Cétacés, Amandine Delaunay (La Martinière Jeunesse)
Amandine Delaunay est lauréate de la 16e édition du prix le Goût des sciences dans la catégorie du livre scientifique jeunesse pour son ouvrage Cétacés paru chez La Martinière Jeunesse.
A travers son travail d'illustration foisonnante et détaillée, Amandine Delaunay tend à rendre plus familiers les dauphins, baleines et cachalots que l'on croit connaître. Et pourtant, Cétacés révèle notre méconnaissance et notre confusion face à leurs dents, fanons, sillons, nageoires ou ailerons distinctifs... L'autrice passe également en revue leurs modes de vie afin de susciter l'émerveillement du (jeune) public.
Interview
Pourquoi avoir choisi le sujet des cétacés ? Comment avez-vous travaillé pour écrire et produire cet ouvrage ?
Amandine Delaunay : La passion pour les baleines vient de mon métier d'illustratrice jeunesse. La baleine fait partie des animaux les plus demandés (avec les loups, les ours, les chouettes, les dragons…). Comme mon dessin est assez réaliste, je me documente beaucoup avant de dessiner un animal. Comprendre comment il bouge, où il vit… Les photos de baleines sous souvent floues ou incomplètes, une chose en entraînant une autre, je me suis retrouvée à regarder des heures de reportages Youtube ou du National Geographic. J'ai été complètement absorbée, fascinée… et l'obsession s'est accrue au fil des commandes. Un jour mon éditrice, Garance Giraud, m'a proposé de travailler un documentaire complet sur les baleines et les dauphins, quelle joie ! On a imaginé un grand format, comme un album, avec de belles illustrations immersives et plein de mini dessins pour ponctuer le texte. J'ai développé une nouvelle technique à l'encre bleue, permettant de rendre la profondeur des fonds marins. Il fallait que les dessins soient à la fois précis scientifiquement, et qu'ils aient aussi une part de flou, de mystère… et de magie !
L'ouvrage Cétacés a été relu par Jean-Luc Jung (professeur au Muséum national d'Histoire naturelle et chef de la station marine de Dinard) et Thomas Barreau (chercheur au MNHN), qui ont patiemment corrigé mes textes et la forme de chaque nageoire.
En janvier 2025, j'ai été invitée par Jean-Luc Jung pour retranscrire en texte et en image l'inauguration de la Korrigane, le nouveau bateau de recherche du MNHN avec sa marraine Isabelle Autissier. C'est à cette occasion que nous avons discuté d'un nouveau livre : un roman graphique autour des recherches menées sur la Korrigane à la station marine de Dinard, pour illustrer la richesse de la biodiversité locale et transmettre au grand public les avancées passionnantes de la recherche en ADN environnemental. À Dinard, les scientifiques sont capables de déterminer toutes les espèces présentes dans un milieu à partir de quelques litres d'eau de mer !
Où vous a menée l'écriture de cet ouvrage, Cétacés ?
A. D. : J'en avais assez de dessiner des animaux et des paysages depuis Google Images. Je voulais partir à l'aventure, voir des cétacés « en vrai », tout en respectant leur mode de vie et leur environnement. Je suis allée en Écosse, dans les îles Hébrides, pour faire de la science citoyenne : j'ai embarqué 10 jours à bord du Silurian, le bateau de recherche du Hebridean Whale & Dolphin Trust qui protège les baleines et les dauphins britanniques. À bord, avec d'autres bénévoles, j'ai participé au recensement des espèces d'oiseaux, de phoques et de cétacés. J'ai appris à scruter les vagues patiemment, reconnaître les ailerons, et identifier les comportements. Le soir, les scientifiques nous expliquaient comment les dauphins formaient des groupes soudés avec des liens complexes. Les informations collectées à bord (depuis plusieurs années par des dizaines de bénévoles) et analysées par les scientifiques ont servi à connaître la santé de la faune marine, comprendre les déplacements des cétacés pour adapter le trajet des bateaux bruyants (comme les ferrys) et créer des zones marines protégées là où les animaux en avaient le plus besoin.
Que souhaitez-vous partager à travers ce livre ?
Ensuite, ce qui me tenait à cœur et que j'ai découvert au fil de mes recherches, ce sont les multiples façons qu'ont les cétacés de vivre ensemble. Ce sont des mammifères sociaux (comme les éléphants, les grands singes et les humains) qui ont besoin du groupe pour grandir, se nourrir, jouer, s'épanouir et élever les petits. Chez certains cétacés, on parle de culture. Chaque clan d'orque a ses techniques de chasse, son menu de prédilection, et ses moyens de communication (sauts, sons…). La culture n'est pas le propre de l'homme ! Cela peut aussi nous inspirer sur les multiples façons dont nous pourrions faire société. Chez les dauphins, il n'y a pas de chef : selon les situations, c'est le dauphin le plus expérimenté qui prend les décisions.
Le Goût des sciences
Le Goût des sciences est un prix littéraire qui récompense, depuis 2009, les meilleures publications de médiation scientifique. Il entend réaffirmer la place des sciences au cœur de la société en mettant en lumière le travail de recherche et en suscitant des vocations. Le Goût des sciences a pour ambition de rendre la science accessible au grand public en distinguant les travaux des chercheurs et des experts.
Cette année, pour sa 16e édition, le jury du Prix Le Goût des sciences a sélectionné 15 ouvrages dans la catégorie du prix du livre scientifique et 16 dans la catégorie jeunesse. Tous répondent à un objectif commun : rendre accessible les sciences en vulgarisant le savoir scientifique sans pour autant lui faire perdre de son exactitude autour de thèmes riches et variés.