Publié le 22.08.2023

Lutte contre le racisme et l'antisémitisme

La lutte contre le racisme et l'antisémitisme est une des priorités ministérielles. Le Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations 2023-2026 propose de nouvelles mesures pour lutter contre toutes les formes de haine et de discriminations racistes et antisémites.

Nous ne pouvons accepter cette violence et en tolérer la banalisation. Le racisme, l’antisémitisme et les discriminations sont des entailles profondes à notre cohésion nationale. Ils mettent à mal les valeurs d’universalisme, d’humanisme, et de tolérance, qui trônent au firmament de notre République. 

Isabelle Rome, ministre déléguée auprès de la Première ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances

Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations 2023-2026

Le nouveau Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine (2023-2026) a été présenté par la Première ministre, Élisabeth Borne, le 30 janvier 2023 et élaboré par la Dilcrah.

Il propose des mesures pour lutter contre toutes les formes de haine et de discriminations racistes et antisémites, autour de cinq axes :

  • affirmer la réalité du racisme et notre modèle universaliste ;
  • mesurer les phénomènes de racisme, d’antisémitisme et les discriminations ;
  • mieux éduquer et mieux former ;
  • sanctionner les auteurs, au pénal, au civil et en disciplinaire ;
  • accompagner les victimes.

Sous l’autorité de la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) est chargée de s’assurer de la mise en œuvre et du suivi des actions du Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine.

Comment agir dans l'enseignement supérieur ?

Ressources utiles pour les acteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche

Caroline Trotot : Nous sommes à l'université Gustave Eiffel, sur le site de Champs-sur-Marne, où a été créé l'Observatoire national des discriminations de l'égalité dans l'enseignement supérieur. Une discrimination c'est une inégalité de traitement qui concerne un des 25 critères définis par la loi en France. Cette inégalité constitue un refus d'accès à un droit.

Yannick L'Horty : Je suis chercheur en économie mais je m'intéresse à la question des discriminations, comme d'ailleurs beaucoup de collègues économistes parce que la discrimination c'est pour nous une anomalie de marché. C'est assez étrange dans le fond de de choisir de ne pas apprendre telle ou telle personne, par exemple dans un processus de recrutement, en raison de son sexe, de son origine ou d'une autre caractéristique. C'est a priori une anomalie. ONDES c'est l'Observatoire national des discriminations et de l'égalité dans supérieur. L'objectif c'est de fédérer des chercheurs pour mieux appuyer les actions les établissements. C'est la recherche au service de l'action et l'action appuyée par la recherche. C'est un observatoire qui est jeune, qui est on peut dire même émergent, on a une année d'existence. Dans le domaine des discriminations il y a d'abord un problème d'objectivation. On a a priori beaucoup de difficultés pour mettre en évidence le fait qu'une personne a été préférée à une autre dans un processus sélectif tel que par exemple un processus d'accès à l'emploi.

Caroline Trotot : On a encore un déni très fort de l'existence même des discriminations, notamment des discriminations en fonction de l'origine, également de la religion, mais aussi des discriminations de genre.

Yannick L'Horty : En matière d'accès à l'emploi ou d'accès à un logement, les les victimes, les discriminés potentiels, observent leur propre situation, leur propre interaction mais n'observe absolument pas les autres situations les autres interactions et donc ne sont pas en mesure d'établir toutes choses égales par ailleurs une différence de traitement, sur la base d'un critère prohibé.

Caroline Trotot : Prendre appui sur la recherche c'est une manière de prendre appui sur des éléments objectivables, partageables, qui permettent d'avancer.

Yannick L'Horty : Pour objectif de ce type de phénomène, il y a beaucoup de chercheurs, dans la littérature internationale, qui utilisent une méthode simple qui est la méthode du testing, où on fabrique de toutes pièces des candidats fictifs, qui sont semblables en tout point, sauf sur la base d'une caractéristique qui les distingue. C'est une caractéristique personnelle. On envoie ces candidats fictifs en réponse à de vraies offres d'emploi, par exemple si on teste sur le marché du travail, et on répète l'opération un grand nombre de fois, de façon à établir l'existence d'une différence de traitement entre entre les candidats. Quand on réalise des recherches, à la fois ça fait avancer la recherche et en même temps les recherches peuvent être utiles à des fins de sensibilisation et donc peuvent mieux armer les acteurs dans la lutte contre les discriminations.

