Les travaux du comité Sup'Emploi pour l'année 2013 porteront sur trois sujets prioritaires : les enjeux du numérique, le développement de l'alternance dans l'enseignement supérieur et la place de l'enseignement supérieur au coeur de la formation tout au long de la vie.
Le dialogue renouvelé entre le monde de l'enseignement supérieur et le monde socio-économique au sein du comité Sup'Emploi est conçu comme une aide à la décision politique. Le comité rendra des avis et propositions à l'attention de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sur les thèmes relevant de son champ de compétence, qui sont définis soit par lettre de mission, soit par la commission elle-même dans le cadre d'autosaisines.
Afin de lancer les travaux de la commission, une première lettre de mission identifie pour l'année 2013, trois sujets prioritaires, en réponse à certains des enjeux du débat public et en lien avec l'actualité législative :
Le numérique est une filière créatrice d'emplois avec des perspectives de 35 000 créations d'emplois en France d'ici 2018, soit 7 000 par an liés à la transformation numérique dans l'industrie et les services : usine du futur connectée, big data, cybersécurité, métiers de l'édition logicielle, des jeux vidéo, de l'e-commerce, du web, de l'e-éducation... C'est aussi une filière qui manque de compétences.
Par ailleurs, la filière numérique est une filière où les mutations technologiques sont rapides. Cela demande à la fois un travail d'anticipation et d'adaptation permanent de la part de l'offre de formation de l'enseignement supérieur et un accompagnement des salariés pour la formation tout au long de la vie. C'est un enjeu majeur pour le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui s'inscrit dans le cadre de la bataille pour l'emploi pour laquelle tout le Gouvernement est mobilisé.
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a donc souhaité que le comité Sup'Emploi fasse un état des lieux de la situation de l'emploi, de l'évolution des métiers et des besoins en formation de ce secteur. Il est en effet indispensable d'intégrer dans les formations supérieures les évolutions profondes qu'engendre le développement de la filière informatique et numérique.
Source : Contrat d'Etude Prospective numérique de la branche Syntec numérique
L'alternance est au cœur des enjeux du renforcement des liens entre formation et emploi, nécessaire pour améliorer l'insertion professionnelle des jeunes et la compétitivité des entreprises en répondant à leurs besoins de qualifications.
Développer l'alternance, c'est un des leviers de la priorité donnée à la jeunesse par le Président de la République et le Gouvernement : assurer la réussite de tous les jeunes, favoriser leur insertion, contribuer au redressement productif. Le rapport Gallois et décision 23 du Pacte pour la compétitivité ont fixé l'objectif de 500 000 apprentis en 2017. Cet objectif de développement de l'apprentissage équilibré à tous les niveaux de formations guide la réforme en cours.
Si l'alternance est une modalité de formation développée à l'origine pour les niveaux de formation IV et V, elle a fait ses preuves sur les segments les plus élevés de l'appareil de formation : S.T.S., D.U.T., licence pro, masters, écoles d'ingénieurs et de management, doctorat. Le développement de l'apprentissage dans le supérieur participe d'ailleurs à la revalorisation de son image auprès des jeunes. Il correspond également à un enjeu de compétitivité et à des besoins de qualifications de haut niveau identifiés par certaines branches professionnelles.
L'alternance est une modalité pédagogique reposant sur l'application en entreprise des savoirs acquis et sur l'acquisition de compétences en milieu professionnel. Elle convient, par sa pédagogie particulière, à des jeunes peu adaptés à un enseignement purement théorique et conceptuel et contribue par là-même à l'objectif de réussite pour tous. Elle renforce également les échanges indispensables entre le monde de l'entreprise et l'université, et facilite l'insertion professionnelle des diplômés. Elle permet enfin à des jeunes souvent issus de milieux modestes de poursuivre des études, notamment en leur assurant un revenu.
Le développement de l'alternance dans l'enseignement supérieur a fait l'objet d'engagements répétés du Président de la République et du Gouvernement. L'objectif est de parvenir au doublement du nombre d'alternants dans l'enseignement supérieur d'ici 2020 : 300 000 étudiants en alternance, soit 1 étudiant sur 6.
