Laurette Piani est chercheuse au Centre de recherches pétrographiques et géochimiques, spécialisée dans l’étude des éléments volatils des météorites. Ses travaux de recherche portent sur l’origine et l’évolution des éléments volatils dans le système solaire jeune.
Elle mène une partie de sa carrière scientifique à l’Université d’Hokkaido au Japon. En 2021, elle obtient la médaille de bronze du CNRS pour ses travaux sur l’origine de l’eau et des volatils dans le système solaire.
Laurette Piani est impliquée dans l’association les p’tits Cueilleurs d’étoiles qui fait découvrir le monde de l’espace et des étoiles aux enfants hospitalisés.
Interview
Comment avez-vous fait le choix de vous orienter vers une voie scientifique ?
J’ai toujours aimé les sciences, les mathématiques et été à l’aise dans ces matières. J’ai fait un bac scientifique et, comme je n’avais pas encore décidé ce que je voulais faire, une prépa scientifique. J’ai eu la chance de rentrer à l’ENSG ; la géologie m’attirait sans trop connaître, ça m’a finalement beaucoup plu.
J’ai découvert la cosmochimie, qui est une branche de la géologie, lors de mes études à l’ENSG et cette thématique m'a tout de suite passionnée. C’est ce qui m’a donné l’envie de réaliser des stages de recherches, puis un doctorat dans le domaine.
Comment peut-on encourager les jeunes filles à s’intéresser aux sciences ?
Je pense déjà qu’il faut œuvrer à faire changer l’image du chercheur, en faisant mieux connaître nos métiers et leurs diversités de carrières et de profils. J’ai l’impression qu’il y a de nos jours beaucoup d'étudiantes qui s’intéressent aux sciences, mais que certaines font le choix de ne pas faire de carrières scientifiques du fait de la compétitivité du milieu et de la difficulté d’avoir un poste en recherche stable (de nombreuses années sont généralement nécessaires avant d’avoir un poste fixe, cela est difficilement conciliable avec une vie en couple si le conjoint ne suit pas ou le fait d’avoir des enfants). J’ai eu la chance d’être beaucoup soutenue par mon conjoint et encouragée par ma famille et mes collègues. Il faut s’entourer de personnes qui nous donnent confiance en nous et nous font avancer.
Comment vivez-vous le fait d’être une femme menant une carrière scientifique ?
Je n’ai pas rencontré d’obstacles majeurs du fait d’être une femme. C’est parfois tout de même une originalité dans un milieu plutôt masculin. Je pense ne pas avoir été autant écoutée qu’un homme dans les échanges avec certains collègues ou la mise en place de certains projets, mais ça ne m’empêche pas de faire mon travail et d’avancer.
Comment sont représentées les femmes dans la structure dans laquelle vous travaillez ?
J’ai l’impression qu’aujourd’hui les femmes sont plutôt bien représentées dans le laboratoire dans lequel je travaille. Cela n’a pas toujours été le cas et les chercheurs les plus anciens sont majoritairement des hommes. Néanmoins, aujourd’hui, le laboratoire est dirigé par une chercheuse et, ces dernières années, les femmes ont été légèrement majoritaires chez les jeunes recrutés et recrutées. Il y a une bonne ambiance et une bonne entente globale entre toutes et tous.
Quelles valeurs porte le prix Irène Joliot-Curie ?
Ce prix est important puisqu’il valorise la carrière de femmes scientifiques et permet de mettre en avant le fait que les femmes, au même titre que les hommes, ont tout à fait leur place dans le milieu de la recherche. Je suis moi-même contente de rencontrer des femmes aux carrières scientifiques impressionnantes travaillant dans d’autres domaines de recherche par le biais des prix Irène Joliot-Curie.
Que ressentez-vous en tant que lauréate ?
Je suis fière d’être lauréate et espère pouvoir inspirer des jeunes femmes à faire une carrière scientifique ou, tout simplement, continuer dans le domaine qu’elles ont choisi.
Avez-vous un vœu pour le futur ?
J'aimerais qu’il y ait plus de diversité sociale et culturelle dans les milieux scientifiques. Avec certains collègues, nous réfléchissons à des actions de communication et de vulgarisation qui permettraient aux élèves de milieux variés d'établir un contact avec les scientifiques, comme des échanges réguliers avec des élèves et professeurs de collège ou lycée.