Caroline Trotot : Si on veut aller vers plus d'égalité, il faut accepter de reconnaître les différentes inégalités, la manière dont elles constituent des freins à l'accès dans l'enseignement supérieur notamment.

Ressources utiles pour les étudiants

Consulter les ressources utiles pour les étudiants victimes ou témoins de discrimination.

Semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme

La semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme valorise les actions proposées par les acteurs de l'éducation pour la prévention du racisme et de l'antisémitisme. Elle a lieu du 20 au 26 mars 2023.

Quelles sont les politiques du MESR dans le cadre de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations ?

Anne-Sophie Barthez : Alors c'est une politique qui est ancienne, qui a même démarré en 2015. On a créé un réseau de référents de lutte contre le racisme et l'antisémitisme dans les établissements et c'est un réseau qu'on anime chaque année.

Marie-Anne Martard-Bonucci : Les question de racisme et d'antisémitisme se posent à l'université, ni plus ni moins comme dans le reste de la société. C'est-à-dire qu'il y a parfois des propos qui sont échangés, qui sont l'expression de stéréotypes. Comme nous avons affaire à un public d'étudiants qui est très fortement connecté aux réseaux sociaux, et bien ils sont influencés par tout ce que charrient les réseaux sociaux en termes de violence, de stéréotypes. Notre travail d'enseignant est aussi d'aider les étudiants à déconstruire ce savoir passif, qu'ils ont pu engranger.

Anne-Sophie Barthez : Depuis 2019, nous avons mis en place un dispositif de signalement des violences sexuelles et sexistes et des discriminations au sein de tous les établissements. C'est donc un relais majeur pour ceux et celles qui sont victimes, et un relais majeur donc pour ces cellules d'écoute qui se mettent en place sur le terrain. Troisième vague d'action si j'ose dire du ministère, nous avons créé une fiche réflexe pour aider ceux et celles sur le terrain qui se trouve confrontés à des cas de racisme et d'antisémitisme. Cette fiche réflexe elle dit quoi faire lorsqu'on se trouve confrontés, qui contacter et lorsqu'on est contacté, là encore, quelle suite à donner. Enfin, il y a un kit de prévention des discriminations dans l'enseignement supérieur, là encore pour donner des solutions très concrètes à ceux et celles qui s'y trouvent confrontés et qui doivent ensuite le traiter.

Comment accompagner les établissements sur ces sujets ?

Anne-Sophie Barthez : Notre objectif dans cet accompagnement, ce qui nous guide vraiment, c'est de permettre à toute la chaîne de décision de connaître le droit de savoir que faire lorsqu'on est confronté à cet événement, qui est à la fois complexe juridiquement et à la fois évidemment sensible à titre personnel.

Marie-Anne Martard-Bonucci : J'ai créé à Paris 8 un diplôme universitaire de formation à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme qui va diplômer cette année sa deuxième promotion qui est qui existe grâce à l'aide de la Dilcrah. On dispense donc à nos stagiaires une formation en droit en histoire, en sociologie, pour qu'ils soient armés précisément sur ces sujets, donc dans leur environnement professionnel.

Quelle est l'action des enseignants chercheurs dans la lutte contre les discriminations ?

Anne-Sophie Barthez : On a des enseignants chercheurs qui ont créé à l'université Gustave Eiffel en 2022, un observatoire national sur les discriminations dans l'enseignement supérieur, ONDES. 

Quelles nouvelles actions sont prévues pour l'enseignement supérieur et la recherche ?

Anne-Sophie Barthez : D'abord on va demander à l'Observatoire de la vie étudiante d'intégrer dans son questionnaire des sujets de lutte contre le racisme et l'antisémitisme pour que, là aussi, on mesure exactement ce qu'il se passe sur le terrain. Deuxième illustration, on va continuer à encourager, comme on l'a fait pour ONDES, les travaux de recherche sur ces sujets-là, la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations en tout genre et on va se servir des premiers résultats de cet observatoire, ONDES, pour finalement rebondir, chercher ailleurs, mieux et de manière plus pertinente.