonars dernière génération pour analyser les fonds marins, courants, bancs de poissons et de zooplancton.

De nouveaux génomes sont régulièrement identifiés et décrits et toutes ces informations sont partagées grâce à une science internationale très ouverte. Avec mes collègues, nous reconstituons des arbres phylogénétiques de système hormonaux depuis les coraux jusqu’à nous, les humains. Pour reconstruire cela, il est fabuleux de disposer d’un nombre incroyable de génomes. 

Sylvie Dufour, biologiste, directrice de recherche émérite (CNRS), chargée de mission Mer au MNHN

Comme toutes les activités humaines, la recherche scientifique peut engendrer des pollutions, c'est pourquoi, la Korrigane a été conçue dans l'optique de limiter son empreinte carbone. 

La Korrigane, un navire bas carbone

Crédits :
Christopher Guilloux / MNHN

La Korrigane, nouveau bateau de recherche du MNHN

La Korrigane est un navire à bas coût carbone, conçu par des entreprises locales (Cabinet d’architecture Navale ShipST, Chantier Gléhen à Douarnenez).

La Korrigane est munie d'un moteur hybride (thermique et électrique) et sa coque emploie de l'aluminium recyclé. Ses batteries électriques sont pourvues d'une autonomie de 5 heures, une durée idéale pour mener les expéditions d'une journée, par exemple dans la baie du Mont-Saint-Michel.

La navire est également un outil pédagogique pour la formation des marins professionnels grâce à un partenariat avec le lycée d’apprentissage maritime de Saint-Malo.

La Korrigane en chiffres

15 m de long et 4,6 m de large

25 t dont 2 tonnes de batteries électriques

8 novembre 2024 date de l'inauguration

Le navire peut accueillir un équipage d'une dizaine de personnes, mais ne dispose que de quatre couchages pour les expéditions de plusieurs jours.

Le navire scientifique du MNHN a été baptisé la Korrigane en hommage à l’expédition d’exploration scientifique éponyme menée dans le Pacifique Sud sous l’égide du Musée de l’Homme (en 1934-1936). Il a vocation à remplacer le Louis Fage, chalutier de recherche de la station marine de Dinard datant de 1987.

La Korrigane a reçu les financements du MNHN, de la Région Bretagne, de l'Union Européenne, du Plan de Relance, du Crédit Maritime de l’Ouest.

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