Pour y parvenir, la loi du 22 juillet 2013 reconnaît pour la première fois l'alternance comme une voie de formation à part entière dans l'enseignement supérieur. Mais il est désormais nécessaire de déterminer les conditions de ce développement, en analysant notamment ses forces et ses faiblesses, tant au niveau des entreprises (notamment des P.M.E.) que des établissements d'enseignement supérieur et de mieux évaluer la demande. L'alternance doit devenir une pratique intégrée dans les études et les formations supérieures en France.
Dans le cadre de ses travaux sur ce sujet, le comité Sup'Emploi sera notamment amené à s'interroger sur les enjeux suivants :
le contrat d'apprentissage, destiné aux jeunes, disposition de formation initiale financée en grande partie par la taxe d'apprentissage. On compte 113 400 étudiants apprentis en 2011
le contrat de professionnalisation, destiné aux jeunes et aux adultes, classé en formation continue et financé par la contribution obligatoire des entreprises à la formation professionnelle continue. On compte 50 000 étudiants dans les niveaux I à III en contrat de professionnalisation.
Longtemps centré sur la seule mission de formation initiale, le rôle des établissements supérieurs en matière de formations continue professionnelle est amené à évoluer.
La formation tout au long de la vie a été reconnue pour la première fois comme une mission de l'enseignement supérieur et de la recherche dans la loi du 22 juillet 2013. L'enjeu désormais est de mettre en place l'organisation, les formations, les politiques d'établissements correspondantes.
La réforme, en cours de négociation, de la formation professionnelle et de l'apprentissage pose la question des enjeux pour l'ensemble des acteurs, en particulier ceux de l'enseignement supérieur. La mise en œuvre du compte personnel de formation, souhaité par les partenaires sociaux dans leur accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 et instauré par la loi sur la sécurisation de l'emploi, doit permettre à toute personne ayant quitté le système éducatif sans diplôme d'accéder à un premier niveau de qualification ou de franchir un niveau de qualification au cours de sa vie professionnelle. Ce compte est donc un outil au service de la sécurisation des parcours professionnels et du développement de la compétitivité des entreprises. Il va générer une demande de formation à laquelle les établissements supérieurs doivent être en capacité de répondre.
La formation tout au long de la vie doit permettre d'ouvrir l'enseignement supérieur à des nouveaux publics, mais aussi aux besoins socio-économiques des territoires. Elle donne toute sa portée à la responsabilité sociale de l'enseignement supérieur en le faisant participer pleinement au développement social, économique et culturel du territoire et de la Région. La formation tout au long de la vie offre de nouvelles perspectives pour les établissements d'enseignement supérieur. Cette évolution est l'occasion de repenser l'organisation de la formation dans l'enseignement supérieur : comme un ensemble de dispositifs coordonnés, accompagnant les personnes tout au long de leur parcours de vie.
En matière de formation continue, les universités et les établissements d'enseignement supérieur sont des opérateurs publics de formation de grande qualité, légitimes pour former tous les publics. Franchir un niveau de qualification, "rattraper" un niveau de formation initiale insuffisant par rapport aux besoins de l'emploi – y compris par le biais du D.A.E.U., Diplôme d'Accès aux Etudes Universitaires, qui, en l'absence de baccalauréat, permet d'entreprendre des études supérieures -, ou faire valider par un diplôme une expérience professionnelle par le biais de la V.A.E. : les modalités de mise en œuvre d'une stratégie de formation tout au long de la vie sont variées. Et l'enseignement supérieur a des atouts à faire valoir : il prépare à des diplômes nationaux et ses formations sont adossées à la recherche.
Aujourd'hui, l'activité de formation continue des établissements d'enseignement supérieur correspond à moins de 5% du marché, alors que les mêmes établissements assurent près de 90% des formations initiales. Le dialogue renforcé entre les milieux socio-professionnels et l'enseignement supérieur permettra de définir de nouvelles stratégies dans ce secteur stratégique pour l'emploi, pour la compétitivité de notre économie.
Dans le cadre de ses travaux sur ce sujet, le comité Sup'Emploi sera notamment amené à s'interroger sur les enjeux suivants :