La Conférence des Nations unies sur l’Océan, c'est quoi ?
L'UNOC marque une étape décisive dans la manière dont la communauté internationale protège et gère les océans du globe. À l’heure où les écosystèmes marins sont sous pression, cette conférence vise à répondre au 14e objectif de développement durable de l’Agenda 2030 : conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines au service du développement durable.
Pendant plusieurs jours, le programme de la conférence a alterné entre séances plénières et dialogues. La conférence a réuni les représentants des États, agences onusiennes et membres de la société civile.
Trois priorités majeures ont guidé les discussions :
- le renforcement de la protection des océans par des mécanismes multilatéraux
- le financement de l’ODD 14 et la promotion d’une économie bleue durable
- le soutien à la décision politique grâce à une meilleure production et diffusion des connaissances scientifiques.
En point d’orgue, l’adoption d’un Plan d’action pour l’océan, assorti d’une déclaration politique et d’engagements concrets, à l’issue de la conférence.
Par ailleurs, le One Ocean Science Congress, co-organisé avec l’Ifremer, le CNRS et en partenariat avec l’ANR, a réuni du 3 au 6 juin 2025 plus de 2 000 scientifiques internationaux. Ce congrès scientifique a été ouvert par Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. À cette occasion, il a pu échanger avec les jeunes scientifiques internationaux du programme Ecop-Insider. Le congrès vise à livrer aux chefs d’États et de gouvernement un état des lieux de la santé des océans et des recommandations pour agir. Dix grands thèmes y ont été abordé, allant de la protection et la restauration des écosystèmes marins et côtiers aux ressources génétiques, en passant par les impacts de la pêche, des transports maritimes ou encore de la pollution plastique.
Un écosystème vital en danger
L’océan, couvrant 70 % de la planète, joue un rôle majeur dans la régulation climatique, l’absorption du carbone et est l’abri de biodiversités et écosystèmes uniques. Pourtant, il est menacé par la surexploitation, la pollution et le dérèglement climatique. De plus, la France, 2e espace maritime mondial, mobilise ses forces scientifiques pour étudier, préserver et sensibiliser.
La recherche en action : embarquée, engagée, innovante
La recherche océanographique, progresse grâce à des technologies embarquées ou autonomes. La Flotte Océanographique Française, opérée par l’Ifremer, est l’une des plus importantes au monde, avec une diversité de navires et sous-marins mobilisant chaque année 1800 scientifiques. Le MNHN, lui aussi impliqué, a inauguré en 2024 La Korrigane, un navire écoresponsable dédié à une recherche non-invasive. Enfin, la Fondation Tara Océan œuvre pour une science ouverte et engagée, sensibilisant le public et les décideurs aux enjeux climatiques et à la préservation de la biodiversité.
La contribution essentielle des sciences humaines
Si l’océan mobilise d’abord les regards scientifiques sur les écosystèmes, le climat ou les ressources naturelles, les SHS y jouent un rôle tout aussi fondamental. Comme le souligne la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH), l’océan est à la fois « artère économique mondiale et tissu connecteur des civilisations ». Le protéger, c’est aussi, « garantir la survie culturelle, économique et sociale de populations entières qui ont tissé leurs destins avec les immensités marines ».
La FMSH incarne cette approche à travers un programme transversal qui articule les SHS avec les sciences du vivant, de la Terre et de l’environnement.
Trois axes structurent son action scientifique relative à l'océan :
- financer une recherche interdisciplinaire (SHS / sciences du vivant, de la terre et de l’environnement)
- tisser un réseau de connaissances et d’acteurs (chercheurs, acteurs économiques, décideurs publics, société civile)
- diffuser et valoriser les connaissances
Dans l’héritage de Fernand Braudel, la FMSH, dont il fut le fondateur et 1er administrateur, se propose d’observer l'océan « dans sa globalité, de ses profondeurs historiques à ses rivages contemporains ».
Accréditée comme partie prenante officielle à l’UNOC, la FMSH participera activement aux discussions internationales sur la gouvernance des océans, y apportant sa perspective aux politiques internationales liées à la protection de l’océan.
Que retenir de cette 3e conférence ?
L'UNOC3 a marqué un tournant mobilisateur avec la participation de 175 États, 64 chefs d'État et de gouvernement, 28 responsables d'organisations onusiennes, intergouvernementales et internationales, 115 ministres, 12 000 délégués et près de 130 000 visiteurs. Considérée comme historique, cette conférence marque un tournant majeur. On vous explique les décisions phares.
L'UNOC3 a engagé plusieurs avancées :
- la ratification du traité BBNJ pour protéger la haute mer (permettant son entrée en vigueur dès 2026)
- la création en Polynésie de la plus vaste aire marine protégée au monde (4,8 M km², dont 0,9 M km² en protection stricte)
- d'ici fin 2026 protéger 78% des eaux françaises, dont 14,8 % en protection forte (contre 4,8 % aujourd’hui)
- d’ici fin 2026, 4 % des eaux hexagonales passeront sous protection forte (contre 0,1 % actuellement)
- d'ici 2028, chaque aire marine protégée devra inclure au moins une zone de protection forte
À long terme, la France souhaite placer 10 % de ses eaux territoriales sous protection forte d'ici 2030 et encourage les autres pays à faire de même, pour atteindre plus de 30 % de mers protégées à l'échelle mondiale. La conférence a aussi réaffirmé son engagement contre la pêche illégale et la pollution plastique (notamment via l’« appel de Nice » pour un traité ambitieux visant l'élimination de la pollution plastique d"ici 2040).